Les bonnes affaires immobilières de nos ministres à Paris
20:30 vendredi 10 avril 2015 | Par Neila Latrous, @Neila | Actualité
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Le livre promet d’être un pavé dans la mare. TSA se l’est procuré en exclusivité. « Paris Alger, une histoire passionnelle » sort en France le 15 avril prochain. L’essai de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, deux journalistes de TF1 et le JDD, explore les relations dangereuses entre la France et l’Algérie. Et se penche notamment sur les bonnes affaires immobilières de certains hauts responsables algériens. Le chapitre 3, « Alger-sur-Seine », s’intéresse notamment aux acquisitions immobilières de ministres ou anciens ministres.
« Le lundi 26 juin 2006, Abdessalem Bouchouareb a rendez-vous boulevard Saint-Germain à Paris dans une étude notariale de renom, racontent les auteurs. Il vient de conclure l’achat d’un bien. » Avant de raconter que les deux lots acquis par le ministre de l’Industrie, 156 mètres carrés évalués à plus de trois millions d’euros aujourd’hui, ont été réglés par un versement comptant de 580.000 euros, et un prêt relais d’un an de 600.000 euros.
Interrogé par les auteurs, Abdesselem Bouchouareb dit ne rien avoir à cacher, mais sans dévoiler les fonds. Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet notent que la biographie officielle du ministre ne note aucune activité privée de nature à justifier le gain de telles sommes.
Le livre évoque aussi les cas de Cherif Rahmani. Ancien voisin parisien de Bouchouareb, il serait propriétaire d’un appartement dans le très chic 16e arrondissement de Paris. Là encore, la provenance des fonds reste inexpliquée. Le premier ministre Abdelmalek Sellal est cité mais à travers un membre de sa famille.
Le livre cite d’autres noms que nous vous livrerons prochainement. L’enquête de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet contient des révélations sur l’affaire Khalifa, sur l’assassinat d’Hervé Gourdel, ainsi que sur les « arrangements » des gouvernements français avec l’Algérie.
TSA publiera régulièrement ces prochains jours des extraits du livre.
Les ministres algériens gèrent bien... leurs affaires personnelles.
Les bonnes affaires immobilières de nos ministres à Paris
20:30 vendredi 10 avril 2015 | Par Neila Latrous, @Neila | Actualité
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Le livre promet d’être un pavé dans la mare. TSA se l’est procuré en exclusivité. « Paris Alger, une histoire passionnelle » sort en France le 15 avril prochain. L’essai de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, deux journalistes de TF1 et le JDD, explore les relations dangereuses entre la France et l’Algérie. Et se penche notamment sur les bonnes affaires immobilières de certains hauts responsables algériens. Le chapitre 3, « Alger-sur-Seine », s’intéresse notamment aux acquisitions immobilières de ministres ou anciens ministres.
« Le lundi 26 juin 2006, Abdessalem Bouchouareb a rendez-vous boulevard Saint-Germain à Paris dans une étude notariale de renom, racontent les auteurs. Il vient de conclure l’achat d’un bien. » Avant de raconter que les deux lots acquis par le ministre de l’Industrie, 156 mètres carrés évalués à plus de trois millions d’euros aujourd’hui, ont été réglés par un versement comptant de 580.000 euros, et un prêt relais d’un an de 600.000 euros.
Interrogé par les auteurs, Abdesselem Bouchouareb dit ne rien avoir à cacher, mais sans dévoiler les fonds. Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet notent que la biographie officielle du ministre ne note aucune activité privée de nature à justifier le gain de telles sommes.
Le livre évoque aussi les cas de Cherif Rahmani. Ancien voisin parisien de Bouchouareb, il serait propriétaire d’un appartement dans le très chic 16e arrondissement de Paris. Là encore, la provenance des fonds reste inexpliquée. Le premier ministre Abdelmalek Sellal est cité mais à travers un membre de sa famille.
Le livre cite d’autres noms que nous vous livrerons prochainement. L’enquête de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet contient des révélations sur l’affaire Khalifa, sur l’assassinat d’Hervé Gourdel, ainsi que sur les « arrangements » des gouvernements français avec l’Algérie.
TSA publiera régulièrement ces prochains jours des extraits du livre.
Revenons au récit que nous fait Fellahi Youcef,sur les circonstances de la mort de Amar Ait Cheikh :
« Le jour de sa mort, Amar Ait Cheikh était poursuivi de nuit par les forces françaises à partir du village de Sidi Ali Ouyahia, d’où elles avaient entrepris un ratissage sur toute la région des Ittourrar en allant vers les Imessouhals. A son arrivée au village, à l'aube, Amar Ait cheikh est venu voir mon père de qui il sollicita un moussebel, pour se faire guider dans la région. Mon père lui répondit que tous les moussebels étaient sortis à cette heure-ci. Il lui demanda alors de lui indiquer la forêt la plus proche du village. A cet effet, mon père s’en alla réveiller Idir Ait larbi. Amar Ait Cheikh lui fit part de son inquiétude en ces termes, quant au choix de l’accompagnateur proposé : Image may be NSFW. Clik here to view.
" Cette personne est jeune, nous avions été poursuivis par les soldats français. Ils ne sont donc pas loin et ils risquent de le capturer vivant".
Quittant son interlocuteur, mon père décida alors d'aller réveiller El Hadj Omar pour lui demander d'accompagner Amar Ait Cheikh à la forêt dite Ahriq Ttejmaath, littéralement la forêt de la djemaa, située à proximité du village. El Hadj Omar acquiesça sans commentaire. En fait, Amar Ait Cheikh était accompagné d'un autre maquisard Chargé de liaison. Les deux hommes devaient rejoindre le village Tanalt où ils avaient rendez-vous pour une réunion importante. Il était 10 heures du matin quand Amar Ait Cheikh ordonna à l’agent de liaison de rejoindre Tanalt. Il devait le rejoindre dès que les soldats français auront quitté les lieux. l’agent missionné avait pris le chemin de Tanalt, quant à Amar Ait Cheikh et son accompagnateur Zi Omar, ils se dirigèrent vers la forêt Ahriq TTjemaath. Zi Omar est revenu au village après sa mission accomplie. ZI Omar était persuadé que les soldats français étaient déjà au village. En rentrant chez lui, il changea de vêtements.
Au premier passage des soldats, Amar Ait Cheikh n'avait pas été découvert, car bien camouflé dans sa cache. Croyant que les soldats avaient quitté la région, Amar Ait Cheikh se découvrit en quittant son refuge pour observer les environs dans le but d’entamer un changement de position. Il fut aperçu par les soldats qui étaient postés sur le flanc de colline qui lui faisaient face. ils se mirent à deverser sur lui un déluge de feu. Les habitants du village Ibelkissen qui observaient la scène à quelques centaines de mètres, avaient deviné qu’un maquisard serait repéré dans ce maquis dense, connu pour être le refuge de prédilection des Moudjahidines et que, vu l’intensité des tirs du fusil mitrailleur, la cible ne pouvait s’en échapper. En effet, Les balles qui l'auraient atteint sans le tuer sur le coup ne lui laissèrent aucune chance. Amar Ait Cheikh succombera à ses blessures quelque temps après. Nous étions le 11 Aout 1956, à 11 heures du matin. Image may be NSFW. Clik here to view.
Mon père qui avait entendu les rafales de fusil mitrailleur et les coups de feu de toutes sortes d'armes avait compris qu'il ne pouvait s’agir que de la découverte de la cache de Amar Ait Cheikh par les soldats français qui le pourchassaient depuis des heures.
La deuxième vague de soldats qui avaient déjà traversé le village, alla camper sous le village.
Après quoi, les soldats entrèrent dans les maisons du village, en commençant par la maison située à l'extrémité sud appartenant à Dehbia Ait El Mouhoub où ils se livrèrent à un massacre systématique de la population, à coup de pieds, de poings et de crosses. On entendait fuser des cris et des hurlements, des pleurs d'enfants et de femmes. Mon père réussit à s'exfiltrer de cette cohue. Il alla vers les soldats qui avaient auparavant procédé à la fouille des premières maisons, avant l'attaque et qui étaient postés au dessus du village. intrigué, un soldat vint à sa rencontre pour lui demander:
- que cherchez-vous, vieillard?
- je veux voir votre chef, répondit mon père en français
- tu veux absolument le voir? Questionna le soldat.
- oui, je dois le voir, lui répondit-il d’un ton sec trahissant sa colère et sa détermination.
Sur ce, le soldat quitta mon père pour aller conférer avec son capitaine. Il revint presque aussitôt, accompagné de son chef, le capitaine qui s’empressa à son tour de questionner mon père:
- Que veux-tu vieux?
Mon père lui répondit en ces termes :
- J'avais une haute idée de la France, moi qui ai fait mes classes dans l'armée française. Je pensais que les soldats français, pour en avoir fait partie, étaient propres. Monsieur, sachez que des militaires sont entrés par l'extrémité sud du village et se sont adonnés à un massacre systématique d’enfants et de femmes !
- êtes-vous sûrs qu'il s'agit de mes soldats? interrogea le capitaine. Sont-ils équipés de foulard jaune? ajouta l'officier militaire français.
- Non! répondit mon père au capitaine, ceux qui étaient entrés par le bas du village, portaient des foulards rouge à l'épaule.
Le capitaine ordonna à son subalterne d'aller faire sortir des maisons les soldats intrus; en leur signifiant que ce village relève de l’autorité de la 1ére compagnie de Agouni Adella et non de celle de la 3ème d’Ait Hichem. De plus, faites leur savoir que nous avons fouillé toutes les maisons, nous n’avons trouvé que des civils, et donc il n’y’a plus rien d’autres à faire ici.
Accompagné de mon père, Le soldat désigné par le capitaine pour mettre fin à ces exactions se dirigea vers l'endroit d'où continuaient de fuser encore les cris. En arrivant sur les lieux, il donna des coups de semonce sur les murs pour attirer l'attention des soldats pris dans leur folie répressive. Les soldats se mirent à sortir un par un, frustrés par les ordres leur intimant de cesser leur défoulement sauvage sur des êtres humains vulnérables et sans défense.
Le capitaine ordonna à tous les soldats de quitter le village:
-vous allez quitter ce village immédiatement. Les soldats de ma compagnie ont déjà passé au peigne fin toutes les mechtas. Nous sommes là ! Vous, n'avez donc rien à y faire!
Un soldat de la 3éme répondit :
- Nous ne sommes pas au courant, Capitaine.
- Qu'est ce que c'est que tous ces crépitements d'armes que nous avons entendu toute à l'heure dans la forêt, à proximité du village, vous tiriez sur quoi? Chercha à s’informer le capitaine de la 1eme compagnie
- Nous avions tiré sur un individu que nous cherchons depuis un bon moment, et que l’on n’arrive pas retrouver. Il nous a visé avec une rafale de mitraillette et a réussi à couper la ceinture de la mitraillette d'un de nos soldats, heureusement sans le blesser. Un véritable miracle que notre soldat en soit sorti indemne!
Mon père qui assistait à cette discussion entre soldats de la 1ère et 3éme compagnie des chasseurs alpins avait deviné que le fellagha en question ne pouvait être qu’Amar Ait Cheikh, sachant qu'il ne pouvait que se trouver à cet endroit et à cet instant précis de la fusillade intense qui venait de se produire....
Après un siècle et 32 ans de colonisation, les hommes politiques français se lancent à la conquête de l’Algérie par la corruption.Image may be NSFW. Clik here to view.Mais pour nouvelobs, il s'agit d'une diffamation. Par contre les frappes aériennes de l'aviation française contre les troupes de Kadaffi ne sont que chirurgicales, pour extirper le mal qui gangrène le peuple libyéen. Quant à la guerre civile qui s'en est suivie, elle est à mettre sur le compte des arabes qui ne sont pas cools. le syndrome de violence chez les nord africains si vous voulez mieux comprendre. En attendant Hollande cherche à surmonter la crise economique chez lui en rendant pauvre le peuple algérien. la récession de la France devra être payé par le peuple algérien en terme de retard dans le developpement . il est temps que l'Amérique s'en mêle, comme pour l'indépendance du temps de JF Kennedy! basta pingouin, tu fous la merde partout, cette fois je te déclare la guerre sur ton propre territoire.
sur que ce crédit va alimenter le tube digestif. sinon que pouvait envisager ce pouvoir matérialiste pour le cerveau des algeriens. le livre va-t-il faire partie des biens et services éligibles à ce fameux crédit?
lire, écrire, imprimer, des livres ne font-ils pas partie des besoins des algériens en cette année 2015.
et les appartements dans notre douce France? sont-ils également éligibles a ce credit de pipi de chat?
la France intervient militairement dans les pays arabes et africains. la France soutient les terroristes arabes. la France finance les mouvements subversifs dans le monde arabe. la France fomente des troubles en Afrique et dans les pays arabes comme l'Irak, la Syrie, le Yémen... tout cela pour vendre des armes et exploiter les richesses de ces pays.
la France n'est pas un pays des droits de l'homme. la France est exclusiviste sur son propre territoire.
Ni les harkis, ni les pieds noirs , ni les français naturalisés, ni les roms, ni les corses, ni les alsaciens, ni les bretons ne sont des français à part entière pour système détenant le pouvoir.
Il est temps que les peuples de France soient autonomes. il est temps que les langues des peuples de France soient réhabilitées. il est temps que les peuples de France soient libres
France 2 diffuse jeudi à 22 h 50 le documentaire, François Mitterrand et la guerre d'Algérie* cosigné par l'historien Benjamin Stora et François Malye, collaborateur du Point. Ce dernier répond à nos questions.
Le Point.fr : Face au problème algérien, François Mitterrand est-il un humaniste, un pragmatique ou un arriviste ? François Malye : Les trois. Quand l'insurrection algérienne éclate à partir du 1er novembre 1954, il est plutôt pragmatique. En tant que ministre de l'Intérieur, il tente d'écraser la rébellion et de rétablir l'ordre. Mais il se montre également un humaniste. La torture le heurte. En 1955, il a l'intention de réformer la police en Algérie afin de la rendre plus respectueuse des populations musulmanes. Son projet consiste à muter en métropole les éléments les plus durs de la police locale et à nommer en Algérie des policiers de la métropole, plus vertueux. Un projet qui n'aboutira pas, car le gouvernement Mendès-France, dont il est membre, tombe le 5 février 1955 après huit mois d'exercice du pouvoir.
Comment va-t-il en arriver à faire couper des têtes ? Le virage est pris lorsqu'il devient ministre de la Justice du gouvernement de Guy Mollet, le 2 janvier 1956. Le président du Conseil revient d'Alger où il a été conspué. Cette fois, il est bien décidé à écraser le FLN. La politique va se durcir. Garde des Sceaux, Mitterrand est alors le numéro trois du gouvernement. Au rythme où ceux-ci tombent, c'est bientôt son tour de diriger les affaires du pays, se dit-il. Mais pour rester dans la course, il ne faut pas faire partie des "mous". Il va alors se déclarer favorable, dans la grande majorité des cas, à l'exécution des condamnés à mort qui attendent dans les geôles d'Algérie, contrairement à ses compagnons Pierre Mendès France, Alain Savary ou Gaston Defferre. Le seul autre à approuver les exécutions est Maurice Bourgès-Maunoury, ministre des Armées, en compétition avec Mitterrand pour le poste de président du Conseil.
Au bout du compte, combien de demandes de grâce a-t-il refusées ? On compte 45 guillotinés tandis qu'il occupe les fonctions de garde des Sceaux. Il refusera trente-deux demandes de grâce, en acceptera huit. Cinq avis ne sont pas connus. Retenons que dans 80 % des cas connus, François Mitterrand a refusé la grâce. Contrairement à ce qu'on a pu croire, ces premiers condamnés à mort exécutés de la guerre d'Algérie ne sont pas des poseurs de bombe. Ils ont participé à l'insurrection, mais souvent sans commettre de meurtre. L'un des deux premiers auxquels on a coupé la tête, Abdelkader Ferradj, était un musulman qui avait tenté de mettre le feu à une meule de foin ! Ce n'est qu'après Mitterrand que les poseurs de bombe du FLN d'Alger seront capturés. Avant, les prisonniers sont juste de pauvres types qui n'ont pas fait grand-chose...
Sur le fond, il désapprouve la situation en Algérie. Mendès France et Alain Savary démissionnent, pas lui. Pourquoi ? Jean Daniel le dit très bien dans le documentaire. Très vite, la tutelle morale de Mendès France lui a paru insupportable. Ce Mendès à la conscience pure n'est plus un exemple pour Mitterrand. Mendès France démissionnera en 1956 quand il comprendra que Guy Mollet n'utilise les pouvoirs spéciaux que contre les musulmans et pas contre les Européens d'Algérie. Mitterrand en est soulagé. Mendès France ne reviendra plus jamais au premier plan de la politique. Au fond, Mitterrand s'est arrimé à lui le temps qu'il fallait... S'il approuve la politique de répression, c'est qu'il croit que la guerre peut être gagnée très vite. C'est loin d'être un visionnaire.
Pourquoi cette partie de sa biographie a-t-elle été si longtemps enfouie ? Franz-Olivier Giesbert, Jean Lacouture ou Catherine Nay ont évoqué ce passé dans leurs écrits. S'il a été occulté dans les années 1970, c'est que tout le monde au PS et au PC avait un intérêt à l'oublier. Les communistes, eux aussi, avaient voté les pouvoirs spéciaux. Mitterrand est le champion dont on espère qu'il fera revenir la gauche au pouvoir. En outre, il a passé un deal avec les pieds-noirs dans un discours célèbre prononcé à Avignon pendant la campagne de 1981. Ne l'oublions pas, c'est lui qui, une fois élu, réintégrera, en 1982, le général Salan dans tous ses droits. Cela déchirera la gauche, et c'est d'ailleurs à cette occasion que l'article 49-3 sera utilisé pour la première fois. Quant à la droite, elle ne juge pas si mal l'action de Mitterrand en Algérie. Donc, finalement, tout le monde s'est tu, et tout le monde est tombé d'accord pour oublier. L'Algérie, c'était sale. À l'époque, il n'y avait guère que la presse d'extrême droite pour remuer ce passé, mais sans le crédit de la presse traditionnelle.
Pourquoi ce souvenir remonte-t-il à la surface aujourd'hui ? Les confessions du général Paul Aussaresses en 2001 sur la torture en Algérie ont brusquement fait resurgir ce passé. Le premier article sur les guillotinés de Mitterrand est publié dans Le Point, en 2001 . Ensuite, avec Benjamin Stora, nous avons fait le constat, en 2008, que très peu de choses avaient été écrites sur les guillotinés de l'époque. Il fallait remonter aux sources, les archives. Elles sont très difficiles d'accès concernant cette période. Nous avons d'ailleurs trouvé très peu de choses sur le fonctionnement même du ministère de la Justice de 1956 à 1957.
Y aurait-il eu des destructions volontaires ? C'est difficile à dire... En tout cas, l'Algérie demeure un passé non digéré. Cette histoire demeure l'otage de différents lobbys. On n'a pas fini le travail d'apaisement. C'est pourquoi il faut la raconter en évitant de juger, mais en tentant de serrer la vérité au plus près.
*François Mitterrand et la guerre d'Algérie cosigné par Benjamin Stora et François Malye, avec Frédéric Brunnquell à la réalisation.
Il nous a été proposé de rassembler nos croquis de voyage dans un livre. Ecrits initialement pour notre blog, Histoire et société, il s’agissait de témoignages rédigés à la hâte, parfois sur une valise dans un aéroport. Ces croquis avaient un but : rétablir les faits sur ce qui c’était réellement passé en Ukraine en 2014. Mais nous ne pouvions pas ignorer l’existence d’un problème, mal résolu auparavant pour nous, comme pour bien d’autres : la chute de l’Union soviétique.
Il y eut vers les années 90 une sorte de tribunal intellectuel et moral qui jugea pour nous de ce que fut ou ne fut pas l’URSS. Comme nous avions tant aimé et beaucoup fréquenté ce pays devenu mythique, nous avons décidé, Marianne et moi, en 2014, de revendiquer un droit d’inventaire. J’emploie à dessein le terme « mythique », en effet, la chute de l’Union soviétique a coïncidé avec ce qu’Eric Hobsbawn disait de l’évolution du métier d’historien : « De plus en plus d’individus révisent ou réinventent l’histoire en fonction de leurs propres objectifs. Nous vivons une grande ère de mythologie historique (…) ce qui a été miné c’est la conviction que les recherches des historiens, reposant sur des preuves documentées reconnues par leur profession, doivent distinguer les faits et la fiction, ce qui est véritable et ce qui ne l’est pas, la réalité et nos désirs. »[1] J’ai raconté par ailleurs cette soirée à Rome où nous avons surpris, Hobsbawn et moi, le complot des dirigeants du PCI en train de poignarder leur parti pour se rallier à la social-démocratie. Accablés mais pas étonnés par ce cours des choses nous avons marché sur le forum le reste de la nuit en devisant sur la manière dont on s’éloignait désormais des explications profondes sur le pourquoi des choses.
Avoir subi une telle contrerévolution nous empêchait de penser notre place dans le monde. Ce qui condamnait plus ou moins le révolutionnaire à l’innocence impitoyable de qui ne peut plus agir qu’à contretemps. Et il n’est pas de meilleur âge que la vieillesse et de meilleur genre qu’être une vieille femme pour exercer cette radicalité. La vieille dame indigne de Brecht dans le bref temps où elle choisit de vivre. Le regard innocent de celui ou de celle que l’âge rend désintéressé, le regard de l’enfant, du sauvage et même de l’animal : un œil stupéfait devant la société insensée que l’on prétend donner pour modèle universel. Nous avons du temps, nous les invisibles, les femmes de l’âge qui ne sommes mêmes plus les personnes du sexe. Il nous en reste si peu pourtant : alors nous pouvons avoir la patience de suivre des lignes brisées, de remonter en deçà des faux départs de l’opinion ordinaire. Par exemple la manière dont on a présenté en France le président Eltsine faisant tirer sur la Douma, le Parlement russe. Comment cet acte a été salué par notre presse comme l’essence de la démocratie. Ou encore le silence fait sur la guerre en Moldavie en 1992, 600 morts passés à la trappe. En cette année 2014, il était prétendu également ignorer la cinquantaine et plus de morts brûlés à Odessa… Les 4000 morts du Donbass, dont une majorité de civils tués par leur propre gouvernement ukrainien, des femmes, des enfants, des vieillards exécutés avec l’assentiment de la France sous l’accusation de « séparatisme » ! Etre « séparatiste » justifie donc le génocide, depuis quand ?
Nous sommes parties toutes les deux sur les grands chemins de l’est de l’Europe nous faire une opinion. Il était temps de savoir à quoi tout cela rimait… Sur les grands chemins est l’expression qui convient, la plupart de nos interlocuteurs sont des rencontres de hasard, beaucoup dans les transports en commun. Ils n’ont été présélectionnés par aucun hôte désireux de nous faire partager leurs opinions.
Une chose essentielle doit être dite maintenant : la quasi-totalité de ceux dont nous rapportons les propos ne parlaient que le russe, et dans le deuxième voyage encore le russe, le moldave ou le gagaouze. Très important en ce qui concerne le regard innocent, le regard par celui de l’autre : ne jamais parler anglais. Cela vous évite souvent d’être confronté à la minorité qui se croit partie prenante de l’élite internationale et dont les propos ne dépareraient pas Courrier International, il faudrait dire Courrier Occidental. Cet hebdomadaire qui s’est fait une spécialité de publier les articles de journaux de tous pays à condition que leur rédaction soit à 90 % d’accord avec la CIA, l’OTAN et l’UE. Nous ne sommes pas beaucoup plus objectives que ce genre de presse, mais à leur différence nous donnons à voir notre point de vue. Il est celui de l’habitant du pays qui ne parle pas l’anglais mais le russe. Grâce à Marianne, et d’ailleurs à sa grande surprise, nos interviews avec sa traduction simultanée et ma pratique de sociologue ont eu un tel succès que ceux qui voulaient parler faisaient la queue comme à confesse. Mais vous vous rendez compte de ce qu’il faut faire pour soulever le voile opaque tendu entre nous Français et la majeure partie de la planète, apprendre la langue du pays et faire du tape-cul dans les vieux cars moldaves.
Je n’arrive même pas à m’imaginer ce que j’aurais pensé lorsque j’ai adhéré au PCF, en 1956, si l’on m’avait dit qu’à 76 ans, en 2014, je roulerais dans des cars aux amortisseurs aussi perclus que mes articulations, sur les routes défoncées de l’ex-Union Soviétique pour y retrouver les traces de l’Histoire et de ma mémoire asphyxiée…
C’est une bien étrange passion que celle de l’Histoire, je ne la détache pas d’autres approches comme la poésie, l’art. Cela revient toujours à une manière de souffrir pour des ombres inconnues, qu’il s’agisse de Priam baisant la main d’Achille qui a tué son fils Hector ou d’imaginer la peur d’un enfant sous les bombes à des milliers de kilomètres. Oui mais voilà, on a prétendu me voler cette empathie avec l’humanité en m’invitant à oublier le passé. Au point que je suis incapable de penser ce que m’auraient inspiré dans ma jeunesse les événements d’aujourd’hui. Il y a eu des railleries, il y en a encore envers ceux que l’on accuse d’être des nostalgiques de l’Union soviétique. Ce qui permet de ne rien analyser, de condamner la mémoire à un hypothétique jugement de l’Histoire dont j’ignore encore si les Bourreaux d’avant-hier ne sont pas les juges d’aujourd’hui. Pourtant demeure vivace au moins une raison de cet engagement : le rôle des communistes durant la seconde guerre mondiale, et la reconnaissance que j’en ressentais. L’enfant juive qui tremblait de peur sous les bombardements, et qui en écho à l’effroi de ses parents en fuite, éprouve toujours le soulagement de l’aube en entendant le mot Stalingrad, le réveil du cauchemar.
Enfin, j’ai toujours été attirée par la distance et la diversité, je ne me sens bien qu’en voyage ou alors enfermée seule dans un lieu de travail entourée de livres. Ce regard par les yeux des autres est celui de Montaigne peignant l’étonnement des cannibales brésiliens devant nos civilisations : « ils avoyent aperçu qu’il y avoit parmy nous des hommes pleins et gorgez de toutes sortes de commoditez, et que leur moitié estoient mendians à leur porte, décharnez de faim et de pauvreté ; et trouvoient estrange comme ces moitiéz icy necessiteuses, pouvoient souffrir une telle injustice, qu’ils ne prinsent les autres à la gorge, ou missent le feu à leur maison »[2]
Tout est dit dans ce texte de Montaigne. On a eu beau tenter de m’expliquer la fin de l’Histoire, j’étais convaincue que tant qu’il y aurait de l’injustice, et celle-ci ne cessait de s’accroître avec ce que l’on estimait la fin du communisme, Marx et sa lutte des classes demeureraient à l’ordre du jour. Cette perspective énoncée par Derrida dans les Spectres de Marx m’a poussée à poursuivre sur ce qui était désormais considéré comme les voies de l’Utopie, au lieu de me résigner à un dérapage de plus en plus irrésistible vers les petits arrangements avec le Capital. Mais ce qui m’a valu une solide réputation de « stalinienne » fut mon refus de faire comme si la Révolution d’Octobre n’avait jamais existé. Car si certains voulaient bien conserver l’utopie, ils la voulaient épurée de l’expérience concrète, ce qui me paraissait une méthode détestable. Impossible de m’y rallier ! Et puis demeurait obstiné, encore intact, le sentiment d’avoir œuvré ensemble à quelque chose de juste. Ce moment restait inscrit dans l’art, quand les artistes, les intellectuels du monde entier étaient prêts à sacrifier leur ego à leur participation à quelque chose qui les transcendait, même s’ils reconnaissaient avoir été la plaie et le couteau.
Pourtant on avait pratiquement réussi à me convaincre que la chute de l’Union Soviétique n’avait pas provoqué la moindre tentative de rébellion. C’était là le pire, il n’y avait pas eu la moindre protestation. C’était ainsi que l’on me présentait l’Histoire. L’acceptation des peuples de l’ex-Union soviétique faisait baisser toutes les têtes, le monde entier passait sous les fourches caudines du capital.
Je ne crois pas avoir jamais été stalinienne, je me suis toujours interrogée moins sur Staline, que sur les temps de troubles qui suivent de tels règnes, en quoi la dégénérescence d’un appareil d’Etat est-elle le produit de l’autocratie ? Mais dans le même temps je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il serait advenu de moi la petite juive et de l’humanité toute entière si lors de la seconde guerre mondiale Gorbatchev avait été au pouvoir au lieu de Staline. Et des Gorbatchev, il y en a aujourd’hui comme s’il en pleuvait.
Je me suis focalisée pendant une dizaine d’années sur ce qui naissait ou renaissait en particulier en Amérique latine, comme d’ailleurs sur l’ensemble des résistances diverses venues du sud avec l’effet d’entraînement de la Chine, la remise en cause de l’hégémonie des Etats-Unis née aux lendemains de la seconde guerre mondiale.
Mon retour vers les pays de l’ex-Union soviétique survint en 2008. A cette date, il y eut le refus de deux enclaves proches de la Géorgie, l’Ossétie et l’Abkhazie, de « choisir la modernité » et se référant explicitement à l’Union soviétique. Il y eut en 2008, ma rencontre avec Marianne pour qui la langue russe, entre autres, n’avait pas de secret et qui depuis des années tentait de faire savoir qu’une multitude de gens en Russie regrettait l’Union Soviétique. Et qu’il y avait là-bas des communistes sans pouvoir mais non sans espérances.
En 2014, à l’occasion des événements d’Ukraine, nous avons décidé Marianne et moi qu’il était temps de partir en voyage et de construire ou tenter de construire une vérité sur les fables qui nous seront rapportées. Nous venions de lire « la Fin de l’Homme rouge ». Il nous a semblé que ce livre était un contrefeu à ce que révélait la situation en Ukraine : la fin de l’Union soviétique avait été imposée à des millions d’êtres humains comme une trahison et certains étaient non seulement désireux de le dire mais étaient prêts à mourir pour cette réalité-là. Voilà pourquoi Marianne et moi, à un âge vénérable, surtout moi puisque j’ai dix ans et quelques de plus qu’elle, nous avons écrit ces carnets de voyage pour les combattants en Ukraine, en Novorossia et bien au-delà… Contre le fascisme installé au cœur de l’Europe parce que, comme je ne cesse de le répéter, le continent européen va jusqu’à l’Oural et qu’il est impossible de faire silence sur ce que représente le nazisme dans ma mémoire comme dans ces terres où le socialisme l’a vaincu une première fois… .
Parce que, et l’essentiel est là, ce qui s’est passé et se passe en Ukraine n’est pas un phénomène isolé, nous sommes entrés dans l’ère de tous les dangers et plus vite nous en serons convaincus mieux cela vaudra pour tous.
[2] Michel de Montaigne, Essais, présentation, établissement du texte, apparat critique et notes par A.Tournon, Paris, 1998, 3 vol., ici vol. 1,31, p.358
La manifestation « Constantine capitale de la culture arabe », censée redorer le lustre de cette cité millénaire est entrain de virer à « Constantine capitale du scandale arabe ».
Et si le moindre doute subsistait encore par rapport aux dessous de table et autres ratages qui ont accompagné le rendez-vous, le député du parti des Travailleurs, Djelloul Djoudi, les a quasiment levés hier.
C’est un procès en règle qu’il fait à la ministre de la culture Mme Nadia Labidi, accusée de corruption et de conflit d’intérêt. Le député, profitant de la présence de la ministre à l’hémicycle pour présenter un projet de loi sur le livre, l’a tout simplement malmenée.
Elle a beau protesté auprès du président de l’APN pour interrompre le député accusateur , mais rien n’y est fait. Djelloul Djoudi est allé au bout de sa charge contre la ministre au bord des larmes. Djelloul Djoudi accuse Nadia Labidi de profiter de sa position pour obtenir le financement d’un film produit par une boite de communication gérée par son mari.
« Le projet du film +Le patio+ (produit par Procom international) » avait bénéficié d »un financement de 12 milliards de centimes », après « intervention » d’un responsable du ministère auprès de la commission de lecture de la manifestation « Constantine capitale la culture arabe », qui aurait refusé, selon le député, de financer le film dans un premier temps.
Le député du PT poursuivant la lecture de son « acte d’accusation » a révélé que la ministre a forcé la main au directeur de l’ENTV pour acheter une « Sahla Mahla » produite par cette boite de communication. Ammine Kouider, ami de la ministre et chef de l’orchestre symphonique aurait, selon le député, bénéficié d’une somme de 17 milliards de centimes, cela en sus d’un salaire de 50 millions de centimes.
Enfin, le même député parle également de tentative d’intimidation de Louisa Hanoune par des proches de la ministre qui ont tenté de lui remettre en main propre une lettre de Mme Labidi.
le plus grand réactionnaire chef d’état est bien celui de la France:Image may be NSFW. Clik here to view.
il fiance et assiste le terrorisme international
il favorise la corruption des hommes politiques arabes et africains.
nous demandons aux français bienpensants de nous aider à nous débarrasser de cet opportuniste dangereux pour la paix internationale et pour la sécurité des français. Hollande entreprend une action dangereuse pour remonter dans les sondages, mais il est rattrapé par ses mensonges et son hypocrisie
le gouvernement de Hollande est le plus corrompu du monde, le plus vil , le plus criminel
* Le nouveau livre de Pierre Daum, Le dernier tabou, sur les harkis restés en Algérie après l'indépendance; * L'agenda des conférences organisées autour du livre * La revue de presse * Les commentaires des internautes
Dans cet entretien réalisé par Daikha Dridi, à San Francisco, Hugh Robert, auteur de Berber Government* s’attaque au "mythe kabyle" très développé dans la littérature coloniale. Il met en exergue la singularité de l’organisation politique de la Kabylie pré-coloniale qui a atteint un niveau permettant de faire face aux crises et de trouver des solutions qui sauvegardent l’intérêt général. Il explique qu’il s’est passé quelque chose de "remarquable" dans le Djurdjura avec le développement d’un système politique extraordinaire, comme on n'en trouve "nulle part ailleurs". Il est question dans l'entretien de Kabylie, des Igawawen, de l’exhérédation, du royaume de Koukou… Mais aussi de la Libye. Passionnant!
HuffPost Algérie: En Afrique du Nord, les berbérophones et plus précisément les Kabyles algériens sont "moins musulmans" et donc forcément "plus démocrates" que le reste de la population arabophone. C'est en gros cela le "mythe kabyle", une construction coloniale française qui continue à être fréquemment utilisée par journalistes et chercheurs dans leurs analyses de l'Algérie contemporaine. Hugh Roberts, tout en immunisant contre ce type d'analyses, votre livre Berber Government sur la Kabylie pré-coloniale rend compte d'une singularité exceptionnelle de la société kabyle à cette époque...
Hugh Roberts: Oui, sauf que les tenants du "mythe kabyle" me semblent avoir raisonné plutôt à l’inverse: Partant des analyses admiratives des "républiques" du Djurdjura faits par les ethnologues quand même sérieux tels Hanoteau et Letourneux, ils ont sauté à la conclusion "puisque les Kabyles sont démocrates, ils sont comme nous et donc ne peuvent pas être de vrais musulmans", ce sur quoi Hanoteau et Letourneux ne les suivaient point.
Pour ma part, je soutiens que la Kabylie pré-coloniale et, en particulier la société des Igawawen du Djurdjura offrent l’exemple le plus développé -on peut même dire le plus raffiné- de la tradition d’organisation politique centré sur la Jema'a, l’assemblée du village ou de la tribu.
Les tenants du "mythe kabyle" ne voyaient cette tradition que chez les Kabyles ou à la limite chez les populations berbérophones en général et, ce faisant, opposaient les Kabyles (ou Berbères) aux "Arabes", catégorie résiduelle aux contours flous. En même temps, ce mythe soutenait que les Kabyles n’étaient que des musulmans "tièdes" voire carrément "anticléricaux"à la française, contrairement aux "Arabes" censés être tous des fanatiques religieux.
Donc ce mythe véhiculait une version précoce de ce qui est devenu un dogme pour une bonne partie de l’opinion occidentale jusqu’à nos jours, à savoir l’incompatibilité fondamentale entre l’Islam et la démocratie. Or, d’une part, beaucoup des populations arabophones, dont personne ne mettait en question la foi religieuse, se gouvernaient par la Jema'a, et, d’autre part, la cité -la communauté politique- kabyle était une cité musulmane: Seuls des musulmans pouvaient en être membres et y participer.
La thèse que les Kabyles en Algérie pré-coloniale avaient un rapport à la religion tout à fait différent de ce qui existait chez les Arabophones est fausse. Ceci ne signifie pas pour autant que les Kabyles n’étaient pas exceptionnels. Ce qui les distinguait, surtout les Igawawen, était la complexité de leur organisation politique et du caractère de leur droit coutumier.
Les meilleurs ethnologues français du 19e siècle, Hanoteau et Letourneux et Émile Masqueray, qu’il ne faut pas confondre avec les tenants du "mythe kabyle", voyaient et décrivaient cela, du moins en partie, mais ne parvenaient pas à l’expliquer.
C’est ce que j’ai voulu faire dans mon livre, en démontrant en quoi cette complexité et singularité étaient les produits, non pas d’un quelconque "génie berbère", mais de l’Histoire sociale, économique et politique très particulière -et, de surcroît, plutôt récente- de la région depuis le début du 16e siècle, la prise de Béjaïa par les Espagnols et l’avènement de la Régence ottomane.
La Kabylie est un sujet qui passionne beaucoup en Algérie et en France et qui continue à inspirer énormément d'ouvrages d'universitaires, historiens, anthropologues. Berber Government pourtant constitue à nul doute un véritable tournant. Par exemple, vous commencez par démonter les thèses des deux "maîtres à penser" en la matière, Pierre Bourdieu et Ernest Gellner...
Ce sont deux auteurs pour lesquels j’ai du respect. Je ne pouvais pas écrire mon livre sans les citer et, avant de développer mon analyse, il fallait expliquer pourquoi je ne partage pas les leurs. Pour être concis, j’ai rompu avec la thèse de Gellner en proposant une lecture non-segmentariste de l’organisation politique kabyle en insistant sur la présence et l’importance des institutions.
Ce sur quoi j’ai pris mes distances aussi avec Bourdieu, qui, pour des raisons différentes, avait également tendance à ne pas saisir -voire nier- l’importance de ces institutions. En deuxième lieu, j’ai insisté sur l’approche historique pour compléter et, au besoin, corriger les analyses des anthropologues et des sociologues.
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Bourdieu était contre la guerre et avait un message à passer
Les contributions de Pierre Bourdieu sur la Kabylie sont considérées en Algérie et ailleurs comme les fondements des travaux de recherches modernes sur le sujet, et pourtant vous démontrez une presque insoutenable légèreté de Bourdieu dans son analyse, à quel point ses conclusions sont hâtives et ne sont nullement ancrées dans un raisonnement rationnel...
Oui, il a fait des erreurs de taille que j’ai relevées. Il s’agit des premiers écrits de Bourdieu sur la Kabylie dans son Sociologie de l’Algérie et la version anglaise, The Algerians, où il offre sa lecture de l’organisation politique.
J’ai beaucoup de respect pour certains de ses autres écrits, dont Le déracinement et travail et travailleurs en Algérie, et son bel article, "Le sens de l’honneur", que je considère comme une grande contribution à la connaissance de la société kabyle et de la société algérienne en général.
The Algeriansétait un des premier livres que j’ai lus tout au début de mes recherches sur l’Algérie et j’ai certainement profité de cette lecture, mais en le relisant plus tard à la lumière de mes propres recherches j’ai constaté beaucoup d’affirmations que je ne pouvais pas accepter.
Notons que Bourdieu a fait ses enquêtes sur le terrain en pleine guerre d’Algérie, le pire des moments pour observer la vie politique locale puisque chaque Jema'a était sous le coup de l’armée française ou aux ordres de l’ALN.
Je pense qu’il faut aussi comprendre que, étant contre cette guerre, Bourdieu avait un message à passer et voulait faire vite. Sociologie de l’Algérie est sorti en 1958. Le problème, c’est qu’il n’a pas revu et corrigé sa première lecture.
Je pense que c’est parce qu’il croyait avoir trouvé, dans son analyse du code d’honneur, la clef de l’organisation kabyle et, optant ainsi pour une analyse essentialiste, ne savait pas concilier l’importance de ce code ni avec l’importance des institutions, sur laquelle Hanoteau et Letourneux et Masqueray avaient raison d’insister, ni avec le fait que les communautés villageoises en Kabylie n’étaient pas toutes fondées sur des rapports de parenté, loin s’en faut, et ce fait lui a échappé.
Ernest Gellner, lui, a tout simplement raisonné par présomption: Que les Kabyles d'Algérie (qu'il ne connaissait pas) devaient avoir une organisation sociale (et politique) similaire à celle des Berbères de l'Atlas marocain (qu'il a longuement étudiés). Pour vous, cela est une erreur colossale.
Oui. Sa thèse de la segmentarité, qui suppose l’absence radicale d’institutions politiques et explique le maintien de l’ordre par le jeu -opposition et équilibre- des segments, qui sont tous des groupes de parenté, et la médiation des saints, ne peut point rendre compte de la vie politique kabyle.
Cependant, on voit dans Saints Of The Atlas, son beau livre sur les Ihansalen du Haut Atlas Central marocain, que Gellner avait déjà l’ambition de généraliser à partir de son analyse du pays Ihansalen, région des pasteurs transhumants, aux autres populations berbérophones.
Il manifeste cela dans la critique qu’il a faite de la thèse de Montagne sur les Chleuh entièrement sédentaires du Haut Atlas Occidental et l’Anti-Atlas, que Gellner n’a jamais étudiés de près non plus. Montagne étant mort depuis longtemps, seul Jacques Berque, fort de sa propre étude Structures sociales du Haut-Atlas, aurait pu contester sérieusement la théorie de Gellner.
En fait, Berque a laissé entendre, dans la deuxième édition de son livre, qu’il ne croyait pas à cette thèse sur la segmentarité mais il n’a pas pris la peine de la contester frontalement. Ceci étant, ayant revendiqué les Chleuhs sédentaires pour son modèle, Gellner a supposé qu’il pouvait faire de même pour les Kabyles, dont l’habitat, la vie économique et le rapport aux villes, pour ne pas parler de l’organisation politique, ne ressemblent en rien à ceux du pays Ihansalen, comme si rien ne compte à part les liens de parenté et la religion.
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Une organisation politique qui tenait en échec les facteurs de division
Pour en arriver au cœur de votre démonstration: La "modernité" du Kabyle pré-colonial. La modernité dans le sens ou l'organisation des relations sociales dans les villages kabyles Igawawen n'était pas fondée primordialement sur les filiations parentales et tribales, loin s'en faut, il s'agissait bien d'un système politique assez complexe!
Tout à fait, sauf qu’à aucun moment je ne lui attribue une quelconque modernité. En fait, je n’ai que faire du couplet société moderne-société traditionnelle, qui appartient, à mon avis, à l’époque coloniale et au discours auto-légitimant des puissances occidentales.
La thèse qu’il n’y avait que la parenté (clans, tribus etc.) et la religion ( 'ulama,igurramen/imrabdhen, zawāyā) était une manière de dire que les populations en question n’avaient pas de vie politique propre, donc ne savaient pas se gouverner et avaient besoin qu’on les gouverne.
Et voilà la justification du régime colonial en Algérie ou du sultanat au Maroc, de la combinaison des deux sous le Protectorat et de la thèse de Gellner que le Haut Atlas Central au Maroc était régi par une combinaison de sociologie -la structure sociale de type segmentaire- et de Hagiarchie - l’autorité, fondée sur la baraka, des saints de la lignée Ihansalen.
(Sur ce point, le cas kabyle est particulier dans ce sens qu’en leur prêtant une capacité hors commun de se gouverner, le mythe kabyle a soutenu que les Kabyles devaient forcément être soit d’une souche lointaine européenne soit de toute façon pleinement aptes à devenir des Français : leur capacité de se gouverner était elle-aussi mise à contribution pour justifier la présence française).
Ce que j’essaie de démontrer est que, sans pour autant être d’origine européenne ou de faux musulmans enclins à se laisser assimiler par la France, les Kabyles et en premier lieu les Igawawen savaient se gouverner.
Ils s’étaient dotés d’une organisation politique qui tenait en échec les facteurs de division liés aux clivages entre familles et lignées par le biais d’un code de droit (qānūn) qui se faisait respecter par tout le monde parce qu’édicté par une assemblée représentative dans laquelle tous les groupes étaient impliqués et dont les débats étaient structurés par des alliances politiques (les sfūf) qui transcendaient les liens de parenté.
Masqueray, qui avait compris beaucoup de cela, y voyait non pas la "modernité" mais des parallèles avec la cité antique des Grecs et des Romains. Plutôt d’assimiler le cas kabyle à d’autres histoires, qu’elles soient modernes ou antiques, je me contente d’insister sur le fait qu’il s’est passé quelque chose de remarquable dans le Djurdjura, le développement d’un système politique extraordinaire, comme on n'en trouve nulle part ailleurs en Afrique du Nord, système complexe, certes, mais aussi cohérent et assez stable, dont est née une tradition politique qui n’a pas encore fini de porter ses fruits.
Donc ce que j’attribue aux Kabyles de la période pré-coloniale, c’est surtout une certaine créativité politique, une capacité remarquable de faire face à une situation de crise et trouver des solutions susceptibles de sauvegarder l’intérêt général en innovant dans leur organisation politique.
Faire l'impasse sur la Régence rend la Kabylie incompréhensible
Cette organisation politique émerge petit à petit principalement -vous le montrez à travers une fascinante, longue et minutieuse analyse de l'origine de la décision "d'officialiser" en quelque sorte l'exhérédation de la femme en Kabylie- des interactions et frottements avec la Régence ottomane.
Oui, c’est cela. Les observateurs français ont eu tendance à se rabattre sur la thèse raciale du "génie berbère" pour expliquer les "républiques" kabyles. En partie parce qu’ils ne voulaient ou ne pouvaient pas tenir compte du rôle de la Régence ottomane, dont il fallait sous-estimer voire nier l’influence dans l’arrière-pays et la dépeindre comme seulement oppressive afin de soutenir la thèse que la France a "libéré" le pays d’une tyrannie.
Discours déjà expérimenté en Égypte par Napoléon et revenu à la mode de nos jours, de manière on ne peut plus grotesque, en Irak, en Libye, etc. Or, faire l’impasse sur le rôle de la Régence, c’est rendre le cas kabyle incompréhensible. J’ai donc essayé de penser et de raconter l’histoire des relations entre le Djurdjura et les Ottomans.
Et je soutiens que, après la fin du "royaume" de Koukou, les tentatives de la Régence de pénétrer la région ont provoqué une résistance qui, chez les Igawawen, a débouché sur des développements dans leur organisation politique. Et, surtout, l’émergence de ce que j’appelle "les systèmes de sfūf "à la faveur des proclamations de l’exhérédation de la femme, événements -car il n’y avait pas une seule réunion qui a décidé de cela mais au moins trois si ce n’est pas quatre- qu’il convient de repenser complètement et voir sur un tout autre angle.
Pressés de trouver des indigènes susceptibles de se laisser assimiler et donc de devenir des supports de la présence française, des administrateurs et d’autres mythomanes français ont sauté sur cette histoire de l’exhérédation de la femme comme la preuve que les Kabyles n’étaient pas de vrais musulmans sous prétexte que les Kabyles rejetaient la Shari'a.
Ce faisant, ils ont établi une interprétation de la soi-disant exhérédation de la femme qui ne fait pas de sens, puisque la femme kabyle était déjà "exhérédée" et ceci depuis longtemps, tout comme les femmes dans les autres régions de l’Algérie, arabophones comme berbérophones.
Tout cet édifice d’interprétation est donc faux. Ces réunions et ces décisions des Kabyles n’avaient pas pour objectif de priver la femme de ses droits d’héritage mais un tout autre objectif, que j’explique dans mon livre. Et leur conséquence la plus importante était une modification ou développement de l’organisation politique kabyle qui n’a pas eu d’équivalent ailleurs et a duré jusqu’à la conquête en 1857 et, sous d’autres formes, bien au-delà.
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"Les lectures essentialistes expriment l’intérêt de ceux qui les énoncent"
Je mets des guillemets autour de "modernité" précisément pour ne pas tomber dans les clichés, qui sont très enracinés à ce jour, sur le "mythe Kabyle", que vous réussissez très subtilement à éviter. On sent en le chercheur que vous êtes une part indubitable de grande affection et admiration pour le sujet de votre recherche et pourtant comment faites-vous pour ne pas vous laisser happer par la tentation de la lecture essentialiste?
D’abord, parce que je suis sur mes gardes, car les lectures essentialistes, je ne les aime pas. Celles-ci sont toujours réductionnistes, parce qu’elles expriment l’intérêt de ceux qui les énoncent, qui est une volonté de dominer d’une manière ou d’une autre la société ou la population objet de leur regard -qu’elles soient les Kabyles ou les Algériens ou les Arabes ou les Musulmans, etc.- en les réduisant à une essence quelconque.
Ce faisant, une lecture essentialiste inflige des blessures à une société en en faisant un portrait simpliste qui nie sa complexité et donc des éléments de sa vitalité.
En second lieu, parce que j’aime -et j’en suis très conscient- la complexité car celle-ci pose des défis à l’analyste qui s’ambitionne, comme c’est mon cas, d’en rendre compte. Personnellement, je savoure les détails et j’essaie toujours de les comprendre dans mes analyses.
Troisièmement, par principe scientifique, parce que je considère qu’une hypothèse qui rend compte de plus de faits, de plus d’aspects du réel, est évidemment supérieure à celle qui ne rend compte que de ce qu’elle considère, normalement par a priori intéressé et dogmatique, comme "essentiel". L’hypothèse qui respecte la complexité est plus scientifique que celle qui ne la respecte pas
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Un chapitre fascinant est comment cette organisation politique de la société kabyle a été influencée si ce n'est produite par l'économie particulière de cette région. Comment expliquez-vous la très forte densité de la population dans la région des Igawawen?
Avouons que cette densité extraordinaire est un peu mystérieuse et qu’il est probable que nous n’en saurons jamais exactement les causes.
Je suggère dans Berber Government que la société kabyle a connu une grande crise à partir du 16e siècle, suite à la prise de Béjaïa par les Espagnols, l’avènement des frères Barberousse et les Ottomans et les guerres qui ont émaillé cette période -entre musulmans et Espagnols, entre la Régence et Koukou, entre la Régence et Qal'a N'Ath Abbas et entre Koukou et Qal'a.
Je soutiens que tout ce chambardement et l’insécurité générale qui était son corollaire ont provoqué des vagues d’immigration des populations du bas pays cherchant refuge à la montagne, mais apportant avec eux dans pas mal des cas des éléments de la culture urbaine, dont l’artisanat commercial et parfois raffiné.
Ceci a fini par devenir un apport immense à la vie économique de la société montagnarde et a permis une croissance démographique qui est allée de pair avec la croissance économique mais aussi avec un changement très important dans le mode de l’habitat des Kabyles, l’émergence du grand thaddarth des Igawawen, qui n’existait pas avant cette période et qui a amené d’autres changements dans le droit local et l’organisation politique par la suite.
C’est du moins mon opinion. Le manque de documentation, pour ne pas parler de chiffres, pour cette période est à peu près total, mais j’ai mis en rapport des informations qui appuient mon hypothèse.
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Le puzzle du royaume de Koukou
Votre livre relate longuement l'avènement et la disparition du royaume de Koukou, mais vous en faites une lecture totalement nouvelle et originale, pourtant vous partez des sources documentaires et historiques disponibles et connues de tous.
Disponibles, en principe, de tous, sans doute, mais ce n’est pas sûr qu’elles aient été connues de tous. J’ai mis beaucoup de temps à glaner, à droite et à gauche, des informations et des traditions sur Koukou et sur les Ath L-Qadi, puis j’ai mis autant du temps à réfléchir sur ces informations.
Le travail de ce chapitre a été un travail de synthèse, comme avec un puzzle: Le problème était de trouver comment mettre toutes ces informations ensemble pour qu’elles donnent un résultat, un tableau si vous voulez, consistant avec les faits, cohérent et plausible. Là, encore une fois, il s’agissait de faire très attention à l’Histoire et la chronologie en particulier.
À votre avis, comment cette forme d'organisation politique particulière influence-t-elle le système politique algérien d’aujourd’hui?
C’est un sujet que je ne traite pas dans Berber Government, mais que j’ai abordé provisoirement dans plusieurs de mes écrits déjà sortis, dont le chapitre sur le FLN ("The FLN: French Conceptions, Algerian Realities") dans The Battlefield.
J’ai soutenu que, pour comprendre le FLN et, partant, l’État-FLN, il faut tenir compte du rôle, dans son organisation politique interne, des traditions spécifiquement algériennes et, en premier lieu, la tradition de la jema'a comme instance à la fois de la décision politique et de la représentation politique de la population concernée, condition de la légitimité des décisions prises.
Cette tradition n’est pas l’apanage exclusif des Kabyles ni des Berbérophones, elle appartient à la plupart des populations des campagnes algériennes, même si nous en rencontrons la variante la plus développée chez les Igawawen du Djurdjura, ce qui facilite l’étude de sa logique et de ses règles tacites.
Ceci dit, il reste bien des aspects à inclure dans un traitement compréhensif du rôle des traditions politiques algériennes. Ce sujet vaut à lui seul un tout autre livre, sur l’Algérie post-coloniale, que je suis en train d’écrire.
Vous avez écrit et publié ce livre en anglais, y a-t-il un projet de traduction en français ou en arabe pour le rendre plus accessible aux lecteurs algériens?
C’est mon souhait. Je tiens beaucoup à ce que les lecteurs algériens puissent me lire. Jusqu’à présent, il n’y rien de concret mais mon livre est récent et cette possibilité a été évoquée avec une maison d’édition.
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Sur la Libye, argumenter contre l’orthodoxie des puissants
En dehors de l'Algérie vous avez dans les récentes années fait des contributions brillantes sur la descente aux enfers en Libye mais aussi sur la fausse révolution égyptienne, vous avez un style d'écriture très particulier, comment parvenez-vous à écrire de manière à la fois très érudite et très personnelle?
J’ai écrit sur des sujets qui m’interpellent parce que d’importance politique à mes yeux, en particulier sur des questions d’actualité qui font l'objet d’une propagande mensongère et mystificatrice à fond la caisse, comme c’était le cas de l’intervention militaire en Libye en 2011 et du coup militaire en Égypte en 2013.
Je pense que, pour combattre des thèses mensongères, il faut pouvoir faire la lumière sur une situation, ce qui exige de déployer des arguments qui, tout en contestant l’orthodoxie des puissants et de leurs médias, soient susceptibles de convaincre parce que solidement appuyés par des preuves et ordonnés par un raisonnement cohérent.
Je m’efforce donc de maîtriser au maximum le dossier en question, d’être sûr de mes faits. En même temps, il s’agit des pays ou des questions dans lesquelles je me suis personnellement investi. J’avais vécu au Caire entre 2001 et 2012 et je connaissais un certain nombre des acteurs politiques mais surtout les circonstances particulières de ce qui s’est passé en 2011 et donc le background de ce qui s’est passé en 2013.
Pour la Libye, cette crise a éclaté au moment où je reprenais du service à l’ICG (International Crisis Group) et c’était à moi, en tant que directeur du projet Afrique du Nord, de proposer la ligne politique du Groupe sur cette affaire.
J’ai soutenu auprès de mes collègues que l’ICG ne devait pas cautionner une intervention militaire mais appeler, arguments à l’appui, à un cessez-le-feu et des négociations, ce que l’ICG a fait très publiquement avant même le vote au Conseil de Sécurité qui a donné l’autorisation recherchée par les va-t-en-guerre.
Cette prise de position s’est avérée la position de l’Union Africaine aussi. J’avais été très engagé dans les débats autour de cette affaire, ce qui a fait que, quand j’en suis venu à écrire mon article dans la London Review Of Books, c’était en partie un témoignage personnel que j’y livrais.
Vous venez de publier en Algérie, aux éditions Barzakh, un recueil de textes de réflexion sur la Kabylie et la crise institutionnelle en Algérie de manière plus large, cela veut-il dire que les lecteurs algériens vont pouvoir désormais lire vos contributions passées et futures directement sans devoir attendre de passer par des éditeurs occidentaux?
Je suis très reconnaissant à Sofiane Hadjadj et Selma Hellal d’avoir bien voulu publier un recueil de mes écrits. J’ai toujours espéré pouvoir m’adresser à des lecteurs algériens et, grâce aux Éditions Barzakh, j’ai enfin commencé. Bien sûr, je souhaite continuer dans ce sens.
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* "Berber Government. The Kabyle Polity In Pre-Colonial Algeria". I.B. Tauris. London, New York: 2014.
Les milieux du renseignement extérieur israélien estiment qu'un coup d’Etat militaire en Algérie est inévitable. Bienvenue à l'Etat-DRS !
«Président mort-vivant», «Vacation du pouvoir», «Guerre au sommet» entre «clan présidentiel et DRS»… Autant de syndromes d'un dérapage anarcho-militaire inévitable en Algérie, selon Gilles Salem, analyste de “Flash-Israël”, journal israélien connu pour sa proximité avec le Mossad. «Alors que le président Abdelaziz Bouteflika appartient au monde des morts-vivants, les trois pouvoirs, le politique, le renseignement et le militaire, aiguisent les couteaux en Algérie», écrit l’analyste israélien, en évoquant un «coup d’Etat militaire» imminent.
Une sombre perspective que les sphères politiques, relayées par les confrères algériens, n’écartent plus tellement cela sent le soufre chez le voisin de l’Est. «En coulisses, dans l’ombre, Saïd Bouteflika, frère du président Abdelaziz, conduit la gouvernance politique du pays, soucieux de maintenir la corruption à son plus haut niveau. Depuis 2013, Saïd manigance et regarde son frère qui ne veut pas mourir. Néanmoins, il a compris avoir plus d’intérêts à maintenir Abdelaziz vivant que de le faire trépasser», décrypte “Israël-Flash”, ajoutant que «le décès du président serait une déclaration de guerre ouverte entre tous les prétendants au pouvoir».
Par prétendants au pouvoir, il faut entendre deux principaux courants antagonistes. D’un côté, le clan de Saïd Bouteflika, appuyé par le flamboyant SG du Front de libération national (FLN), Amar Saâdani. Ce dernier avait été chargé par le frère d’Abdelaziz, Saïd Bouteflika, d’attaquer frontalement, à la veille de la présidentielle d’avril 2014, le néanmoins redouable Département du renseignement et de la sécurité, DRS, et les vieux-nouveaux parvenus de la rente pétro-gazière. De l’autre côté, l'on retrouve le patron du même DRS, Ahmed Médiène, alias «Tawfik», qui voue une haine féroce au clan Bouteflika.
«Le DRS est en lutte violente contre le pouvoir politique. Il a récemment menacé de dévoiler des informations de corruption concernant les frères Bouteflika. Tawfik ayant mis sous écoute téléphonique Saïd Bouteflika, le déballage risque d’être douloureux pour le pouvoir en place», décrypte “Israël-Flash”, cité par “Algérie patriotique”. «La jeune garde composée de commandants quinquagénaires attendent leur tour pour prendre le pouvoir», relève-t-il, en prédisant une chute imminente du régime actuel «vicié» au profit des hommes en kaki qui ont déjà un œil sur le fauteuil (présidentiel) chancelant !
Hollande : « La coopération entre la France et l’Algérie est plus que jamais nécessaire dans un cont
La tenue prochaine du Comité mixte économique algéro-français et du Comité intergouvernemental de haut niveau seront des occasions « privilégiées » pour donner une « impulsion supplémentaire » à la coopération entre l’Algérie et la France, a assuré le président français, François Hollande.
« La tenue prochaine du Comité mixte économique franco-algérien et du Comité intergouvernemental de haut niveau, présidé par nos deux Premiers ministres, seront des occasions privilégiées pour donner une impulsion supplémentaire à nos coopérations dans tous les secteurs », a affirmé M. Hollande dans un message adressé au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.
« Je souhaite que ces échéances soient l’occasion de progresser plus encore dans la consolidation de notre partenariat économique, au service de l’emploi et du développement industriel », a écrit le président français dans son message.M. Hollande a relevé que la France et l’Algérie sont « résolument engagées » dans une dynamique d’approfondissement de leur relation.Le président français a relevé, que depuis sa visite en Algérie en décembre 2012 et la signature de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération à l’occasion de cette visite, l’Algérie et la France « ont parcouru en moins de deux ans un chemin remarquable ».
« Je me réjouis de ce rapprochement sans précédent, qui était attendu de nos peuples et de nos jeunesses », s’est félicité M. Hollande.
Pour le chef d’Etat français, « la proximité entre deux peuples, qui partagent une histoire et un espace communs, doit être renforcée, notamment à travers l’ouverture et le développement d’établissements scolaires et culturels ou la facilitation de la mobilité professionnelle de nos jeunes ».M. Hollande s’est félicité des « nombreuses » initiatives à destination de la jeunesse, de la société civile, des collectivités territoriales des deux pays, « qui sont lancées chaque jour et constituent un outil très utile de rapprochement des peuples français et algérien ».
Après avoir souligné que la coopération entre les deux pays est « aujourd’hui plus que jamais nécessaire dans un contexte régional troublé », M. Hollande a rendu hommage à la contribution « éminente » de l’Algérie à la paix et à la sécurité régionales ainsi qu’à son engagement « constant » dans la lutte contre le terrorisme.« Je me félicite de l’intensification du dialogue et de la concertation entre nos deux pays, tout deux attachés à œuvrer pour la stabilité, notamment dans la zone sahélienne », a encore écrit le président Hollande dans son message.
« Je tiens à vous assurer de mon engagement personnel pour construire ensemble un avenir solidaire, au bénéfice de nos deux peuples », a souligné M. Hollande.
Enfin et à l’occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954, M. Hollande a adressé au chef de l’Etat ainsi qu’au peuple algérien ses vœux « très sincères » et les « plus amicaux ».
Faut-il encore pouvoir le faire, car les propos de la patronne du parti des travailleurs montrent bien que la maladie du président a gravement déteint sur le fonctionnement des institutions.
Signe de cette déchéance, tous ces ministres dont les noms sont cités dans les affaires de corruption, mais qui demeurent en poste en se sentant non concernés par ce qui se dit sur eux. Louisa Hanoune demande au président de la république de « virer » ces ministres ripoux.
A ce propos, elle est revenue sur sa polémique avec la ministre de la culture, Nadia Labidi, en qualifiant son comportement de celui de « délinquante ». « Je n’ai pas de problèmes personnels avec elle, mais je l’ai averti » ajoute t-elle en confirmant les accusation de corruption contre la ministre avancées lundi par le député Djelloul Djoudi.
Plus que jamais sûre de son fait, elle promet de rendre publique prochainement les preuves de la corruption de cette ministre coupable aussi d’un délit d’initié et de conflit d’intérêts.
Pour le reste, la patronne du PT n’a pas ménagé ce qu’elle qualifie d’oligarchie qui gravit dans les centres de décision politique. Elle a souligné, dans ce contexte que son parti « s’est engagé depuis des mois dans un combat décisif contre les passe-droits d’une oligarchie privilégiée », affirmant que sa formation politique « ne tolérera jamais ce genre de dérapages ».
« Le secteur privé se fait de l’argent en servant la production nationale. L’oligarchie, elle, tend à asservir tout le monde et accaparer les secteurs particulièrement porteurs », a t-elle martelé en déplorant que certains responsables soient « au service » de l’oligarchie et l’aident à « rafler tous les marchés ».
La secrétaire générale du PT n’en démord pas. Elle persiste à accabler la ministre de la Culture et sollicite l’intervention diligente du chef de l’État pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de dérive.
Au lendemain de la charge des députés de son parti contre la ministre de la Culture, Nadia Labidi, l’accusant de graves malversations, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a lancé, hier, un appel en direction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, effacé de la scène politique depuis de longs mois, pour intervenir et mettre un terme à ce qu'elle a qualifié de “déchéance qui menace tant l'État que ses institutions”. “Tous ceux qui ont des conflits d’intérêts doivent être virés du gouvernement. Le Président doit intervenir rapidement au risque de voir l’État s’effondrer”, a affirmé hier Louisa Hanoune lors de son allocution à l’occasion de la réunion du bureau politique de son parti. Mme Hanoune n’a pas lésiné sur les vocables pour qualifier le comportement de la ministre de la Culture accusée de siphonner de l’argent public via sa boîte de communication. Elle l’accuse aussi d’avoir envoyé des barbouzes chez elle pour lui remettre une lettre de menace après ses révélations qui ont fait les choux gras de la presse. “Elle agit comme si c’était une propriété privée. Elle se comporte comme une délinquante, une chef de bande”, affirme Louisa Hanoune. “Je n’ai aucun problème privé avec elle, mais c’est un comportement délinquant, une délinquance ministérielle. Elle m’a envoyé des gens à la maison, c’est une dérive jamais vue”, déplore Mme Hanoune qui dit avoir longtemps hésité avant de livrer à l’opinion le comportement de la ministre. “Je l’ai avertie depuis longtemps que si elle continuait avec les malversations, elle finirait en prison. J’étais gênée parce que c’est une femme et ça porte atteinte aux combats des femmes algériennes. Je l’ai avertie, le 1er novembre. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je ne veux pas être une complice”, assure l’ex-candidate à l’élection présidentielle qui révèle, au passage, que “les responsables de l’État sont au courant”. Selon elle, “Labidi est coupable d’une opération mafieuse”, en finançant un film de sa boîte et en lui donnant une nationalité tunisienne pour qu’il ne reste pas propriété de l’État algérien, comme l’exige la loi. “On va rendre publiques les preuves”, assure Louisa Hanoune. Dans cette entreprise de malversations, la porte-parole du PT accuse également de “complicité” le DG de l’ENTV et le ministre de la Communication puisque “l’Unique a un contrat avec la boîte de la ministre de la Culture qui lui vend une émission diffusée chaque vendredi”. Autre cible de Louisa Hanoune : le ministre de la Santé qui aurait fourni le marché de l’importation des accélérateurs à un homme, entrepreneur dans les travaux publics, “qui n’a rien à voir avec la santé”. “Le secrétaire général du ministère a démissionné pour ne pas cautionner cette dérive”, selon Mme Hanoune qui appelle à l’ouverture d’une commission d’enquête. “La justice dit s’autosaisir”, dit-elle. Histoire de lever les équivoques sur le combat qu’elle mène, Mme Hanoune soutient que son parti “s'est engagé depuis des mois dans un combat décisif contre les passe-droits d'une oligarchie privilégiée”. “Le PT ne tolérera jamais ce genre de dérapages. Le secteur privé se fait de l'argent en servant la production nationale. L'oligarchie, elle, tend à asservir tout le monde et accaparer les secteurs particulièrement porteurs”, dit-elle, ajoutant que “l'oligarchie n'investit pas ses propres fonds mais compte sur ses relations privilégiées au sein des institutions de l'État pour détourner les fonds publics et piller le foncier”. “Cette gangrène qui menace l’État doit être stoppée”, conclut-elle.