mardi, 26 février 2013
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« Loin d’avoir pour racine l’indifférence, l’abstention de secours s’expliquerait par l’empathie naturelle qu’éprouve la majorité des personnes pour la souffrance d’autrui. Car l’empathie efface les frontières entre nous et les autres. Leur souffrance devient ainsi la nôtre tout comme leur peur. Et au lieu de vouloir les secourir, nous cherchons, dans ces moments ultimes, à être secourus. Comme si ces attitudes, qui semblent montrer à quel point nous sommes capables de manquer aux autres, étaient celles dans lesquelles nous sommes, en vérité, dans la plus parfaite identification avec eux. Et réussir à se rendormir en dépit de ces cris signifie qu’on est sauvé, que ce n’est pas nous qui souffrons et qui mourons. Comme si dans ces moments limites, la question n’était pas «que dois-je faire pour l’autre ?» mais «comment réussir à ne pas être cet autre, à me sortir de ma fusion avec lui ?» C’est pourquoi, contrairement à ce que prétendent les moralistes, nous serions peut-être plus altruistes si la souffrance des autres nous était plus étrangère. Si, au lieu de nous identifier à nos semblables, nous les prenions pour des êtres aussi différents de nous qu’un éléphant, un arbre ou un cygne. »
Marcela Iacub dans « Témoin de rien » Libération 24 mars 2012
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