le 11 Aout 1956, après la mort de Amar Ait Cheikh, avec Hocini Abdellah, Mohand Ouidir Ait Rvah,
le groupe de Si Djaffar, auquel appartenait Nait Larbi Said dit Boudouaou avait tendu une embuscade à Tiferdoud, après avoir auparavant pris soin de saboter un tronçon de la route nationale 15 qui mène de Michelet à Tirourda. Mais, l'information concernant la mort de Amar Ait Cheikh parvenue par liaison décida le groupe de se déplacer immédiatement sur le village Ibelkissen à la périphérie duquel s'est produit l'accrochage entre Forces françaises et moudjahidines, pour s'informer des circonstances de ce tragique événement. arrivés près du village, ils le trouvèrent entièrement investi par les militaires français. Parvenu à proximité du grand frêne, arbre séculaire voisinant une vieille et traditionnelle presse à huile, à quelques dizaines de mètres des premières mechtas, Sid Ahmed Boussad dit Boussad Bouerdja, un natif du village du même nom et chargé de liaison au sein de l'organisation FLN, précéda de quelques métres la tête de la section de combattants conduite par le sergent chef Hocini Djaffar, chef de secteur. Derrière lui Si Djaffar, talonné par Nait Larbi,les autres suivaient de prés sans perdre de vue le chef de fil.Il s'agit des éléments suivants :
- Si M'Hand dit Sil Hocine -sergent chef (Ait Ouerdja)- tombé au champ d'honneur en 1957 à Illilten.
- Ait Abdelaziz Améziane-sergent chef-Zoubga
- Ait Maamar Yahia- Ait Mislaén-Akbils- auteur de l'attentat de Michelet(Ain El Hammam) en 1956- au restaurant Ghozali.
- Bencheikh Amirouche- de Abi Yucef-auteur de l'attentat de Michelet sur adjudant en 1956(Transat).
- M'Barek - Iboudraren
- Lasseb Moussa- secrétaire de Si Djaffar . A sa mort il le remplacera.
- Benassou Saadi dit si Salem-chef de secteur- tombé au champ d'honneur en 1960
- Mouhoub Md Arab (Tiroual)-infirmier
-Arezki Ait Hanane5Ait Daoud)
- Boualem Arezki
- Challal Idir (Ait Saada)
- Challal Cherif
- Ould Ali Arezki ( Ait Daoud)
- Ait Amara Saadi (Abi Youcef
- Ait Maamar Ahmed dit Ahmed Lahlaili ( Zoubga)
L'agent de liaison FLN, armé de son pistolet italien, fonça au cœur du village à travers la rue principale, laissant en retrait derrière lui le reste de la troupe en alerte maximum.
Soudain , un hurlement d'un fusil mitrailleur déchira l'atmosphère chaude de la nuit. La lueur blafarde de la lune aoutienne projetait sur les murs et le sol des ombres compactes faites de mystérieuses formes. Le souffle de la salve de balles atteignit Si Boussad le projeta en arrière, criblé, il s'écroula. Il est mort sur le coup, le tireur embusqué donnait l'impression de l'attendre à cet endroit même et à cet instant précis. Il ne lui avait laissé aucune chance. Il mourut sur le coup. Si Djaffar Poussant un cri de kamikaze, riposta par une longue et terrifiante rafale d'une MAT Mauser allemande. le canon de son arme s’était transformé en une véritable gueule d'un chien enragé qui aboie à se rompre les cordes. A ce moment toutes les armes se mirent à cracher le feu dans un concert de détonations et d'explosions. Un moment, on aurait cru que la fin du monde était proche pour ce petit groupe de "fellagha". Quant aux enfants et les femmes pris dans le piège de cet affrontement nocturne, ils continuaient de respirer en silence de peur d'attirer sur eux les esprits malveillants capables de balancer sur leurs têtes quelques grenades ou autres obus capables de traverser les murs, les plafonds pourtant très épais.
Simple fait d'un hasard ou baraka du saint Sidi Moussa dont le mausolée n'est pas loin? Un terrassement d'un projet de construction de maison fraichement creusé offrit à la troupe de "fellaghas" un abri sécurisé et confortable. Bien protégé des projectiles qui continuaient de pleuvoir aux alentours du repaire, le dénivelé procura aux maquisards un angle mort qui leur offrait l'avantage du terrain.
Puis les tirs d'armes se mirent à hurler et les balles miauler au dessus des têtes des maquisards en rebondissant sur les murs et la chaussée de la piste principale du village. Une véritable bataille s'engagea dans le noir d'une nuit chaude, éclairée par la seule lueur blafarde de la lune et des étoiles. Elle dura prés de vingt minutes sans aucune autre perte du coté du groupe conduit par Si Djaffar qui entama son repli vers le village de Ait Saci, à quelques encablures de là. Mais, il rencontra un autre barrage de feu un peu plus au dessus de sa position, non loin du village Ait N'Zar.
Les échanges de tirs et de rafales entre les soldats éparpillés un peu partout dans le décor invisible et le petit groupe de moudjahidnes n'ont manqué de réveiller tout en frayeur, une vieille femme habitant une grange isolé qui se mit à crier d'une voix stridente déchirant le nuit comme un éclair. Si Djaffar, en homme très aguerri et averti, réalisa que le village Ibelkissen était pris en sandwich par un bouclage hermétique. le groupe essuyant des tirs provenant du village de Ait N'Zar surplombant le champ de bataille, crapahuta jusqu'à l'oued qui les accueillit, dans son relief escarpé et couvert d'une haute et dense végétation. Si Djaffar toujours en tête usa, une fois de plus de cette ruse qui fera rappeler celui qui allait présider à la destinée de la Révolution dans la wilaya 3 historique, le colonel Amirouche : il prit à contre pieds les nombreuses sections des chasseurs alpins déversées dans la nature, en remontant l'oued dans le sens inverse de son cours, pour s'acheminer en direction de la 2°compagnie, pour brouiller les plans de l'ennemi en cas de poursuite. En effet, au bout de quelques heures, le groupe de maquisard est deja à Tiz Bouirene, à environ 2 kilomètres seulement du camp militaire français d'iferhounene. Il est 4 heures du matin . Si Djaffar savait qu'à l'occasion de grands ratissages comme dans le cas où Si Amar Ait Cheikh trouva la mort, presque la totalité des effectifs des camps militaires est engagée dans l’opération, d'autant plus qu'elle s’étendait sur plusieurs kilomètres carrés .
Enfin si Djaffar et ses compagnons de lutte atteignirent le village Tikilsa, il était 5 heures du matin.
Extrait du livre :" LES MAQUISARDS DE LA PREMIÈRE HEURE"
de Si Hadj Mohand Abdenour