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Algérie : quand des chapardeurs se drapent dans le drapeau algérien

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« Amar Ghoul n’a jamais été docteur, il a utilisé le titre d’un docteur tunisien ! »

L’audition des prévenus du procès de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest s’est achevée, jeudi dernier à 18 h au tribunal criminel d’Alger, avec l’audition des derniers prévenus et de quelques témoins.

Jeudi dernier a donc été riche en révélations, à commencer par la lecture des réponses données par l’ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul en l’occurrence, aux questions qui lui ont été posées et adressées par correspondance, par le juge d’instruction du pôle judiciaire du tribunal de Sidi M’hamed. Le ministre a rejeté toutes les accusations portées contre lui par l’ancien directeur des projets de l’autoroute Est-Ouest.

Les avocats de l’Agence nationale des autoroutes se sont contentés de s’attaquer à Khelladi, persuadés que sa mauvaise gestion et son incompétence sont à l’origine de toute cette affaire. Khelladi a utilisé tous les moyens pour faire pression sur CITIC-CRCC et Cojaal, a précisé Me Sofiane Chihani, avocat de l’ANA.

Appelé à la barre pour témoigner, l’ex-directeur des nouveaux projets (DNP) a dressé un dur réquisitoire à l’encontre de Khelladi. Il a souligné que le problème a commencé dès sa nomination au poste de DNP : « Khelladi n’a pas accepté de faire avec moi la passation de consignes.

Il a toujours agi de manière unilatérale. » Lorsque le président en charge du dossier, Tayeb Hellali, a demandé à Belatreche si les logements, les voitures, les téléphones et autres moyens mis à la disposition des cadres de l’ANA étaient légaux, celui-ci a répondu par la négative.

« J’ai restitué tous les moyens mis à notre disposition par les deux groupements étrangers (Cojaal et CITIC) », a-t-il affirmé. Et de préciser qu’il existe une différence entre les mesures d’accompagnement et les installations techniques. « Les installations techniques des chantiers sont incluses dans les contrats signés entre l’ANA et les deux groupements.

Ces installations n’ont rien à voir avec les mesures d’accompagnement », a-t-il souligné. Pour sa part, le représentant de CITIC a confirmé que la DNP a rendu tous les biens mis à la disposition des cadres de l’ANA, tout en affirmant que ces derniers n’ont pas été facturés.

Belatreche a précisé que dans les conventions et les contrats signés entre l’ANA et les groupes réalisateurs de l’autoroute, il existe des clauses qui stipulent que « tout ordre de travaux de réalisation doit être écrit et non oral » et, ajoute-t-il, « tout ordre de l’ingénieur sur le chantier doit être exécuté ». Selon lui, les deux groupements ont mal compris les clauses du contrat.

Prenant la parole, Khelladi a affirmé que le groupement chinois, à savoir CITIC-CRCC, a été créé en Algérie et que son conseil d’administration se trouvait également en Algérie.

Ce groupement a été créé entre l’entreprise publique chinoise CRCC et la banque privée CELTIC. CRCC détient 49 % des actions et CELTIC 51 %. C’est alors que le juge et le procureur général ont demandé qu’elle était la relation entre ces entreprises en Algérie et leurs sociétés mères. L’avocat du groupement chinois, énervé, a répliqué au procureur en lui disant : « Si tu n’arrives pas à comprendre, je ne peux te le faire comprendre ! » Le procureur s’est alors levé et a demandé à l’avocat de le respecter.

Prenant la parole, Belatreche a expliqué : « Une partie de l’argent transférable versé par l’ANA a servi à alimenter les comptes des sociétés mères à l’étranger. » Tayeb Hellali a par ailleurs invité Khelladi à commenter les réponses de Ghoul. Il a commencé par évoquer le cursus du ministre. Ce dernier a affirmé au juge être docteur en génie civil, titre obtenu en Allemagne. « Des enquêtes ont été réalisées par le Soir d’Algérie sur les compétences nationales.

Les journalistes, qui se sont déplacés en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, n’ont pas trouvé de trace d’un docteur d’Etat algérien au nom d’Amar Ghoul. Le seul Amar Ghoul ayant un diplôme de doctorat était Tunisien », a affirmé l’accusé. « Il était au courant de tout ce qu’on faisait. On n’entreprenait rien sans l’informer au préalable, y compris concernant la présence de Chani », a-t-il ajouté.

S’agissant de l’accusation de surévaluation du projet, Amar Ghoul a nié que le coût n’était pas conforme aux normes internationales, contrairement à ce qu’a avancé Khelladi, lequel a déclaré que l’autoroute avait coûté 17 milliards de dollars de plus alors que le coût ne devait pas dépasser, selon lui, les 2,5 milliards de dollars, clés en main.

« C’est Ghoul qui m’a dit que le mètre carré ne devait pas dépasser les 6 millions de dollars », a-t-il ajouté. Dans son témoignage, répondant aux 17 questions du juge d’instruction, Amar Ghoul a qualifié les accusations de la Khelladi de « mensonges et médisances ».

Le juge a demandé au greffier de donner lecture du témoignage écrit du ministre des Travaux publics de l’époque, Amar Ghoul. Il y rejette toutes les accusations proférées contre lui par Khelladi. Il a même nié être au courant des anomalies et des faits de corruption.

Amar Ghoul a indiqué qu’il ne connaissait ni Sacha ni Falcone. Il a réfuté que l’un des deux, à savoir Sacha, ait pris part à une quelconque réunion du conseil interministériel au sujet du projet de l’autoroute, précisant que ce genre de réunion était présidé par le chef du gouvernement.

En revanche, Ghoul n’a pas répondu à la question du juge d’instruction sur la rencontre entre Chani, Benachenhou et Bedjaoui, au sujet du projet phare. Répondant toujours aux accusations de Khelladi, le témoin a dit avoir rencontré Addou Tedj eddine au cours d’une fête alors qu’il était en compagnie de feu Mahfoud Nahnah. Il a en revanche nié avoir envoyé ce même Tedj eddine à Paris pour exiger des responsables de REGIS le paiement de sa commission, que l’accusé Kouidri, en fuite, avait fini par prendre pour la lui remettre.

Il a aussi déclaré ne pas être au courant des mesures d’accompagnement concernant la location de villas et l’achat de voitures au profit de la Direction des nouveaux projets, dirigée alors par Khelladi. Tout comme il a nié avoir reçu un écrit de celui-ci faisant état d’anomalies et de malversations.

Néanmoins, il a admis avoir reçu une correspondance de Khelladi lui demandant de créer une commission d’enquête sur la sous-traitance. Il convient de signaler qu’avocats et journalistes ont fini par surnommer Khelladi « la vedette du procès », tant il était, à chaque fois, invité à apporter des éclaircissements.

Le ministre a rejeté cette commission car il a estimé que Khelladi n’avait pas respecté la procédure et a renvoyé l’écrit à l’ANA. En fait, Amar Ghoul a nié tout en bloc, mettant tout sur le dos de l’Agence des autoroutes, laquelle gérait le projet. Par ailleurs et concernant la prise en charge de la participation de l’Algérie au Salon international des travaux publics, qui s’est tenu à Paris par Cojaal, le ministre a apporté un démenti, alors que Khelladi a affirmé qu’un stand avait été aménagé pour Amar Ghoul afin de recevoir ses invités.

Pour la foire de Shanghaï, les Chinois ont pris en charge la participation de l’Algérie pour un million de dollars, Ghoul a répondu que cela entrait dans le cadre des mesures d’accompagnement, prévues dans les contrats signés avec les deux groupements d’entreprises japonais et chinois, tout comme la formation d’étudiants et la construction de l’Institut supérieur des travaux publics (qui n’a toujours pas vu le jour).

Alors que dans le même témoignage, il a nié en être au courant. Interrogé par le juge d’instruction sur l’ex-secrétaire général du ministère, Ghoul louera les mérites de l’ex-secrétaire général du ministère des Travaux publics Bouchama, en le qualifiant d’« homme intègre et compétent ». « Je n’ai jamais remarqué chez lui un comportement douteux ou malveillant », avait-il affirmé.

Hellali a appellé le premier témoin à charge contre Allab l’ex-directeur-général adjoint de l’Entreprise du métro d’Alger. M. Zendaoui a raconté qu’Allab était parti le voir dans son bureau de « la part de l’ex-ministre des Transports », feu Mohamed Maghlaoui.

« Il m’a demandé s’il était possible de changer l’ordre des soumissionnaires pour le projet du tramway. J’ai refusé. Et il m’a laissé entendre qu’il pouvait intervenir en sa faveur pour qu’il soit nommé P-DG de l’Entreprise du métro d’Alger ».
Ce que Allab a catégoriquement démenti. Mieux, il a nié être allé le voir dans son bureau. « La seule et unique fois où je l’ai vu, c’était à l’occasion du séminaire international sur l’eau à l’hôtel El Aurassi.

Il a raconté qu’il vivait en France et est rentré au pays pour investir. « C’est moi qui ai ramené Samsung en Algérie ». Et le prévenu d’ajouter : « mes problèmes ont commencé en 2003. Je suis venu à Alger. J’ai pris une chambre à l’hôtel El Aurassi. Une dame m’a appelé pour me dire qu’il fallait que je me marie. On m’a marié avec la fille du général Smain Lamari. Cela a duré deux années.

C’est eux qui l’ont répudiée. Commencent alors mes déboires. Ils ont tout fait pour m’enlever Samsung. La Banque d’Algérie, les impôts et les douanes se sont acharnés sur moi. Une année et demie durant, j’ai reçu 150 convocations. A telle enseigne que j’ai dû retirer mon nom des statuts des entreprises que j’ai créés avec mes frères pour ne pas leur créer des problèmes ». Le procureur général lui a demandé dans quels secteurs il a investi. Allab a répondu : « Energies renouvelables, l’électroménager, l’hydraulique et les travaux publics ».

Le procès a procèdé alors à l’audition de l’homme d’affaires, Allab El Khier qui n’avait pas été entendu par le juge pendant toute la durée de l’instruction. Hellali lui demande quelle est sa relation avec Addou Tadjeddiine qui l’a accusé d’avoir établi une liste de candidats lesquels devaient soumissionner pour le projet de l’autoroute.

Le prévenu a expliqué que « la liste en question comprenait les noms des invités à un séminaire sur l’hydraulique, sous le parrainage du ministre. « La liste a été établie par mon directeur de l’époque ».

Il convient de rappeler que selon l’arrêt de renvoi, les accusés ont reçu des pots-de-vin versés par des compagnies étrangères en contrepartie de l’attribution des marchés dans le secteur des Travaux publics et celui des transports. Cela concerne les projets de réalisation de l’autoroute Est-ouest, le barrage de Kef Eddir dans la wilaya de Tipasa, de tramways et enfin des projets d’ascenseurs à Constantine, Tlemcen, Skikda et Oued Qoreich à Alger.

Parmi les sociétés étrangères citées pendant l’instruction figurent le groupement chinois CITIC-CRCC, réalisatrice de l’autoroute Est-Ouest, le consortium italien Pizarrotti, le Groupe espagnol ISOLUX Corsan, le japonais Cojjal, le canadien SMINC, le suisse Caraventa et le portugais COBA. Ces dernières ont nié toutes les accusations portées à leur encontre au cours de l’enquête préliminaire et l’instruction judiciaire.



Source : Jeune indépendant

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