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Iferhounene , decembre 1954 : attentat contre l'autocar d'Iferroudjene

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L’attentat de l’autocar d’Iferrourdjene

Un dimanche du mois de décembre 1954, alors que nous poursuivions encore  nos Études primaires a l'école français de Michelet, nous étions mon frére et moi a notre cinquième et quatrième année chacun, mon pere nous mit en garde de ne pas emprunter le bus d'Iferroudjene, le lendemain qui suit..

Je me rappelle, comme si cela datait d'hier, du nom de tous mes enseignants, y compris de mon directeur d'école qui s'appelait Tomaya. Les autres s'appelaient Monsieur et Madame Guérin, Monsieur et Madame Fabre, Monsieur Tommy et enfin, un kabyle du nom de Ait Seddiki el Hachemi du village Ait Sidi Said.

Le lendemain matin, un lundi  nous devions prendre le bus  pour rejoindre notre école a Michelet, nous montâmes de Taourirt Ali Ouacer, notre village natal, jusqu’ a Thikaathine , a quelques mètres seulement du village de Ait El Mansour  ou nous devions emprunter sur la piste carrossable, l'autocar d’Iferrourdjene ou encore celui de l `"AVIOU" dont le propriÉtaire est un natif du village Ahfir (surnom donné a ce vehicule luxueux , et provenant de la déformation du mot avion). Et pourtant, mon père nous avait mis en garde  de ne pas monter dans cet autocar qui assurait la navette entre les villages de la ceinture des ittourars et Michelet , chef lieu de la commune mixte du Djurdjura.

Je me rappelle très bien de cette mise en garde insistante de mon père, la veille de notre voyage : »Ne montez pas dans le bus d’Iferrourdjene « 

Le matin de notre départ sur Michelet, nous nous plaçâmes  cet effet, au lieu dit Garage de Hadj Nafaa Ait Salah, a Thikaathine, a contre bas de la route carrossable, au dessus du village Ait El Mansour .Alors que l’on se chauffait au feu de bois dans cette épicerie vétuste, on attendait l'arrivée de l'autobus. Soudain le bruit d’un ronflement de moteur  nous parvint à nos oreilles, c'est le bus d’Iferrourdjene, sans nul doute! D’autres personnes se joignirent  à nous  deux, mon frère et moi, pour monter dans cette machine merveilleuse, une Renault frégate flambant neuf. Il s'agit notamment de gens du village d’Amnai, Si Arezki Ait Khelifa et Amar Ait Taleb en l’occurrence. La voiture s’arrêta dans un  bruit cadencé de moteur au poids mort et tout le monde monta pour se précipiter sur les banquettes en cuirs brillant.

La voiture démarre.  Il y avait à bord Mohand  Iferrourdjene, le chauffeur, Lounis.le graisseur ou caissier que on en trouve dans chaque équipage de transport lourd.

Nous franchissons le virage de Ait Idir Ouali, Lounis se mit à essuyer machinalement, avec un chiffon propre, la buée du pare brise qui commençait à gêner la visibilité.

« Arrête de gêner la visibilité, ce virage ne me dit pas quelque chose qui vaille. Nous pouvons nous trouver face à un imprévu. «  dit le chauffeur à son coéquipier.

 En franchissant le deuxième virage, une pluie de projectiles s’abattit sur nous sans discernement aucun.

Le bus s’arrêta net, la panique s’empara des voyageurs. Nous descendîmes dans la précipitation, paniqués, chacun alla dans une  direction. A cet instant Monsieur Rezki Ait Khelifa  lançait cet appel au secours en direction des assaillants : « cessez de tirer, vous allez tuer les enfants de Mohand Oussaci! ». Les tirs cessèrent immediatement comme par enchantement.

La fuite n’a été rendue aisée a cause du verglas qui tapissait la chaussée. On glissait, on tombait et se relevait en ayant l'impression que nous n’allions pas nous en sortir vivant de cette embuscade.

Nous nous refugiâmes au moulin de Sihali TAYEB, lequel était situe  sur le bord de la route carrossable a quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat. Arouar qui fut l’un des assaillants vint  à notre rencontre. Ayant entendu l'appel de Rezki Ait Khelifa, pensait que nous étions touchés. Il est venu sans doute s’enquérir de la situation, suite à cette erreur que l’on peut qualifier pour le moins de bavure.

Plus de peur que de mal, Dieu merci, mais le conseil de mon pere n'avait pas été suivi, et cela aurait pu finir dramatiquement.

 

 


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