Genèse de la Révolution dans un village Kabyle
Ait Saci 1955
La constitution et la composition du comité des cinq ont été élaborées dans l’enceinte de la mosquée d’Ait Saci. Une réunion s'était déroulée à l’intérieur même de la mosquée ou les cinq futurs membres du comité prêtent serment, en jurant la main sur le Coran.
Monsieur El Hadj Youcef, dont le nom de famille est Fellahi, natif du village Ibelkissen, a vécu, dans sa prime enfance, les débuts de la guerre dans la commune d'imessouhal partie intégrante de la commune mixte de Michelet, aujourd'hui rattachée, selon le nouveau découpage administratif a la Daïra d'Iferhounene. Il témoigne pour la postérité sur les événements qu'il a lui-même vécu, enfant fréquentant la Zaouïa de Sidi Moussa, baignant dans ce climat de terreur imposé par l'agression colonialiste. Il nous livre ici les images indélébiles des actions héroïques mais aussi des exactions et de la folie furieuse de l'armée française, au début de la guerre.
Écoutons-le, son récit d'une clarté nette et d'une précision limpide, malgré les décennies qui nous séparent maintenant du début de la révolution.
Début 1955, les moudjahidines prenaient contact avec mon père, Mohand Saïd Ait Oufella. Il se déplaça à Ain El Hammam ex Michelet, pour rencontrer Mohand Ait Oussaid a qui il annoncera que le comité se rendra durant la nuit, à leur village, pour organiser la lutte contre l’occupant. A son retour d’Ain El Hammam, mon pére s'était muni d'un chapelet de viande (des morceaux de viande de bœuf enfilés). À cette époque la viande se vendait par chapelet et non par kilos. Il mit au courant ma mère de l’arrivée imminente d'invités de marque. «Tu dois préparer toute cette quantité de viande» lui dit-il. Ma mère avait évidemment compris le langage codé de mon père. Elle devina l’importance de sa mission : être, à la hauteur de l’événement en préparant ce couscous kabyle, garni et des plus exquis.
Moi j'étais encore élève de l'école coranique de Si Moussa au cœur meme du village de Ait Saci, et en tant qu’enfants, avec mes camarades, nous ne savions encore rien de ce qui se passait.
Le comité arriva au village, il rassembla l'ensemble des adultes et les adolescents. Les membres du comité a l’unanimité, font jurer tout le monde la main sur le Coran de ne jamais trahir les artisans de la lutte contre les soldats français de l’occupation. On désigna le chef de refuge en la personne de mon père, en l’occurrence Mohand Saïd, puis le chef de front (collecteur de fonds) ainsi que les mousseblines. Ils constituèrent officiellement le comité des 5. Le comité était composé de mon pere et Zi Idir de Taourirt, Mouloud Ait Hamouche, Mon oncle Abdelkader, mon oncle Belkacem, aujourd’hui tous décédés. Ce comité des 5 avait la charge de prémunir la révolution contre toute collaboration avec l'ennemi et de servir la révolution qui se préparait discrètement.
Le comité dispose de toutes les prérogatives militaires, administratives et juridiques et notamment de décider du sort des collaborateurs. La sentence réservée bien entendu aux traitres, c'est la mort. Le jugement est sans appel.
Des les premiers jours les moudjahidines commençaient d'affluer vers le village. Le surlendemain, Djaffar Ait cheikh est rentré avec son groupe de choc. Il y avait aussi Boudouaou Ait Khelifa qui était membre du comite des 5 qui était entré au village Ibelkissen.
Avant de narrer les circonstances de la mort de Amar Ait Cheikh, nous devons écrire ce témoignage de Chikirou Si Tahar moudjahid de première heure, témoin oculaire de la cette guerre franco algérienne dans la région de la Haute Kabylie (Iferhounene- Michelet):
Monsieur Chikirou écrit sur Amar Ait Cheikh ce qui suit :
" Cheikh Amar dit Si Salah est un moudjahid depuis 1947. Apres une réunion a Ain El Hammam, ex Michelet, sous l'égide du P.P.A avec la participation de la majorité de la population de la région. Les représentations de la France sous l'autorité des militaires ont voulu faire barrage a cette rencontre, mais, vu le nombre important de la population ainsi que la crainte de trouble et de dégradation de la situation, a la fois de cette reunion,il a été poursuivi par les représentants de la France afin de mettre fin a ces activités et heureusement il s'est rendu compte, donc il a quitté les lieux de son domicile a Azrou Kollal, non loin de Ain El Hammam, et les militaires français ont saccagé sa maison et sa famille , et depuis il était recherché de l'armée française.
Mais la politique de ce grand guerrier suit toujours ces activités de sensibilisation de la population pour lutter contre le colonialisme de la France dans toute la région de Michelet avec sa composante humaine et meme dans d'autres régions e la Grande Kabylie et la petite Kabylie.
Amer Ait Cheikh avait des liaisons avec des éléments très actifs comme ;
- Si Mohand Amokrane Ath Belkacem du village Ait Haroun dans la commune d'Ait Yahia.
- Laimeche Ali de Tizi Rached
Et beaucoup d'autres militants.
Déjà en 1945, il avait prévu une réunion dans mon village de Tanalt, commune d'imessouhal avec les représentants de la région a leur tête Belhocine Si Mohand Akli représentant du P.P.A. Mais cette réunion sera annulée en raison des circonstances de la période apres les événements du 8 mai 1945a Sétif, Guelma et Kherrata, donc la situation était difficile dans toutes les régions de l’Algérie entière.
Le P.P.PA suit toujours ces actions de sensibilisation jusqu'au déclenchement de la guerre de libération nationale le 1er Novembre 1954.
Le déclenchement de la guerre de libération nationale sous l'Égide du FLN et de l'ALN le 1er novembre 1954. Le mot d'ordre de notre guerre était de cibler en priorité es postes clés de la France sur le territoire national, comme preuve de guerre officielle contre l'occupation française en Algérie.
Dans la région de Imessouhal, en l'occurrence la région ou je suis né, la majorité de la population a réuni les armes personnelles pour les confier aux membres de l’ALN sous la responsabilité de Monsieur Belhocine Mohand Akli qui a aussi chargé Monsieur Chkirou Si Mohand Tahar et Chikdine SaId pour les distribuer aux mousseblines engagés dans la lutte contre l'occupant.
L'organisation de cette lutte a été conçue par les leaders, de la façon suivante :
L’ALN, en liaison avec les mousseblines et progressivement la contribution des populations civiles de la région.
Le soir du 11 Aout 1956 lorsque je suis entré au village de Tanalt, J’avais ressenti une grande frustration en trouvant le village vidé de ses habitants. L’armée française avait procédé à l'arrestation de tous les villageois âgés entre 18 et 50 ans, ces derniers ont été amenés de force vers le camp de concentration de Michelet. Par contre 7 moudjahidines tombés au champ d'honneur dont voici les noms :
Ait Tayeb Djaffar du village Igourés
Ben Aissou Boudjemaa du village Thaghzoult
Selmi Ahcene du village Thakhlidjth Ath Atsou
Yefsah Ali du village Tizi Guegres
Amri Rabah du village Ahfir
Si Youcef Salem du village Ait Youcef Ouali
Ben Malek Hocine du village Aourir Amar Oumoussa
Les corps de ces martyrs ont été transportés par l'armée française dans des camions, puis enterrés par la suite dans une fosse commune a Takorabine (ASSEKIF Netmana) a l'entrée de Ain El Hammam (ex Michelet).
J’ajouterai en ce qui concerne le grand maquisard Amar Ait Cheikh :
Trois mois apres le décès du courageux moudjahid Amar Ait Cheikh dit Si Salah, nous avions procédé au déterrement de son corps, en méme temps que ceux de ses compagnons de guerre, Hocini Abdellah et Idir Athervah (Ait Ali Mohan Ouidir). D'ailleurs, nous avions mis les corps dans des cercueils en bois, et les avions enterrés par nos soins au village de Tanalt au lieu dit Madrassa pour faire diversion a l'armée française, de crainte qu’elle ne les découvre. Néanmoins, un constat s'impose sur le fait que le secrétaire de Amar Ait Cheikh, en l'occurrence Si Abdelkader qui avait fait preuve de beaucoup de courage et d'engagement, a caché tous les documents secrets en sa possession et récupéré ses derniers par la suite, selon son propre récit des faits. Cette information sera d’ailleurs confirmée par les responsables de l’LN dont le célèbre maquisard Yaha Abdelhafid dit Sil-Hafid, du village de Thakhlidjth Ait atsou.
Il faut ajouter a propos de la mort de Amar Ait Cheikh, que durant l'année 1963, Ait Ahmed, le colonel Ouamrane, Krim Belkacem s'étaient déplacés en personnes a Tanalt pour faire procéder au déterrement de ces trois martyrs pour les réenterrer ensuite chacun dans son propre village de naissance." fin de citation du témoin présent, et ayant participé activement avec ses compagnons a la lutte de libération nationale.
Continuons maintenant notre récit sur la genèse de la Révolution en Kabylie.
Le jour de sa mort, Amar Ait Cheikh était poursuivi de nuit par les forces françaises de Sidi Ali Ouyahia, ou elles avaient organisé un ratissage dans la région des Ittourrar, vers les Imessouhals. A son arrivée au village, a l'aube, Amar Ait cheikh est venu voir mon père de qui il sollicita un moussebel, pour se faire guider dans la région. Mon pére lui répondit que tous les moussebels étaient sortis à cette heure-ci. Il lui demanda alors de lui indiquer la forêt la plus proche du village. A cet effet, mon père s’en alla réveiller Idir Ait larbi. Amar Ait Cheikh lui fit part de son inquiétude en ces termes, quant au choix de l’accompagnateur proposé : " Cette personne est jeune, nous avions été poursuivis par les soldats français, ils risquent de le capturer vivant".
Quittant son interlocuteur, mon père décida alors d'aller réveiller El Hadj Omar pour lui demander d'accompagner Amar Ait Cheikh a la forêt dite Ahriq ttejmaath, littéralement la forêt de la djemaa, située a proximité du village. El Hadj Omar acquiesça sans commentaire. En fait Amar Ait Cheikh était accompagné d'un autre maquisard Chargé de la liaison. Les deux hommes devaient rejoindre le village Tanalt ou ils avaient rendez-vous pour une réunion importante. Amar Ait Cheikh donna ordre à la liaison de rejoindre Tanalt à 10 heures. Il devait le rejoindre dés que les soldats français auraient quitté les lieux. La liaison avait pris le chemin de Tanalt, et Amar Ait Cheikh accompagné de ZI Omar prirent le chemin de la forêt Ahriq TTjemaath. Zi Omar est revenu au village apres sa mission accomplie. ZI Omar était persuadé que les soldats français étaient déjà au village. En rentrant chez lui, il changea de vêtements.
Au premier passage des soldats, Amar Ait Cheikh n'avait pas été découvert, car bien camouflé dans sa cache. Croyant que les soldats avaient quitté la région, Amar Ait Cheikh se découvrit en quittant son refuge pour se déplacer. Il fut aperçu par les soldats qui étaient postés sur le flanc de colline qui lui faisait face. L'ayant aperçu, ils déversent sur lui un déluge de feu ou toutes les armes se mirent à crépiter. Les balles l'auraient atteint sans le tuer sur le coup. Il succomba à ses blessures quelque temps après. Nous étions le 11 Aout 1956, à 11 heures du matin.
La deuxième vague de soldats qui avaient déjà traversé le village, alla pour bivouaquer un moment sous le village.
Mon pere ayant entendu les rafales de fusil mitrailleur et les coups des de feu de toutes sortes d'armes avait compris qu'il s'agissait de la découverte de Amar Ait Cheikh par les français qui le pourchassaient. Apres quoi, les soldats entrèrent dans les maisons du village, en commençant par la maison située a l'extrémité qui appartient a Dehbia Ait El Mouhoub, se sont livres a un massacre systématique de la population, a coup de pieds et de poings, de crosses. On entendait fuser des cris et des hurlements, des pleurs d'enfants et de femmes. Mon père a pu s'exfiltrer de cette cohue.il alla vers les soldats qui avaient auparavant procédé a la fouille des maisons, avant l'attaque et qui étaient postes au dessus du village. Un soldat vint à sa rencontre pour lui demander:
- que cherchez-vous, vieillard?
- je veux voir votre chef
- tu veux absolument le voir?
- oui, je dois le voir
Le soldat quitta mon pere aller conférer avec son capitaine.il revient accompagné de son chef
Le capitaine posa la question a mon pere :
- Que veux-tu vieux?
Mon pere lui répondit en ces termes;
- J'avais une haute idée de la France, moi qui ai fait mes classes dans l'armée française. Je pensais que les soldats français, moi qui était soldat français, étaient propres. Monsieur, sachez que des soldats sont entrés par l'extrémité sud du village et se sont adonnés a un massacre d’enfants et de femmes !
- êtes-vous surs qu'il s'agit de mes soldats? interrogea le capitaine. Sont-ils équipés de foulard jaune? ajouta l'officier militaire français.
- Non! répondit, mon père au capitaine, ceux qui étaient entrés par le bas du village, portaient des foulards rouge a l'épaule.
Le capitaine ordonna a son subalterne d'aller faire sortir des maisons les soldats intrus en leur signifiant que le village relevait de la compétence de la 1ere compagnie de Agouni Adella et non de celle de Ait Hichem. De plus nous avons fouille les maisons, il n ya que des civils, il n ya donc rien faire dans ce village, le soldat désigné par le capitaine pour mettre fin a ces exactions se dirigea vers l'endroit d'ou fusaient encore les cris, suivi de mon pere. En arrivant sur les lieux, il donna des coups de semonce sur les murs pour attirer l'attention des soldats pris dans leur folie répressive. Les soldats se mirent à sortir un par un.
Il donna les ordres pour quitter le village :- vous allez quitter ce village immediatement. Les soldats de ma compagnie ont déjà passé au peigne fin ce village. Nous sommes la, vous nous n'avez rien à y faire.
Un des soldats de la 3 émie compagnie dont le camp est installe a Ait Hichem, qui était la répondit : - Nous ne sommes pas au courant.
- Qu'est ce que c'est que tous ces crépitements d'armes que nous avons entendu toute a l'heure dans la forêt, proximité du village, vous tiriez sur quoi?
- Nous avions tiré sur un individu que nous cherchons depuis un bon moment, et que l’on n’arrive pas retrouver. Il nous a visé avec une rafale de mitraillette et a réussi à couper la ceinture de la mitraillette d'un de nos soldats. Un véritable miracle que notre soldat en soit sorti indemne.
Mon père qui assistait a cette discussion entre soldats de la 1 ère et 3 éme compagnie des chasseurs alpins avait deviné que le fellagha qui avait tire sur ces soldats n'était autre qu’Amar Ait Cheikh, sachant qu'a ce moment et à cet endroit il était dans les parages.
Les soldats quittèrent les lieux, mon père est resté devant le portail d'entrée de la maison. Il devait être 11 heures, car a cette heure ci, les femmes avaient pour instruction ferme de vider toutes les réserves d'eau du village, pour empêcher les soldats français de s'en servent dans les tortures par simulation de noyade.
A la mi journée, le moment pour la soldatesque française de se restaurer, un soldat vint solliciter de mon père la réquisition de deux jeunes adolescents pour une corvée d'eau. La Fontaine se situant a quelques dizaines de mètres du village.
Mon père vint à moi accompagnée d’Ahmed. Il m'ordonna : - vous allez a Mizav h'lou, la fontaine douce, chercher de l'eau aux soldats.
- nous ne le ferons pas, nous avons peur des soldats, lui répondît-je.
D’autant plus que pour le village Ait El Bachir avait été investi par des soldats noirs, des sénégalais. Ajoutais-je.
Le soldat qui se tenait devant nous s'était propose de nous accompagner. Il confia son arme a son collègue, et vint de ce pas se joindre a nous pour la corvée d'eau.
Arrivés à la fontaine, nous remplîmes les seaux dont nous étions munis et nous en revenions pour les mettre à la disposition des soldats.
Je confirme donc qu’Amar Ait Cheikh est tombé sous les balles des forces françaises entre 11 heures et 11 heures 30 a Ighil Ahla, exactement à Ighzer Oumalou (l’oued de l'Ubac littéralement) seulement à quelques mètres du pont d’Ait Antar. Une demi après sa mort, soit a 12 heures, les soldats devaient déjeuner et avaient besoin pour cela de l'eau pour se désaltérer.
Il est mort seul. Quand à Si Boussad Bouerdja, qui assurait la liaison d'un autre groupe de maquisards, il a été tué à l'interieur du village, durant la nuit du 11 au 12 Aout 1956, précisément à 22 heures. Par la suite, d'ailleurs les soldats français avaient passé la nuit du 11 au 12 Aout 1956 au village.
Mon pere qui connaissait la mentalité des soldats français, d'autant qu'ils étaient a ce début de la révolution exemptes de malices et de méchancetés, compte tenu de la présence très rare de harkis qui pouvaient éveiller leur esprit quant a notre stratégie de la guérilla, commençait a prendre peur a l'approche de la nuit, car tous les moussebelines étaient en mission commandée, et ils pouvaient d'un moment a l'autre commencer a rentrer au village, ne sachant pas la situation de blocus dans laquelle l'avaient mis le troupes françaises qui scionnaient a l'interieur occupant tous les endroits stratégiques.
Il alla voir le capitaine pour déjouer son attention et le mettre en confiance et lui dit :
- Mon capitaine, je teins a vous informer que j'ai engage des ouvriers agricoles pour des travaux de champs, non loin du village. Il est l'heure pour que ces ouvriers rentrent maintenant au village. Dans les conditions que vit présentement le village et la population, ils risquent d'être abattus par vos soldats s'ils venaient à pointer vers eux. Je vous demande par conséquent l'autorisation d'aller les chercher moi-même pour les mettre en garde de prendre des initiatives individuelles de fuir devant une sommation de vos soldats.
Apres un moment de réflexion, le capitaine lui rétorqua ;
- voila, je te propose d'agir ainsi ; tu vas aller te positionner a contre bas du village. De la, tu appelleras tes ouvriers a haute voix pour leur dire rentrer sans tarder. Le dernier délai que je leur accorde sera signale par l'appel du muezzin a la prière. Au delà de donc de l'heure de la prière de la nuit (Aicha), tout déplacement en dehors du village sera considéré comme suspect, et dans ce cas je ne peux vous garantir quoique ce soit
Sitôt dit sitôt fait, mon père se posta a contre bas de la maison extrême du sud du village et commença d’appeler a haute voix :
- C'est moi Mohand SAID! A tous ceux qui m'entendent! Les soldats sont à l'interieur du village! Ils y passeront la nuit. Ceux qui souhaitent rejoindre le village, vous avez un délai jusqu' a l'heure de la prière de l'Aicha! Au-delà, vous risquez d'être tués. Les mousseblines qui étaient dans les parages aveint entendu l’appel de mon pere. Il y avait
Tahar Taourirt, Arezki, Zizi M'hand, ils étaient, en fait tous terrés chacun dans sa cache.
Quelques temps apres, le capitaine accompagne de 3 soldats se dirigea vers le bas du village. Et ce pour vérifier ce que faisait réellement à cet endroit mon pere? En fait la soldatesque avait repéré un individu qui remontait vers le village. Il avait été aperçu par les militaires qui occupaient le village, en face, Ait Antar. Ceux sont les soldats de ait Antar qui avaient alerté ceux qui avaient occupe notre village. L’alerte donné par mon pere avait dissuadé les mousseblines de rentrer au village et les avait mais en garde. Ils rebroussèrent chemin.
Mon pere qui était encore sur les lieux avait été rejoint par le capitaine. Mon pere tentait de faire de la diversion dans l'esprit du capitaine, il s’adressa a lui ;
- Mon capitaine, notre village est un carrefour, un passage oblige pour les villages riverains, si vous voyez des passants, transiter par la, cela est tout à fait normal. Il n ya pas d'autres sentiers pour aller d'un village a un autre que celui qui traverse notre village
- nous sommes au courant, nous avons les plans de la région
Apres cet échange bref, toute la population s'est terrée dans les maisons. Nous étions ressembles, a 3 ou 4 familles par maison. Barricadés pour la circonstance.
A 22 heures, Si Boussad Bouerja qui assurait la liaison, descendit vers le village accompagne du groupe de choc en provenance d’Agourés. Il n'a pu rencontrer aucun villageois pour être renseigne de la situation du fait du blocage de toute la population dans les maisons. Le groupe de choc était resté en retrait, Si Boussad continuait de progresser à l’interieur du village. Il avait attire l'attention des soldats par le bruit de ses pas. Il était a dix mètres a peine des soldats embusques. C’est le chien qui accompagnait les militaires dans leurs opérations qui avait découvert la présence de si Boussad, lequel chien s'était mis à aboyer sans répit. Si ce n'était les aboiements du chien, il se serait trouve nez a nez avec les soldats. Brusquement, une rafale déchira la nuit, suivie de plusieurs coups d'armes. Il est tomba, la soldatesque ne lui avait laisse aucune chance de survivre a cette mitraille.
Puis le silence dans l'atmosphère nocturne d'une nuit estivale. La peur dans les entrailles, la population sombra dans le désespoir et le doute. Qui a été abattu avec ce déluge de feu?
Au petit matin, la population est réveillée par des coups de semonce sur les portails d'entrée des maisons. Quelque appela mon pere qui sortit immediatement. Il était le seul homme dans le village, les autres étaient bloques a l'extérieur du village par le ratissage. Il ne subsistait au village que quelques vieillards et les enfants, le reste des adultes valides avait pris le maquis, soit en en qualité de maquisards, ou de moussebels.
Mon pere en sortant pour aller rejoindre la plate forme du village, son regard tomba sur le corps allonge de Si Boussad, inerte il était mort. Les soldats qui l'avaient exécuté, lui avait pose son pistolet (italien) sur la poitrine et une liasse de billets qui représentait une somme de 5000 frs de l'époque, fruit des cotisations des populations.
Le capitaine interrogea mon pere a ce propos ;
- Monsieur, connaissez- vous cette personne? Pouvez-vous le reconnaitre.
- non, je ne le connais, répondit mon pere. En tus cas il n'est pas des nôtres 9 du village sous entendu). Je vous avais pourtant averti la veille, que notre village constitue le centre, et le passage oblige des populations environnantes. Mon pere était assez éveillé, espiègle je dirais. La guerre mondiale a laquelle il avait participe dans les rangs de l'armée française l'avait forge et éveillé son sens de la ruse de guerre.
Le capitaine ajouta ;
- nous avons trouve sur lui un pistolet et 5 000 francs, vous avez l'enterrer comme vous avez l'habitude d'enterrer vos morts, selon vos coutumes et usages, ne croyez surtout pas que vous devez déroger par ce que cette personne est un fellagha.
- Étant donné que nous ne sommes pas nombreux dans ce village, avec votre permission j'irai avertir les habitants due village voisin du dessus, qui sont tous des parents a nous, pour nous aider et assister en meme temps a l'enterrement, Mais nous craignions d'être vus par d’autres soldats et qu'ils nous tirent dessus,
- vous n'avez rien à craindre. Munissez-vous de draps blancs que vous étendrez sur le sol de façon à ce qu’ils soient visibles de partout. Ils sauront qu'il s’agit d’un enterrement.
Quelques temps apres... mon pere est monte au village ait Saci pour avertir tout le monde de la mort de Si Boussad, il en revint accompagne des rares vieux qui restent au village dont Tayeb, Mohand El Hadj. Ils enterrèrent le mort, dans l'enceinte de la zaouïa de Sidi Moussa.il était 9 heures, les soldats quittèrent la région, je les voyais s'éloigner sur le versant Boukarva, qui fait face au village. La région se vida de toutes les troupes françaises, Vers 11 heures, les premiers moussebliens commencèrent d'affluer vers le village, entre autres Zi Omar. Tahar de Taourirt, Arezki de Taourirt, Zizi Ameziane Ath M'hidine, Zi Zi El Hanafi, Zizi Mohand Ouidir...Mouloud Ath Hamouche, Zizi Arezki, Zizi M'hand,
Mon pere réunit l'ensemble des mousseblines et leur intima l'ordre d'aller récupérer Amar Ait Cheikh. Il est mort, leur annonça-t-il solennellement.
Ils se lancèrent tous à la recherche du corps d’Amar Ait Cheikh, en vain. Quand vint Zi Ameziane vers mon pere pour lui annoncer que toutes les recherches se sont avérées vaines.
Personne n’a pu retrouver sa trace et pourtant, les soldats français avaient récupéré la mitraillette sans savoir ce qui était advenu réellement du Fellagha qu’ils pourchassaient.
Zi Ameziane vint a son tour confirma a mon pere qu'ils n'avaient retrouve aucune trace du fuyard. Et pourtant mon pere était certain que le maquisard a été tué.
Mon pere persista et insista pour les recherches continuent" cherchez a proximité du pont de Ait Antar, je vous dis qu'il a été tué" insista-t-il.
Les recherches ont repris intensément, Zi Omar suivant les conseils de mon pere, entama ses recherches depuis ce fameux pont, en remontant vers le village. Sur sa piste, il soupçonna un endroit sablonneux couvert de haires de roseaux, il se fraye un chemin, et tomba sur un monticule sous lequel était enseveli le cartable bourré de documents ultra secrets d’Amar Ait Cheikh. Zi Omar qui raconta cet événement, était persuadé que le corps du maquisard tué, n’était pas loin et qu'il suffisait de bien fouiller les alentours minutieusement. Ils déduisent que touche de plein fouet, Amar Ait Cheikh a dégringolé jusqu’a l'oued, abandonnant abandonnant dans sa chute d'environ 50 mètres, sa mitraillette. Il cacha son cartable. Remonte sur le flanc nord de la rive, la il trouva un bassin, une espèce de marre naturelle entourée d'une végétation très denses et couverte d'arbres qui font qu'elle n'est pas visible de loin sauf a y mettre les pieds. Il avait du boire a ce a ce moment, suite a sa blessure. Il est mort dans la marre. Les mousseblines l'ont enfin découvert, et son pistolet par devers lui
Quand vinrent Madani Ait El Hadj et Zi Omar
Amar Ait Cheikh sera enterre avec tous les honneurs en présence de dizaines de maquisards et de mousseblines de tous les villages de la région.
Il a emporté avec lui un secret que personne ne saura sauf a le déterrer et en vérifier l'authenticité de l'information. (AMAR. ICHA+Thimouklemt).
Il sera, plus tard déterré pour être remis en terre dans une civière en bois. Le secret comme seul compagnon dans sa tombe. Déterré une seconde fois, transféré au village de Tanaflt, sur le site de la Medersa, son corps sera enseveli tel quel dans un petit espace, sans pierres tombales. On sema sur sa tombe de l'orge, pour empêcher sa découverte par les troupes françaises de peur de représailles.