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Oran ou la beauté d'une jeunesse

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Je donne un nom à ce tableau . 12088_457474371034587_1857599854_n.jpg

La Beauté d' une jeunesse voilée, dévoilée, la mienne.

Par

Luce Caggini
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Ce matin dans Paris, je sens sur toute ma chair un vent aussi doux que celui qui courait dans la vallée du Cheliff pendant les vendanges aventureuses de ces terribles années toutes tachées des émotions ef­froyables, celles de tous, de mes amis arabes qui nous vendaient leurs récoltes dans le Dhara. Après une journée passée à courir sur leurs terres, épuisée de thé et de pâtisseries, je quittais Souk -el- Had, Sidi-Bou Abdlajah avec des couffins de raisins et de figues fraîches.
Les uns et les autres étions meurtris d’être vus et en­tendus comme si nous n’avions jamais vécu autre­ment que repus de sang et de la joie de nous entre­tuer. Vision faussée que je ne saurai jamais pardonner, car nous en étions tous blessés .

L’ oued Tarhia qui prend sa source dans le Chélif et moi étions nés entre deux eaux, entre la riante vallée et le ravin des roches dures irradiantes dans l’Histoire dansée, chantée des hommes nomades.
Je ne peux expliquer mon engagement à mon Art en Berbérie que dans cet attachement naturel indestruc­tible aux villes d'Oran et de Mostaganem où je suis passée de l'enfance à l'adolescence comme on passe du jeu de mains aux jeux de la cruauté des adultes ...

Avec les années, une partie de moi se métamorpho­sait en captive heureuse bénie, éperdument liée à ces deux souveraines de ma vie algérienne.
Les échappées au village nègre, les rues qui des­cendent dans les vieux quartiers d’Oran,la radieuse El -Bahia, qui ne sait pas faire autrement que de vivre à l‘heure espagnole,Wahran la ville des lions, aussi mystique que charnelle.imgz.php.jpg

Mdina Jedida, le quartier arabe où sous chacun de mes pas mon cœur battait un peu plus lentement en aspirant le henné et le camoune. Dévalant les escali­ers de la rue de Gênes, une chaussure dans chaque main avec la jouissance d’une bohémienne en sursis, j‘allais ivre des parfums que je pistais pour le seul plaisir de la désobéissance .

Plus tard c’est à Tigditt, quartier arabe de Mostaganem où je puisais les éléments indissociables de ma voluptueuse unité de pensée avec mon pays.

Dans la lumière crue de midi, je bondissais d’une maison à l’autre entre les épices, les haïks, les chéchias dans une dépendance de fille avec sa mère lui disant à voix basse, aies le mariage de ton cœur avec le mariage de tes origines.1375044_457381547710536_1371771558_n.jpg
Que d’images précieuses liées à la touffeur de cette parenté. Cette aventure, c’est  le matériau enflammé de mon œuvre naissante; même s’il y eut trente an­nées passées à y travailler, je les regarde comme des balbutiements. Ma grande révélation, qui n‘aurait pas dû en être une, c’est la découverte de la jeune peinture algérienne quand elle sait se dépouiller des classicismes de l‘art tradi­tionnel des mosquées.
Elle jaillit de ces jeunes peintres maghrébins comme une fra­ternité qui nous unit, me rendant plus réelle à moi-même.

Luce Caggini


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