Mais où est donc Abdelaziz Bouteflika ?
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Depuis son retour sur un fauteuil roulant, le mardi 16 juillet 2013, le Président Abdelaziz Bouteflika a disparu des écrans. Aucune apparition officielle d’ailleurs.

L'interminable parenthèse
Le Président est visiblement rentré dans son palais pour poursuivre sa convalescence. Et finir le mandat sur sa chaise. Pourtant, au lendemain même de son retour, la presse algérienne était sceptique de voir un jour le 5ème président de la République revenir aux affaires. A 76 ans, Bouteflika semble à bout de force, et poursuit "une période de repos et de rééducation", selon les sources de la Présidence. Pas une déclaration de plus. On ne sait rien d'autre sur sa maladie, sa capacité à décider. Une seule phrase a été à peine murmurée de sa bouche depuis son évacuation en France : "in chaa Allah". C'était à son retour il y a 20 jours.
En attendant, c’est son Premier ministre Abdelmalek Sellal qui meuble l'activité officielle. Il continue de sillonner le pays, essayant tant bien que mal d’afficher une bonne santé du gouvernement. Depuis quelque temps, le Premier ministre est en tournée politique, assurant un rôle de prêcheur de la bonne parole et de la cause de l’Etat, pour sauver le meuble "Bouteflika". Des agitations qui font d’Abdelmalek Sellal un Premier ministre algérien qui a le plus voyagé. Pourtant la parade Sellal a ses limites, car il faudra rapidement dire aux Algériens si le président est à même de finir son mandat ou non. Car, il y va de l'avenir de l'Algérie, on ne peut raisonnablement la tenir en otage pour les besoins d'un clan. Aussi puissant soit-il.
En attendant, l’éclipse du Président se prolonge. Et ce lundi, la presse note déjà son absence lors de la célébration de la nuit du 27e jour du Ramadan, à la grande mosquée d’Alger, organisée dimanche soir. C’est donc la deuxième fois que Bouteflika rate une cérémonie officielle, après les festivités du 5 juillet. Son absence ne pouvait pas passer inaperçue, car le Président et son gouvernement avaient l’habitude d’assister à cette cérémonie religieuse, retransmise chaque année en direct, à la télévision nationale. Cette année, c’est le Premier ministre, M. Sellal, qui a représenté le chef de l’Etat dont la participation à la prière de l’Aïd-el-Fitr dans quelques jours, reste incertaine.
Des lois en stand-by
Contrairement aux apparences, de nombreux textes et décisions stratégiques sont renvoyés aux calendes grecques. C'est la paralysie. Alors que dans les coulisses les noms des futurs candidats se murmurent, plusieurs dossiers considérés "urgents" restent en stand-by. On attendait le retour de Bouteflika pour traiter des dossiers importants, notamment les questions de la loi de finances complémentaires, ou encore la révision constitutionnelle, ça ne sera pas chose faite. Ces dossiers continuent de prendre de la poussière. Aucune décision importante n’a été prise ces derniers mois. A l'APN, les députés font semblant de tourner la machine. Au Sénat, on se roule les pousses. Chose encore plus étonnante : aucune réaction, ni l’opposition, encore moins de la population. Il semble que les Algériens laissent passer le temps, en attendant 2014, date de l’élection présidentielle.
Hormis Benbitour, les successeurs potentiels de Bouteflika refusent de rendre publiques leur candidature. Pendant ce temps Abdelmalek Sellal qui est sur tous les fronts en ce moment reste un potentiel successeur. Certaines voix évoquent Mouloud Hamrouche, d'autres Ali Benflis. Autrement dit, des militants ayant fait leur école au FLN. Ahmed Ouyahia est lui aussi cité. Sa rencontre avec le patron du DRS, rendue publique, laisse penser qu'il serait candidat. Une quinzaine de cadre du RND l'ont même appelé à se positionner pour la présidentielle.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à sept mois de la présidentielle, les candidats ne se bousculent pas.
Hamid Arab/Afrik.com