Défaits depuis plusieurs années déjà sur le terrain du combat social et syndical, Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs, et Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de la Centrale syndicale, s’inventent un nouvel ennemi et partent en campagne pour « faire échec à toute tentative d’ingérence étrangère dans les affaires du pays ».
Hanoune multiplie les attaques contre les Etats-Unis, aussi bien dans des discours internes au parti que dans la presse et les médias télévisés, retrouve son ancien compagnon des luttes syndicales, seul aujourd’hui, après le départ d’Ahmed Ouyahia, avec lequel elle pourrait faire « campagne ». Récemment encore, elle s’exprimait à l’ouverture de la session du Comité central du parti et révélait avoir eu des concertations avec le secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, autour d’une « mobilisation générale » pour faire échec à toute tentative d’ingérence étrangère dans les affaires du pays.
En pleins troubles sociaux au sud du pays, les deux compagnons avaient lancé une initiative pour canaliser les jeunes chômeurs, lesquels s’étaient vite démarqués de Louisa Hanoune, comme de Sidi Saïd. Durant toutes les années 2010, 2011 et 2012, ce sont les syndicats autonomes non affiliés à l’UGTA qui avaient porté la contestation socioprofessionnelle sous le balcon du gouvernement, grignotant chaque jour un peu plus sur le terrain de l’UGTA. Non seulement les revendications des syndicats autonomes avaient permis aux travailleurs de se poser là où l’UGTA ne leur permettait pas, mais aussi, ces syndicats avaient permis au gouvernement d’avancer en portant la barre des revendications toujours plus haut.
Se sentant menacés par l’expansion de ces syndicats et des développements sociaux, Louisa Hanoune et Sidi Saïd innovent en pointant un doigt accusateur sur les seuls Etats-Unis, amplifiant des détails et jouant sur les menaces, vraies ou supposées. Au final, ce ne sont pas les troubles sociaux que le « duo de gauche » cherche à contenir coûte que coûte, ni les syndicats autonomes, très expansifs, qui constituent une menace, mais bien la propre nature des idées de base – combat syndical, monde du travail, tutelle étatique, menace extérieure, patriotisme stérile, etc., -- du PT et de l’UGTA, idées qui semblent être arrivées à leurs extrêmes limites…
Fayçal Oukaci
