Zahra : la charmante enfant kabyle Extrait du livre " l'indépendance usurpée"
A extrême sud-est du village est née cette charmante enfant. Beauté et intelligence se sont rencontrées en elle, pour s y installer confortablement. Ils se sont dirais-je, unies, mariées en elle. Dans son corps et dans son esprit. visage oval, parsemé d`œufs de perdrix, des yeux noisettes, une petite bouche aux lèvres légèrement charnues nous donnent cette image d’un bébé que l’on ne peut s`empecher d'adorer, choyer, embrasser.
Elle était toujours premier de la classe et objet d`admiration, voire de convoitises des garçons de son village. Remarquée de tous, hommes, femmes et enfants, mais surtout elle est la convoitise des jeunes adolescents qui ont tous tenté de se l'approprier tant qu’ils pouvaient faire valoir leur jeunesse, leur vigueur, leur espoir en l’avenir. Demande en mariage…refus de « dieu« le père…redemande en mariage…rerefus du père. « Le dieu de la marmite » aurait, selon des oreilles indiscrètes et des langues débridées, opte` pour un gendre riche et résidant loin du village qui l’a vu naitre et souffrir en tant que paysan montagnard, rude et matérialiste.Son départ pour le village voisin ne mettra pas un terme à l’espoir démesuré des jeunes de la voir à leur coté…dans le lit. des nuits et des nuits. Chez nous, kabyles, le sourire, l`amour, la femme, les chuchotements intimes et les caresses érotiques, cela se passe la nuit. Le jour appartient a l`homme, aux travaux durs, à la relation publique, au théâtre de la vie où le sexe fort est acteur principal. L’autorité de dieu le père plane sur le toit de la maison de pierres et de terre, du mur d’enceinte et du portail ou « assqif ».La nuit tombante…un sourire, un mot symbolique que seuls les adultes peuvent décrypter…puis la nuit… douce….infinie. Le kabyle peut vivre d’amour, de figues sèches et d’un peu d’eau fraîche. Il a tout pour survivre : figues, cerises, lait de vache, légumes. Une vie tranquille…beaucoup d’enfants et surtout beaucoup d’amour charnel à l’abri des yeux envieux des citadins civilisés et des voisins prétentieux. Et puis les fêtes et le rideau tombe de nouveau sur la vie des couples kabyles.
Pourtant, Zahra a reussi a bousculer les habitudes de ce village kabyle tant sa beauté et son charme se sont imposes à tous comme une fatalité. Femmes, hommes, filles et garçons, tous ont fini par se soumettre à la loi de la nature qui a fait d’elle une femelle sur mesure, un modèle de beauté, une perfection divine. Une création de Dieu omnipotent et omniscient. Tous méditent la puissance divine qui a crée cette nature presque à son image parfaite. Ses qualité se rapprochaient de la divinité chaque jour un peu plus à mesure qu’elles se révélaient au regard de ce qui n’ont pas eu encore l’occasion de l’admirer. C’est bientôt l’unanimité qui se forme autour d’elle : la beauté absolue Zahra, c’est cette fille que vous voyez pour la première, qui vous attache et que vous ne voudriez plus perdre de vue. Et s’il vous arrivait de la quitter des yeux, elle vous donne cette impression d’avoir égaré ce que vous avez de plus précieux. Vous perdez un peu de votre assurance personnelle, vous tombez dans le scepticisme. Vous êtes comme mal a l`aise sans connaitre les sources de votre mal, le chagrin s’installe en vous de façon imperceptible et sournoise. le spleen vous envahit.
Zahra a quitte ce village en 1968, elle laissa derrière elle poussière et désolation pour les jeunes de l indépendance. Un vide incommensurable, amere, lugubre enveloppe le village en cette année 68. Désormais rien ne sera plus comme avant. Le village s est vide de son amour pour laisser place au néant, au silence mortel des nuits glaciales enneigées, au gémissement du vent, au grondement du tonnerre. Zahra est maintenait dans son lit douillet, elle ne pense qu`au viol rituel`, légitime et légal. Une simple formalité, un passage pour la procréation, les couches bébés, les biberons, les fièvres, les diarrhées et les cris nocturnes des nourrissons.
Zahra se rappelle pourtant de son premier amoureux. Mais sur le coup, le plaisir de l’amour, la découverte de l’autre sexe, a efface tous ses souvenirs d’enfance, au moins pour quelques temps, quelques années plus tard, elle se remémore celui qui, défiant les habitudes et les mœurs kabyles, lui avouera franchement, sans aucun détour, à la manière de l’entièreté des montagnards, sur le sentier très fréquenté du village, son amour fou. Elle sentira toujours la main de son amoureux serrer son bras contre sa poitrine. Elle entendra les premiers mots d amour de sa vie `: Zahra, te rend=tu compte combien je t aime«
- moi aussi je t aime lui a t elle répondu. Je n accepterai d épouser aucun autre que toi
- mais sais tu, Zahra, chérie, que j ai fais des pieds et des mains, auprès de ton père pour obtenir ta main, rien à faire
- il faut voir mon oncle M. qui q beaucoup d influence sur mon père, il pourra le convaincre.
- Sais-tu que j ai vu tout le monde y compris les notables du village pour intercéder auprès de ton père, celui ci est reste intraitable
- je ferai tout pour éviter que ce mariage ne se produise avec celui a qui on ma destine de force.
- je ne voudrais pas que tu fasses quoique ce soit qui puisse gâcher ta vie
= en tout cas, je n aimerai que toi. Et si un jour je dois te quitter, sache cela sera contre mon gré
Des années plus tard, le temps n a pu diminue l’intensité du sentiment qui lie les deux jeunes amoureux.