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Viols en Centrafrique : du sexe contre des biscuits, un enfant témoigne
Viols en Centrafrique : du sexe contre des biscuits,
un enfant témoigne Viols en Centrafrique : du sexe contre des biscuits, un enfant témoigne L' ObsPar L' Obs Voir tous ses articles Publié le 12-05-2015 à 15h19A+A- Viol contre nourriture : c'est le sinistre marchandage dont a été victime Eloi, 8 ans, face à des soldats français en Centrafrique. Il raconte. Soldats français en Centrafrique durant l'opération Sangaris. (JEAN-PIERRE CAMPAGNE/AFP)Soldats français en Centrafrique durant l'opération Sangaris. (JEAN-PIERRE CAMPAGNE/AFP) :
l'enquêtrice de l'ONU interrogée par la justice française Soldats français accusés d'abus sexuels sur des enfants en Centrafrique : les zones d'ombre Surmilitarisée et sans vision : la politique française en Afrique éreintée En bref De décembre 2013 à mai 2014, des soldats français en Centrafrique auraient troqué des faveurs sexuelles auprès d'enfants affamés, contre des rations alimentaires. Les faits avaient été révélés fin avril dans un rapport de l'ONU censé resté confidentiel. Sur place, les envoyés spéciaux de "L'Obs" en Centrafrique ont retrouvé les protagonistes de cette affaire. Voici le témoignage d'Eloi, 8 ans. Il dit avoir 8 ans, mais semble, comme souvent les enfants ici, en avoir bien deux de moins. On le rencontre en dehors du camp de M’Poko, à l’abri des regards. C’est un bout de chou au crâne rasé, timide, avec des grands yeux sérieux bordés de longs cils. Il porte des sandales en plastique cassées et un vieux short en coton sale et déchiré. Il n’est jamais allé à l’école. Ses jambes et ses bras sont fins comme des allumettes. Il sourit peu, se tortille sur sa chaise, visiblement stressé. Troublant : son récit correspond presque mot pour mot à l’un des témoignages cités dans le rapport confidentiel de l’ONU. Les noms, les prénoms qu’il évoque, jamais cités dans aucun article, sont les mêmes... Oui, il l’a fait. "Une fois seulement", précise-t-il. Il connaissait bien ce soldat "grand, jeune, un peu gros" qui portait un casque et était posté au checkpoint Alpha 1. Il était gentil et l’appelait toujours "viens petit, viens", en sango, pour lui donner des rations de biscuits. Un soir le soldat lui a dit : "Suce d’abord mon bangala". Et il l’a fait. Il avait faim. C’était au début de l’installation du camp, croit-il se souvenir. Il dit qu’il y avait trois autres soldats devant eux, qui savaient ce qui se passait mais n’ont rien dit, rien fait. Des copains du camp ont ensuite raconté ce qui lui était arrivé à sa mère, qui l’a sérieusement corrigé. Paniqué, il s’est enfui du camp pour tenter de retrouver son père dans un faubourg de Bangui, où "des Blancs l’ont retrouvé et ramené"à sa mère, avant de le questionner. Il dit aussi que sa maman a regretté de l’avoir battu, qu’il veut rester avec elle, au camp, avec ses six frères et sœurs. >> L'enquête sur les viols en Centrafrique est à retrouver intégralement ce mercredi, en zone abonnés et dans "L'Obs" en kiosques. Natacha Tatu et Anthony Fouchard, envoyés spéciaux à Bangui