LES MEFAITS DE TOUTES LES COLONISATIONS
En février 2005 un amendement UMP a été adopté par l'assemblée nationale qui devait vanter dans les manuels scolaires "le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". Cette disposition contenue dans la loi fut abrogée un an plus tard, car largement critiquée. A l'époque condamnée par le président Bouteflika qui l'avait déclaré comme : "cécité mentale, confinant au négationnisme et au révisionnisme"et qualifiée de "loi de la honte" par des parlementaires FLN.
A Alger en 2007, Sarkozy avait fermement dénoncé le système colonial "injuste par nature". Mais refusa toute idée de "repentance", estimant qu'il s'agit d'une forme de "haine de soi" et de "dénigrement" de son pays. Aujourd'hui, réponse du berger à la bergère, un député du Front de libération nationale (FLN) déclare : "Nous envisageons de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux" dans une proposition de loi signée par 125 députés.
Aussitôt les réactions ne se font pas attendre, Besson interrogé par la presse regrette et laisse entendre que les crimes de la colonisation ont été traités en justice, en oubliant de dire qu'il ne s'agissait que d'amnistie. Kouchner diplomatise, mais a mystérieusement reporté une visite prévue en février à Alger. Falco (secrétaire d'Etat à la Défense et aux anciens combattant) sort de l'obscurité et part au boulot, il estime que cette initiative est "particulièrement inquiétante", "incompréhensible" et "outrancière...insultante pour nos compatriotes rapatriés et pour notre mémoire nationale» et souligne qu'il ne s'agit que d'une proposition de loi sur laquelle le gouvernement algérien ne s'est pas prononcé et non débattu au parlement.(1) Il rappelle le rôle futur de la fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie, qui devrait voir le jour, (2) en déclarant :"l'outil indépendant dont nous avons besoin, ici comme de part et d'autre de la Méditerranée, pour parcourir ensemble ce chemin de mémoire"..
Tout est politique et rien n'est gratuit dans cette affaire ultra-délicate, aucun état du monde est prêt à reconnaître que ses troupes d'occupations ont commis des crimes contre l'humanité et utilisés la torture comme moyen de pression. La «guerre d'Algérie », simple opération de police a illustré cette pratique interdite par la morale et les accords de Genève. Les réactions du gouvernement israélien en est au même point. Que souhaite cette proposition de loi algérienne ? Une reconnaissance de la nature du système colonial, des massacres, mais également de la guerre, notamment des massacres dans le Constantinois en 1955,(voir plus bas) de la bataille d'Alger en 1957, de l'utilisation du napalm, ou des conséquences sur les populations des expériences atomiques dans le Sahara.
Certes il faut avoir le courage de tourner la page, mais sans oublier que toute force militaire lâchée dans la nature est capable des pires ignominies. Les tueries et massacres (connus )aux quatre coins de la planète l'attestent, mais il faut avoir également le courage de l'admettre. Or, ces exactions, outre celles des guerres frontales mondiales que nous avons connu, se déroulent lors des luttes d'indépendances. Du Viet-nam à l'Algérie via la Palestine, les victimes sont d'ABORD les colonisés. Les luttes de libération entrainant elles aussi des horreurs : au Viet-nam, en Algérie et en Palestine. Nous pourrions remonter dans le temps, par exemple du temps de la conquête de l'Ouest américain pour en arriver à la même constatation.
Le principal accusé est le colonialisme sous toutes ses formes et la tentative de louer ce genre d'aventure retombe toujours sur le bec de ses laudateurs, même lorsqu'ils vantent la modernité et l'élévation du niveau de vie pour ne pas dire la civilisation, apportées aux pays occupés, bref le « bienfait.». Ces arguments n'effacent pas le moindre crime commis en son nom. Parmi eux certains pieds-noirs, victimes eux aussi de cette impérialisme héritée de l'Histoire, mais sachons que la plus grande partie des Français installés en Algérie et d'autres venant d'Espagne et d'Italie n'étaient pas de ces riches colons que l'on décrit, ils furent pourtant trompés et grugés au nom de cette aventure qui consiste à s'installer sur la première terre venue pour le plus grand bien, en priorité, de l'économie de l'Ancien Monde, l'un des motifs de toutes les colonisations.
Les bienfaits de la colonisation.
Oublier, ? Se repentir ? Certes, mais ne jamais oublier, ne serait-ce que pour cela ne recommence pas. Par exemple il faut connaître cette déclaration d'un certain Général Duval a ses supérieurs : "je vous ai ramené la paix pour dix ans" au lendemain de la révolte nationaliste du Nord-Constantinois du 8 mai 1945. C'était l'un des principaux responsables militaires de la répression qui a entraîné la mort de 45 000 hommes, femmes et enfants (selon les Algériens. Peu importe le chiffre exact). Fut témoin de ces scènes le jeune Mohamed Boukharouba, qui prit la décision de combattre le système colonial par les armes jusqu'à l'indépendance de l'Algérie ou la mort, il prit le nom de guerre de Houari Boumèdienne.
Pendant plus d'un siècle, les Algériens n'avaient aucune existence légale, la qualité de citoyen leur était refusée en vertu d'une jurisprudence constante du Conseil d'Etat, une belle connerie "la qualité d'indigène étant innée, dérivant de l'origine de l'individu, le suivant partout, attachée à sa personne, où qu'il se trouvât. Même domicilié en France il ne pouvait s'inscrire sur les listes électorales. Ce n'est qu'avec la loi du 20 septembre 1947 portant statut organique de l'Algérie que les Algériens furent considérés comme des citoyens de... seconde catégorie en effet il existait deux assemblées, l'une pour les 8 millions d'Algériens, l'autre pour les 800 000 colons. La voix d'un Algérien valait 8 voix françaises.
Ici ou là je lis des commentaires qui rappellent l'occupation de l'Espagne et la traite des blancs par des Arabes et même l'exemple de la Rome impériale pour tout expliquer « c'est pas nous qu'on a commencé». Cette juxtaposition des faits, ce qui fait dire à nos enfants qu'ils ne sentent pas responsables de ces crimes, ce qui nous laisse sans arguments autres que la prudence.
(1) Texte renvoyé par le bureau de l'Assemblée algérienne à son auteur pour qu'il retravaille son texte.
(2)Collecter avec rigueur et objectivité tous les témoignages, sans rien occulter
15:10 Publié dans Billet d'humeur | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : guerre d'algérie, pieds-noirs, algérie, fln, colonies françaises