Le stade suprême de la répression ! | |
Image may be NSFW. Clik here to view. ![]() | Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com |
Le vrai danger dans le Sud algérien ? Ce n’est pas tant les gaz de schiste, mais plutôt les… … gaz lacrymogènes ! C’est l’histoire vraie d’une route nationale, la 9, dans la région de Béjaïa, coupée depuis onze jours. Quoi, la suite de mon histoire ? Mais rien ! Y’a pas de suite à mon histoire, justement parce que … rien ! La route est coupée depuis onze jours et… rien ! C’est proprement stupéfiant ! C’est même à mes yeux, qui en ont pourtant vu d’autres, le «stade suprême de la répression». Le régime ne bastonne plus. Le régime ne gaze plus. Le régime n’emprisonne plus. Le régime ne charge même plus les manifs et ne dégage pas plus les barricades. Une route est coupée à la face du régime ? Eh ben, elle reste coupée ! Tu peux la couper autant de temps que tu veux. Le régime a des itinéraires bis. Il passe par ailleurs. Ou alors ordonne à Ghoul d’ordonner aux Chinois ou aux Japonais de construire une autre route qui contourne celle coupée par les manifestants. Des manifestants qui se retrouvent bêtes au bord de leur route coupée, mais qui n’intéressent plus personne là-haut. Des heures passées là à scander leur colère. Des jours à marquer à l’aide de pneus, de pierres et de gravats la coupure de ce tronçon. Et au bout de cette planque, walou ! C’est du Buzzati pur jus. Le Dino Buzzati du «Désert des Tartares». Tu attends une armée qui ne viendra jamais ! Tu finis par mourir d’ennui à regarder le bout de ta basket qui n’en finit pas de fondre sur le bitume désert de cette route coupée à blanc. Et là, parce que justement t’as le temps, tout le temps du monde que te laisse ce régime perfide, tu théorises autour des routes et autoroutes qu’il ne sert plus à rien de couper, parce que ne suscitant aucun intérêt inquiet dans les murs du Palais. Tous les vieux dictateurs en ont rêvé un jour, sans voir leur rêve se réaliser. Abdekka est en passe d’assouvir ce fantasme de dictateur vieux comme le monde depuis que le monde s’est doté de despotes : ne plus avoir à mater une rébellion. Ne plus avoir besoin de rouvrir une route coupée par la colère. Avoir surtout les moyens de continuer de régner sans intervenir sur une route coupée. Le nirvana des potentats ! Le paradis terrestre des dirigeants ultra-autoritaires. La route peut rester des années coupée, le Palais n’enverra aucun couturier la recoudre. Il le faisait. Il vient de comprendre qu’il n’a plus besoin de déranger son petit personnel pour ce genre de réparations. Le régime commande des routes nouvelles pour les substituer aux routes coupées. Dans une course folle. Bientôt, l’Algérie ne sera plus qu’un amas de routes anciennes coupées, et de nouvelles routes rutilantes et en attente d’être coupées à leur tour. Là aussi, le rêve caché de tout dictateur. S’en aller, quitter un pays et ce monde en laissant le pays coincé dans un enchevêtrement inextricable de routes coupées bondées de gens qui attendent. Qui attendent …rien ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |
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