|
Sans jamais le citer, Hanoune a répliqué à un proche de Haddad qui lui demandait, il y a quelques jours, de se taire. Aucun «baltagui» ne me fera taire, dit-elle, affirmant que son parti ne cessera de dénoncer l’intrusion de l’argent sale dans la sphère politique.
Nawal Imès - Alger (Le Soir)
La secrétaire générale du Parti des travailleurs n’a pas hésité à traiter le collaborateur de Ali Haddad de baltagui, dans une allusion à peine voilée à celui qui, il y a tout juste quelques jours, l’attaquait de manière frontale sur un site électronique.
La numéro un du Parti des travailleurs affirmait, hier, que si les exactions du système du parti unique, les arrestations et les menaces terroristes ne lui avaient pas fait peur, «aucun baltagui» ne pouvait la faire taire.
Profitant de la tenue d’une session ordinaire du bureau politique du PT, Hanoune a tenu à dire que la lutte contre «la collision des affaires et de la politique» était l’essence même de son parti et que rien ne l’empêchera de répéter à chaque fois que cela s’avérera nécessaire que ce mélange était malsain. S’attaquant à ceux qu’elle qualifie de «nouveaux riches», Hanoune dira qu’ils avaient réussi à s’enrichir en bénéficiant des projets publics. Des fortunes qui leur ont, par la suite, permis de faire partie d’une «oligarchie» qui a continué de s’enrichir au moment où le terrorisme faisait des ravages et que le FMI imposait au pays des réformes dévastatrices.
Des périodes difficiles pendant lesquelles, dit-elle, les propriétaires des conteneurs continuaient de faire des affaires. Ces derniers, assure Hanoune, ne peuvent aujourd’hui faire croire qu’ils participent à l’essor économique car il s’agit de «trabendistes en cravates» qui ne pourront jamais appartenir à la bourgeoisie, une classe inexistante en Algérie.
Evoquant des questions d’intérêt national, la première responsable du PT affirme que l’Algérie est encerclée par les dangers. Elle est «assaillie par les appétits des grandes multinationales et les pressions des grandes puissances».
Une situation qui, selon Hanoune, exige le renforcement urgent de l’immunité du pays et du front interne. Il ne s’agit pas, selon la numéro un du PT, d’un slogan creux mais d’une condition sine qua non pour mettre à l’abri le pays.
Elle est d’ailleurs revenue à la charge pour dire que les réformes promises par le président de la République sont non seulement urgentes mais ne doivent en aucun cas constituer un simple replâtrage mais une réforme en profondeur devant donner naissance à des institutions légitimes.
C’est justement la fragilité de ces dernières qui a permis, selon Hanoune, que des responsables de l’Union européenne rencontrent des représentants de partis pour s’enquérir de la situation politique du pays.
Les événements de Touggourt viennent, une fois de plus, confirmer, comme ce fut le cas à Ghardaïa ou à l’occasion du mouvement de la police, l’existence d’un malaise social en raison des fragilités et de la précarité. Les efforts de l’Etat ont beau être importants, ils souffrent du manque de planification et de vision globale en l’absence de prospective.
Hanoune plaide pour une réforme des institutions élues et les organismes d’exécution et la création d’un ministère de la planification.
Hanoune n’a cependant pas caché son opposition au concept de démocratie participative au niveau local. Rien, dit-elle, ne justifie le recours à cette politique, œuvre, affirme-t-elle, de la Banque mondiale. Il suffit, dit-elle, d’appliquer les textes et de permettre aux citoyens d’assister aux délibérations au niveau des communes.
Le parti tenait hier une session ordinaire de son bureau politique avec à l’ordre du jour, une évaluation d’étape et l’adoption d’un plan d’action et la définition d’ objectifs politiques avant la tenue du congrès de l’organisation des jeunes puis de la conférence des cadres du PT.
N. I.