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FCDR : Exigences de la transition

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Forum des citoyens pour la deuxième République.

Exigences de la transition.

 

Le dernier scrutin présidentiel a révélé au monde entier un phénomène inédit – la candidature et le sacre d’un impotent – tout en accentuant le caractère autoritaire et patrimonial du pouvoir. Plus grave, des images subliminales, parcimonieusement distillées, laissent même penser que le pays fonctionne déjà sur le mode d’un système dynastique, chose  extravagante en soi, contraire à la norme démocratique qui s’est imposée peu à peu dans le monde et  en opposition frontale avec l’Histoire du pays, de l’imaginaire social du peuple et de la mémoire collective. 

Le viol récurrent des droits et libertés et la répression auxquels recourt le pouvoir pour museler la population sont couverts par le silence assourdissant de la communauté internationale, complaisante devant le fallacieux prétexte de la stabilité contre l’anarchie. La liberté, valeur intrinsèque à la démocratie, est ainsi sournoisement assimilée au désordre, argument vendu à l’opinion nationale et internationale dans lequel la peur tient lieu d’épouvantail  et d’option stratégique.

L’exercice démocratique est à la fois dévoyé et galvaudé, réduit à un pluralisme de façade, où la fraude électorale sert, de façon régulière, de kermesse pour détourner la souveraineté populaire. Epreuves viciées à la base et déséquilibrées dans leur déroulement, les confrontations électorales, où s’engagent des partis alibi alliés du régime, jouissant de toutes les faveurs de l’Etat, et des partis à peine tolérés, participent à crédibiliser de faux scrutins, légitimer des institutions coupées du peuple et entretenir l’illusion du changement de l’intérieur.

LA REVISION CONSTITUTIONNELLE : UN NOUVEAU MARCHE DE  DUPES.

La révision de la constitution, plusieurs fois reportée, est reprogrammée dans le but d’un reclassement interne aux forces qui soutiennent le régime. Malmenée plusieurs fois, dont le dernier acte est la levée de la limitation des mandats, la constitution est un paravent pour légitimer l’exercice solitaire et exclusif du pouvoir. La révision constitutionnelle vise, en ces circonstances pour le moins anormales, à doter d’un statut singulier l’homme providentiel qui préside aux destinées du pays depuis plus de quatorze ans.

Cependant, le système a atteint ses limites. Ses consultations et ses initiatives ne trompent plus personne. Même le taux de participation officiel au scrutin présidentiel, en réalité gonflé à souhait, confirme le décrochage du peuple par rapport à ce jeu pipé organisé par un système finissant et anachronique, éclaboussé par la corruption et rongé par le tribalisme.

Eu égard à ces pratiques, la voie envisageable pour la rupture avec le régime réside sans doute dans une logique externe au système et passe  nécessairement par une reprise en main de l’initiative politique et l’implication de la société en faveur de la chose publique.

Devant cette impasse créée par le pouvoir qui, malgré son auto reconduction, est bloqué et isolé, la transition démocratique répond à l’impératif de sortie de cette durable crise de légitimité. Ce nouveau processus de légitimation est de nature à garantir à terme au peuple algérien son droit à l’autodétermination pour choisir librement ses dirigeants et son projet de société.

L’IMPERATIF DE LA TRANSITION.

La transition démocratique visera à mettre en place les conditions de sortie du système en place de façon pacifique et graduelle et de l’engager dans la voie de la République sociale et de la modernité démocratique. Les mécanismes seront déterminés une fois ces conditions ont vaincu. 

Pour faire aboutir cette revendication qui gagne incontestablement du terrain, la tâche prioritaire est de mobiliser  autour de cet objectif central.

La transition pourra doter le pays d’un socle constitutionnel incontesté et d’une légitimité incontestable. Pour cela, elle doit, dans sa philosophie, viser à créer les conditions d’un renouveau politique, à travers notamment l’instauration d’un climat  favorable à la remobilisation de la société et à la réhabilitation du lien de  confiance. Elle  requiert à cet effet les exigences suivantes :

-  Aller à une large ouverture politique et médiatique d’inspiration libérale, destinée à faire émerger de nouveaux acteurs sociaux et politiques ;

- Consacrer l’égalité des chances en instaurant un délai qui soit suffisant pour permettre aux forces politiques et sociales représentatives de s’organiser avant d’affronter le suffrage universel ;

- Donner des garanties à l’exercice des libertés  et à l’engagement militant au service de la collectivité à travers le renforcement de la sécurité publique et le bannissement de la répression ;

- Lever les pressions politiques et les contraintes administratives, souvent combinées entre elles, pour assoir les normes d’un débat libre dans le respect de l’éthique et de la morale publique ;

- Consacrer l’équidistance et la neutralité de l’administration vis-à-vis de l’ensemble des forces politiques ;

- Faire un état des lieux des moyens de l’Etat sur les biens détenus des partis existants et procéder à leur réaffectation de manière équitable ;

- Instaurer la transparence dans le financement des partis par l’Etat ;

- Réformer l’Etat pour mieux définir ses attributs. L’Etat doit être amené  à se consacrer uniquement aux fonctions qui lui sont exclusives, c'est-à-dire que son champ d’intervention ne saurait être étendu à souhait, comme il ne saurait empiéter sur la sphère privée de façon à régenter la vie des citoyens et à restreindre les libertés. 

- Mener un travail d’explication en direction de l’opinion internationale afin qu’elle soutienne le processus de transition ;

- Protéger l’armée de fonctions qui ne relèvent pas de ses compétences (tâches de police et politiques) et lui faire jouer son rôle de garante de la souveraineté territoriale et de la sécurité nationale.

ASSISES DE LA LOI FONDAMENTALE.  

L’option de dépassement du système en place nécessite une rénovation constitutionnelle, juridique, politique et idéologique. C’est ainsi qu’il faut construire simultanément l’Etat civil et l’Etat de droit, deux  notions essentielles pour consacrer, dans ce cas, la liberté de conscience et l’égalité des droits. La séparation et l’équilibre des pouvoirs – exécutif, législatif et juridique – est une exigence pour un fonctionnement  institutionnel qui nous met à l’abri de l’arbitraire, nous épargne des différents dépassements et nous préserve des instrumentalisations politiciennes. La notion des droits et libertés, combinée aux principes fondateurs de la démocratie, sont la matrice d’une constitution future, née de cette transition, pour consacrer la République sociale et démocratique.

 

 

 

 


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