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Algérie : la presse algéreinne libre menacée d'extinction

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Hamid grine chargé de la sale besogne : Le pouvoir cible la presse libre

le 04.11.14 | 10h00 45 réactions

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| © APS
 

Le ministre est décrit comme un personnage éructant l’ambition démesurée. «Il est sans foi ni loi et il est capable de marcher sur des cadavres pour atteindre ses objectifs», confie un de ses anciens collègues.

Message aux opérateurs privés, qu’ils soient nationaux ou internationaux : choisissez bien votre support, ne brouillez pas votre image en l’associant aux journaux qui diffament, quel que soit leur tirage.» Pathétique appel à censure concertée d’un ministre de la Communication, Hamid Grine en l’occurrence, ne craignant ni le ridicule de l’entreprise ni la honte infligée à l’Etat républicain, contraint désormais d’endosser publiquement la mise à mort programmée de titres indépendants de la presse nationale. «C’est un nouveau palier, estime Nasredine Lezzar, qui vient d’être atteint dans le crescendo de la censure et de l’intimidation.» Pour ce juriste, spécialiste de l’arbitrage international, l’objectif d’un tel appel est clair : instiller un climat de peur au sein des annonceurs.

Prélude à une reconfiguration du paysage médiatique

«Les opérateurs privés, dit-il, qui avaient cassé le monopole public, sont menacés de représailles, sans dire lesquelles, mais elles sont multiples. Elles vont de l’exclusion des marchés publics aux redressements fiscaux en passant par les embûches administratives et bureaucratiques.» Ces manœuvres, fait-il observer, interviennent dans un contexte de vide juridique «incompréhensible mais voulu», marqué par l’absence conjointe d’une loi sur la publicité et d’un organe indépendant de régulation.

Pour H’mida Layachi, dont les deux journaux (Algérie News et Djazaïr News) avaient été les premiers à subir les foudres de Hamid Grine et de ses parrains au pouvoir, il s’agit là incontestablement du prélude à une reconfiguration du paysage médiatique ; d’une «fatiha malsaine qui est en train d’être récitée où aucune voix discordante ne devrait subsister». «Jusqu’il y a peu, dit-il, aucun responsable n’avait voulu assumer la responsabilité de ces intimidations et pressions. Maintenant, c’est fait. Aujourd’hui, c’est bas les masques. Nous sommes bel et bien en présence d’une décision politique d’interdiction. Et les arguments économiques de la commercialité invoqués par le gouvernement se sont désormais effondrés. C’est une interdiction politique exécutée à visage caché.»

Pour le journaliste, le «scénario caché» qui ne dit pas son nom vise «à reproduire le régime unidimensionnel des temps révolus où expression, presse libre, débat public n’ont pas leur place». Après les pressions et intimidations judiciaires, la clochardisation de la presse, l’ouverture sous contrôle de l’audiovisuel, c’est le chantage à la publicité. C’est là, explique-t-il, la conséquence de cette «alliance contractée entre les noyaux constitués d’hommes d’affaires, de barons de l’informel brassant l’argent sale et le noyau du système Bouteflika, ses hommes et proches parlant en son nom».

Pour les cinq prochaines années de ce 4e mandat présidentiel, Layachi s’attend à une évolution «à l’égyptienne» du paysage médiatique. «Ce dernier ressemblera à celui prévalant en Egypte avant la chute de Hosni Moubarak», anticipe-t-il.
«Mais qui est ce Hamid Grine ? Ana semitou (c’est moi qui l’ai nommé) ?» Le commentaire, jure une source gouvernementale, est celui d’un président Bouteflika intrigué par les gesticulations de l’illustre inconnu.

Le ministre est décrit comme un personnage éructant l’ambition démesurée. «Il est sans foi ni loi et il est capable de marcher sur des cadavres pour atteindre ses objectifs», confie un de ses anciens collègues. Le président Bouteflika pouvait-il rêver meilleur exécutant, lui dont la haine et le mépris à l’égard de la presse de son pays sont homériques ?
Ali Yahia Abdenour, lui, ne se trompe pas de cible. Le défenseur des droits humains, ancien président de la ligue éponyme (LADDH), braque ses projecteurs sur la «dictature de Bouteflika». «En avril 1999, Bouteflika a pris le pouvoir, ensuite tous les pouvoirs. Il a réussi a soumettre l’armée, maintenant il s’en prend au dernier rempart : la presse libre», résume-t-il. L’avocat exhorte les Algériens à se mobiliser pour défendre «non seulement la presse libre, mais leur propre liberté d’expression plus que jamais menacée».

Exil doré

Dix ans d’exil doré au royaume de Sa Majesté le roi du Maroc. L’homme qui se gargarise aujourd’hui d’éthique, de déontologie a choisi, en 1993, la fuite au combat mené par les meilleurs d’entre les professionnels de la presse : Djaout, Mekbel, Ourtilane (suit longue liste) exécutés froidement par leurs tueurs de tous acabits. «En 1994, rappelle une de ses vieilles connaissances, alors que des Algériens étaient expulsés du Maroc suite à la fermeture de la frontière, notre ministre était nommé rédacteur en chef d’un média propriété du makhzen.» Arrivé en mai 2014 à la tête du ministère, l’homme, en éléphant dans un magasin de porcelaine, a juré de mettre au pas la presse critique. «’Je vais les mater, car je les connais tous’, c’est comme ça qu’il parlait», témoigne un de ses anciens collègues à Révolution africaine auquel il a collaboré à la rubrique sportive.

Diplômé de sociologie de l’université d’Alger, attaché de presse à Djezzy (Orascom Télécom Algérie) dont il «gérait» la fabuleuse cagnotte de la publicité, Hamid Grine a défendu bec et ongles son ex-patron, Tamer El Mahdi (ancien PDG de Djezzy) et couvert sa retraite. Soupçonné d’organiser la fuite de capitaux de l’entreprise, Tamer a réussi à quitter le pays. «Il était clair qu’il n’avait rien d’un journaliste transcendant», dixit Kamel Bouchama, diplomate et ancien ministre, qui se souvient du passage de Hamid Grine au ministère de la Jeunesse et des Sports dont il était le titulaire. Il se souvient également d’un des premiers ouvrages édités par Grine : L’Almanach des sports individuels algériens, plagié à partir de travaux réalisés par les services du MJS. «Pour un pouvoir chancelant, tous les moyens sont bons pour se maintenir», conclut Bouchama. Grine y compris !
 

Mohand Aziri

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