Le vote du 8 janvier 1961 en Algérie et la femme algérienne
Les forces françaises, à coups de renforts de harkis, avaient décidé de rassembler les adultes, hommes et femmes de 7 villages de la commune mixte du Djurdjura. Regroupés autour du camp de la 2éme compagnie du 6eme B.C.A a 100 mètres du village d’iferhounene, les populations kabyles seront livrées a la faim , aux maladies et a la mort.
Pour mieux maitriser l’issue du vote par la force, le référendum décidé par le général De gaulle, en vue de lier l'Algérie a la France pour l'avenir, allait annoncer bientôt le désengagement militaire des forces coloniales qui commençaient a devenir trop couteuses pour la Métropole.
On sépara les hommes des femmes. Quant aux enfants, ils ont été éloignés des bureaux de vote et du préau et des baraques de l'école, réservées pour la circonstance. Les femmes seront parquées avant de les contraindre par la force et la matraque à accomplir ce vote pour lequel les instructions fermes du FLN avaient été données pour saborder l'opération.
Pour le FLN, il n’était pas question de cautionner un vote décidé unilatéralement par le général De Gaulle. D’autant plus que le gouvernement provisoire de l'Algérie combattante n'avait jamais été consulté ni associé à cette mascarade.
Les hommes avaient été contraints par la force à voter. Leur cas était donc réglé d'avance. Ils ne pouvaient s’opposer à cette machination sans risquer leur vie. Quant aux femmes, qui se sont dés l'abord, opposées violemment a accomplir ce « devoir », elles avaient été matraquées. Le traitre harki de triste réputation muni de sa matraque n’hésita pas à asséner des coups violents à la tête à Na Aini, qui afficha dés les premières minutes sa rébellion a cette initiative coloniale. Elle avait toutes les raisons de se déclarer ouvertement opposée à toute initiative de paix venant de celui qui a exterminé tous les hommes valides de la famille dont son fils ainé et son propre époux. D'autres femmes se sont jointes à elle. Elles sont toutes mères ou épouses de maquisards tués ou croupissant encore dans les geôles du colonialiste français.
La présence de nombreux harkis sur scène, augurait de la suite des évènements. Eux qui se montraient non seulement comme de grands zélés de la France civilisée, s’en donnèrent a cœur joie, quand il s'agit de battre des femmes de maquisards, de surcroit veuves. Quel courage anime ces êtres vils et quelle intelligence les habite?
Il y avait entre autres harkis de triste réputation :
- Mohand Tizi
- Ouali Ath Ouf...
- Ameziane Ath Oul...
- Mouloud Ath Bou...
- Mohand Said Ath Ham
- Le Harki de LAAZIB
- Les deux harkis d’Ait Arbi
Les femmes se mirent à hurler pour saborder les opérations de vote. Elles furent matraquées sans ménagement. Puis, parquées dans la maison de Hadj Mohamed qui venait, une heure auparavant, d’être abandonnée par ses propriétaires, suite à la décision du commandant du camp militaire français de les expulser de leur foyer. On ne sait pas ou ils se sont réfugiés, car, l’heure était au sauve qui peut devant l’arrogance des soldats et de la furie des harkis. Voila maintenant que toutes les femmes chassées du bureau de vote qui a coup de pieds qui a coups de matraques, elles se sont rassemblées dans cette maison. Smaïl dont le père n’est autre le propriétaire de la maison, en l’occurrence Hadj Mohamed, tombé au champ d’honneur depuis, est le beau fils de Na Aini, laquelle connait tous les coins et recoins de la maison. Elle s'improvisa ménagère et maitresse de maison. Vidée ses occupants, la maison semblait habitée par des fantômes. Une gigantesque marmite bouillonnait sur un feu de braise, laissant s’échapper des effluves de Bouzellouf, une tête de veau coupée en quartier baignant dans une sauce piquante.
Les femmes, visiblement affamées par cette journée de privation et de coups de matraques, furent agréablement surprises de trouver sur place de quoi s’alimenter. Na Aini, se chargea de servir ces « hôtes » imprévues et occasionnelles. Elle s'en alla fouiller dans les moindres recoins, tout ce qui pouvait aider à rassasier les pauvres femmes éreintées par une journée de souffrances. Elle parvint à dénicher quelques figues sèches, de la galette qu’elle repartit entre les présentes. Mais elle ne parvint pas à mettre la main sur le petit lait pourtant d’habitude disponible a profusion dans cette famille traditionnellement éleveuse de plusieurs vaches.
Tard dans la journée, un missionnaire des soldats français, un harki, vint leur annoncer qu’elles pouvaient maintenant rejoindre leurs foyers.