Entre
Chasseurs Alpins
Et
Fellaghas
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Iferhounène Aout 1957 : Un kabyle entre le marteau et l’enclume
Comme dans toute famille kabyle qui se respecte, celle de Belkadi Ourabah dont il était sans l'ombre d'un doute, le chef incontesté et incontestable, le patrimoine des biens, aussi mystérieux qu'il puisse paraitre aux yeux d'un étranger, peut se résumer ainsi : une femme d'origine kabyle, une progéniture nombreuse, une vache, un âne, et quelques moutons ou chèvres qui peuplent le "Adainine", sorte d'écurie aménagée dans une partie de la maison qui sert d’habitation pour les membres de la famille.
Oui ! Dieu le père, dans ces familles kabyles traditionnelles, possède tout. Une femme. C'est sa propriété exclusive une fois que l'épouse, alors jeune fille, quitte le toit de ses géniteurs pour rejoindre sa demeure provisoire ici bas, jusqu'au jour de l'éternelle, dans l'au-delà. Son enterrement.
Ourabah ne faisait pas exception à ces « dieux » de la famille. Comme le suggère ce proverbe arabe, qui incline tous à la la soumission au mâle le plus âgé de la cellule familiale, parfois, toute la Smala, il est le Dieu de la famille. La sagesse populaire, toujours de bonne humeur, a transformé l'adage en cette formule lapidaire et d'actualité pour coller à l'ère de la mondialisation, au siècle de la possession et de la consommation : le Dieu de la Marmite.
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A cause de ce dieu terrestre, ce sont souvent des quartiers entiers des villages kabyles qui sont soumis à la tyrannie d'un ou plusieurs pervers qui vont jusqu'à porter la main sur les autres épouses pour les ramener, dit-on, sur le droit chemin.
Mais ce pouvoir de domination qui s'étend extra muros ne fait que réduire davantage les droits de la femme qui se trouvent déjà annihilés depuis la nuit des siècles, intra muros. Mais Ourabah n'était pas de ceux-là même s'il faut lui reconnaître un ascendant naturel sur tous les membres de sa famille et même au delà, puisqu'il jouissait d'une certaine notoriété qui lui valut d'être choisi comme chef du village.
Pour revenir à la description de la demeure kabyle, en forme de soupente jouxtant l'étable, une surface plane, il y a ce que l’on appelle Thighargharth, ou la pièce attenante qui sert de chambre à coucher, de cuisine en temps d’intempéries, car la thahnachth, est réservée pour les jours ensoleillés. Les murs où sont souvent creusés des trous pour servir de caches à des outils ou des aliments secs, des allumettes, des bougies, sont tapissés d'une sorte de liant formé d'argile mélangé à de la bouse de vache. Sur la banquette qui sépare l'étable et salle habitable, sont érigés d'immenses jarres faites également de ces matériaux et qui servent pour les réserves de blé, d'orge, de figues sèches, de farine , de semoule etc. L’étable est dans certains cas surmontée d’une soupente appelé grenier Thaarichth qui accueille pour la saison hivernale les réserves de foins, de bois pour chauffer, des matériels pour le travail des champs comme les pioches, les haches, les faucilles, les couffins et mème les selles.
Ajoutez à ce trésor qui fait de l'homme kabyle le plus heureux du monde, les plus respectable des villageois, quelques terrains bien exposés et accessibles aisément pour un bourricot avec une charge de fumier ou de bois.
Mais la richesse de Ourabah va au-delà.
En franchissant la mer Méditerranée pour aller mettre à l'épreuve son destin dans le pays du Roumi, il augmentera ses actifs physiques par l'acquisition d'un camion et d'un véhicule de tourisme de type "Vedette". Puis, autre signe ostentatoire de progrès et d’émancipation pour ce personnage hors du commun en ces temps du moyen âge kabyle, Il prit femme avec une charmante italienne de nationalité française.
Autant dire que Ourabah avait tout pour non seulement vivre heureux, mais aussi pour susciter bien de jalousies dans son entourage. Mais qu’à cela ne tienne, il pouvait rivaliser avec une certaine supériorité d’avance avec ses envieurs. Il en avait les moyens, le minois, mais aussi le caractère combattif, en un mot le statut socio économique.
Continuons maintenant la description de cette demeure pour comprendre le génie de l'architecture de nos ancêtres.
Au centre de cette maison est creusé un trou, le Canoun, l’âtre, dans lequel brule un feu ardent et sur lequel mijotent tranquillement, à tour de rôle, tous les plats kabyles. du Couscous, du piment écrasé mélangé à de la tomate le tout baignant dans de l'huile d'olive, du berkoukès, des crêpes, des ragouts, des mets à base D'herbes...etc. la liste est trop longue pour la coucher dans ce récit dont l'objet s'éloigne beaucoup de l'art culinaire kabyle.
Le Canoun sert également de chauffage pour les kabyles de la montagne pour la saison des neiges glaciales.
C’est aussi dans cette maison où l’intégralité de la famille se retrouve réunie, Elwachoul, pour discuter librement de choses et d’autres. Aussi, c’est là que se réussissent les hommes seuls, souvent autour du chef quand cela exigeait la présence de tous. Les femmes sont "chassées “alors vers une maison secondaire quand le secret des débats demande un huis clos par peur de fuite et de conséquences incontrôlables.Image may be NSFW.
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Nous sommes en Aout 1957, la guerre fait rage dans la région des Ittourars et des illiltens.
Partout les moudjahidines improvisent des réunions clandestines pour discuter de la collecte des fonds, de l’acheminement des armes et des nourritures, des actions à mener, du renseignement et des messages à transmettre sur les ratissages et embuscades des militaires français.
Améziane et Ali étaient justement rassemblés autour du canoun et discutaient discrètement de la situation qui prévalait dans la région.
Améziane n’est autre que le beau frère de Ali dont Zahra est l’épouse, lequel est donc le beau fils de Ourabah. Ali étant le fils de Ourabah.
Pendant que les deux moudjahidines discutaient presque en chuchotant, Ourabah s’approchaient d'eux par ses va et vient, feignant d'alimenter les bêtes domestiques en foin. En réalité, la discussion qui se déroulait entre les deux comparses me préoccupait beaucoup, lui qui se croyait investi du devoir et du pouvoir de régenter le fonctionnement de thajmaath et de faire appliquer les directives de l’occupant aux citoyens du village. Ourabah croyait beaucoup en sa mission de délégué du pouvoir colonial, sans doute pensait-il que l’agitation qui secouait le pays n’était que passagère et que la situation allait avec le temps se normaliser.
Mais le manège est vite découvert par les deux interlocuteurs, et c'est Ameziane, le beau frère de Ourabah qui s'en laça le premier des allées et venues suspectes de ce dernier, surtout en le voyant tendre l'oreille pour intercepter quelques bribes de phrases susceptibles de le renseigner sur le sujet de leur "complot". Il est vrai que les deux membres de la famille se méfiaient de plus en plus de Ourabah, d’abord à cause de son comportement vis à vis des soldats français et de ses relations privilégiées avec le lieutenant de la compagnie du 6ème BCA installée depuis novembre 1956 à proximité du village iferhounène, à quelques 150 mètres seulement.
Excédé, Ameziane finit par apostropher Ourabah sans ambages et de façon on ne peut plus violente:
- Qu’est ce qui peut bien te rendre si curieux pour défiler devant vos yeux comme une poule qui s’exhibe pour dérouter tout son monde !? "Thayazit Thassaaraqth"...Que nous veux-tu pour nous espionner ainsi, Ourabah !?
L’altercation qui s’en est suivie entre Ameziane et Ourabah finit par un crachat qu’Ourabah reçut en plein visage. Mais l’escarmouche s’arrêta là et l’incident fut clos dans un mutisme total.
Les jours qui suivirent vont mettre la région feu et à sang, avec ce vaste ratissage des forces d’occupation françaises qui passa au peigna fin toute la région des ittourars et des illiltens. C'est lors de cette opération que Habchi A sera capturé, torturé, démembré, écartelé, dans la rivière de oued Thaghzoult des Illiltens, après un combat à mains nus que le lieutenant de la 2ème compagnie du 6ème BCA l’obligea à livrer aux harkis nombreux dans la compagnie qu’il réussit à mettre KO, grâce à sa force herculéenne et son agilité de félin, malgré sa blessure qu’il traine depuis son séjour en France.Image may be NSFW.
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L’Opération militaire prit fin avec la mort atroce de Habchi Arezki et d’autres maquisards de la région.
Quelque temps après le retour au calme dans la région, les moudjahidines se manifestèrent en envoyant un messager à Ourabah, pour lui enjoindre de se présenter devant les responsables du FLN, qui siégeaient dans une maison du refuge au village de Tikilsa.
Ourabah obtempéra, non sans prendre soin comme à ses habitudes, à maintes reprises par le passé, de charger sur son âne, 50 kilos de semoules et un carton de café en poudre, pour les livrer aux « fellaghas. Mais, en agissant de la sorte, Ourabah avait-il conscience du danger qui l’attendait au bout de son chemin? Ou bien alors le faisait-il par esprit de sacrifice pour la révolution? Était-il animé d'un patriotisme sincère ou alors jouait-il à double jeu pour sauver sa peau dans cette guerre qui n’épargne ni les enfants, ni les femmes, ni même les animaux domestiques.
Et ce qui devait arriver arriva! Inexorable, impitoyable, la fin tragique, après une torture atroce, l’attendait au fond de ce village blotti au fond de la vallée escarpée.
Ourabah est maintenant entre les mains de ses bourreaux, mais il n’en savait rien. Il s’est livré pieds et poings liés à ses bourreaux sans l’ombre d’un soupçon, avec une sérénité désarmante. Le sang froid ou l’état de choc qui inhiba ses impulsions étaient-ils à l’origine de son calme légendaire devant le guet apens qui devait le mener pourtant droit à une mort certaine.
Il sera torturé atrocement torturé et finira par avouer mille et une fautes, erreurs, bavures ou simplement divagations tant le supplice qui lui était infligé était d’une sauvagerie inénarrable. vraies ou fausses déclarations devant les chefs de l’organisation militaire du FLN, ils lui ont fait supporter la responsabilité de tous les morts, torturés, ou emprisonnés par les forces militaires d’occupation aidées pourtant comme tout le monde le sait par une horde de supplétifs, indicateurs et collaborateurs.
Ourabah est mort, sans savoir pourquoi. Pourtant il avait autant servi la cause de la révolution en apportant ses dons, oh ! combien précieux, en produits alimentaires, en cette période de famine, de privations imposée par l’occupant impitoyable, aux combattants du FLN qu’aux forces françaises en mettant à leur disposition son camion et ses services en tant que chef du village et sans doute collaborateur dans le renseignement anti-rébellion.
Mais c’est son épouse la roumie, ses enfants qui ne sauront jamais ni le motif, ni le lieu de sa sépulture. Pire, Simone, continuait encore de croire qu’il était toujours en vie , et qu’un jour elle pourra non seulement aller lui rendre visite, dans les geôles du FLN, mais aussi qu’elle pouvait plaider sa cause auprès de ses bourreaux dont elle se vantait de connaitre quelques uns,
Simone continuait de croire que l’amour fervent qui la liait à son RABA, n’était pas encore fini, bien au contraire., son absence ne l’avait fait que raviver pour le rendre incandescent, immortel.
Mais la guerre en décidera autrement. Et la démarche quelle entreprendra, selon une stratégie tout à fait personnelle et désespérée, la mènera, elle aussi dans la gueule du loup.
Arrivé donc à Tikilsa, Ourabah, après avoir déchargé sa cargaison sera conduit dans un lieu sur et discret non loin du village. Il sera soumis à une torture des plus musclées, infernale je dirais. Dans le feu dus supplice, il avouera beaucoup de choses. Des faits et plans qu’il sans doute jamais ni faits ni concoctés. Il est exécuté après avoir parlé, longuement, reconnu des actes que pourtant il ignorait jusqu’à ce jour tant la puissance et l’acharnent des fellaghas ne lui donnaient aucun répit et ne lui accoraient aucun bénéfice du doute.
Ameziane et Ahcene, fils et proche du mis en cause, ne se doutaient pas de ce qui se passait, mais étaient éloignés, par précaution, de la scène où se déroulait l’interrogatoire musclé et surtout de la phase ultime ; L’exécution physique du prisonnier malgré lui.
La nouvelle de la mort de Ourabah se propagea comme une trainée de poudre dans le village, sans réussir à parvenir aux oreilles de Simone. Le secret est jalousement gardé par les membres de la famille et les villageois, de crainte des répercussions dangereuses aussi bien par représailles de l’armée française que de la réaction du FLN qui pourraient considérer la médiatisation de du fait comme un compassion au lieu et au pire comme une propagande anti FLN. Pour les fellaghas dans ce cas d’espèce, il n y avait pas lieu à discussion, ni a verser des larmes sur un collaborateur qui, pour eux, a commis d’énormes dégâts dans les rangs des combattants de la révolution.
Dans la famille, Zahra et Simone sont considérées sur le même pied d’égalité, même après que le mari de la Française, soupçonner de collaboration avec l’ennemi, eut été exécuté. Cette mort dans la famille est considérée par les membres de la famille, d’abord comme un événement douloureux, par respect aux défunts en général et à la religion musulmane recommande le respect de ce que Dieu à L’être humain comme un retour a lui pour y être jugé. Mais il pouvait tout de même créer un clivage entre Pro-FLN et pro-français vu le conteste de mixité du couple. Le sort en avait décidé, il ne faut pas chercher à envenimer la vie qui est déjà rendu insupportable par l’occupation coloniale.
Il est une habitude très répandu dans la société kabyle et qui se veut un symbole ostentatoire et a la fois concret que les femmes doivent être habillées de la même façon pour exprimer aux yeux des gens et aux concernées une disposition du chef de famille à appliquer l’égalité entre les membres de la famille, femmes mariées, vivant sous le même toit.
Zahra la Kabyle et Simone la française, en plus de leurs effets personnels provenant de leurs parents, avaient droit à des robes et des chaussures identiques en tous lieux, de même couleur mème.
En plus de cet égalitarisme traditionnellement institutionnalisé par la société kabyle, Zahra et Simone devaient s’aimer, comme l’exige la loi ancestrale et religieuse, elles se vouaient en fait une amitié sans faille. Elles s’aimaient comme des sœurs diront beaucoup de gens dans leur entourage. Cette complicité naturelle entre les deux femmes n’empêcha pas le secret : d’état » sur la mort d’Ourabah d’être gardé La divulgation de cette information par un membre quelconque de la famille et surtout de Zahra, pouvait mettre le feu aux poudres. Le FLN, aussi bien que les réseaux du lieutenant de la 2éme Compagnie du 6ème BCA, observaient avec une attention minutieuse les réactions des uns et des autres dans cette affaire. Les répercussions sont tellement grandes que chacun des deux camps pouvait utiliser ce fait comme un appât pour d’autres arrestations, d’autres tortures et d’autres exécutions de part et d’autre.
Simone tenue à l’écart de la vérité sur son mari, commença à perdre patience, et manifesta son inquiétude sur la longue absence de son mari. Cela fait déjà plus de 24 heures qu’elle ne L’a pas vu, alors le village de Tikilsa, où il est censé s’être rendu n’est qu’à quelques dizaines de minutes de son domicile. Quelques enjambées certes sur un terrain très escarpé pour s y rendre par le sud de l’éperon sur lequel est perché le village d’iferhounène, bien à l’abri du camp des chasseurs alpins. Le doute qui envahit Simone a mis sa patience à rude épreuve et finit par insinuer des menaces de représailles ;
« Je connais des gens des deux camps (FLN et armée française et collaborateurs).je connais ton frère Ameziane, et aussi Ahcene ! Je veux voir Ourabah. Ce qui lui est advenu. Mort ou vivant, je dois le voir ! »
Ali, fils de Ourabah et maquisard de surcroit, pris entre l’amour paternel, la menace de sa marâtre et le devoir national, va vivre les moments les plus pathétiques de sa vie. La détresse, le sentiment familial, la crainte d’être soupçonné par les deux camps de parti pris le met dans un état d’hyperactivité psychologique et physique. Il tentera de limiter les conséquences d’une exécution aux répercussions incontrôlables. En plus de l’évolution logique de ce fait, car chaque partie au conflit attendait de cueillir le fruit, il y a les dégâts collatéraux, les erreurs de jugement et surtout les bavures dans les actions qui vont être menées de part d’autre.
Ali ressemble a oiseau embourbé qui tente de limiter les dégâts d’un torrent qui va emporter tout sur son passage. Il sait qu’une déflagration va se produire et bien des tètes seront emportées. Alors il tentera de contenir les dégâts. Il s’attela à servir d’intermédiaire entre les membres du FLN et l’épouse, française Simone. Il effectua plusieurs navettes entre les villages de Tikilsa et Iferhounène dans le but de convaincre Simone de renoncer à toute action de vengeance, et les fellaghas d’accéder a la demande de la FRANCAISE qui exigeait de revoir son époux, mort ou vivant »
Il expliqua d’abord à ses interlocuteurs que Simone menaçait tous ceux qui auraient contribué de près ou de loin à l’arrestation de son Ourabah, sachant dans l’esprit de la Roumie, bien entendu, pour l’heure son mari était toujours vivant, sans perdre espoir et elle a perdu la tète, sans pour autant avoir perdu espoir, mème si son mari n’a pas donné signe de vie depuis plus 24 heures maintenant. Ce qui n’est pas à ses habitudes, lui qui à force d’adorer sa femme et ses enfants, ne pouvait se passer deux plus que pouvait durer une journée. Il ne supportait pas de passer la nuit ailleurs que chez lui-même s’il lui arrivait de rentrer en retard, parfois jusqu’à une heure avancée de la nuit de son activisme invétéré.
Pendant que la tension montait heures en heure à mesure que le temps passe, le vide laissé par Ourabah dans la maison ne pouvait entre compenser par l’activisme effréné de Son fils Ali et de son beau frère Ameziane. Les allées et venues de son beau frère entre es village iferhounène et Tikilsa pour expliquer tant bien que mal la situation qui en est découlé de la mort de Ourabah, aux fellaghas, responsables de son exécution :
« Pour vous dire la vérité et toute la vérité, leur dit-il, après la mort de Ourabah, je n’ai pas réussi à convaincre son épouse qu’elle devra désormais se résigner à l’idée qu’elle ne connaitra jamais le sort de son mari, du moins pour l’instant. Sur son sort, sans lui avouer sa mort. Elle continue croire dur comme roche que son mari est toujours en vie et qu’elle doit sans aucun doute le voir. En tout cas, elle persiste dans sa demande de voir son Ourabah, mort ou vif.
Je ne lui ai pas annoncé sa mort pour l’instant, et lui ai fait croire qu’il est retenu dans les maquis par les responsables de la révolution par nécessité absolue et qu’il ne pourra ni être libéré , ni visité par qui que ce soit. Combien mème l’aurai-je rassuré sur son propre devenir et sur celui de ses enfants en cas de malheur, qu’elle serait le cas échéant considérée le véritable chef de famille, en lieu et place de son époux s'il venait à décéder, cela n’a fait que raviver sa flamme et peut être son intention d’aller jusqu’au bout de son objectif : revoir son mari.
Comme réponse à mes supplications, j’ai droit à une insulte des plus déshonorantes : « Ine AAL djèd n’bavas N’bavak, Ammis N'Fazia Ath Saïd ! Opprobre sur le grand père de ton père O ! Enfant de Fazia Ath Saïd ! Ou encore maudit soit ton aïeul, oh ! Rejeton de Fazia Ath Saïd ! »
Une insulte qui est exprimée en ces termes montre bien le degré D’horreur que l’on veut exprimer à quelqu’un qui est visé, en remontant jusqu’aux plus anciens ancêtres de la famille et en invoquant le nom de la mère au final. C’est dire la portée de cette injure qui met en évidence aussi bien le sacré droit que le sacré, fondement central de la société traditionnelle kabyle.Image may be NSFW.
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Prochainement. Sur ce blog la suite du récit : la mort atroce de Simone