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iferhounene 1962 : les grands mystères de la vieille mosquée

Mon mari est un mordu de la chasse. Il lui arriavait de s'oublier en poursuivant les nombreux gibiers qui sortaient de leurs refuges  apres que le silence et l'obscurité compacte de la nuit s'installât. Guerdja est ce flanc de coteau du col de Tizi Bouirene, bien exposé au soleil et faisant face au village Ahdouche. La végétation y est dense et variée. C’est un véritable paradis de vergers de fruits et légumes. Plusieurs sources y sourdent, fraiches et limpides. Le jour, cette région est habité par les fruits des haches, les cris d'enfants, les appels des femmes, et parfois les complaintes des paysans en mal de divertissement. La route carrossable et la rivière qui descend dans Acif Naouana, prennent ne sandwich les vastes surfaces arables pourtant bien inclinés sans être accidentées. Les parcelles de terrain y sont bien balises a cet endroit ou chacun protège son bien avec de hautes haies naturelles renforcées avec des piquets en fer et du fil de fer.

Tard dans la nuit, le vacarme des humains et le soleil resplendissant font place aux bruits furtifs, aux langages des animaux sauvages. C’est ce moment propice que choisit mon époux, armé de son fusil de chasse, dissimulé derrière un arbre ou un gros rocher ou encore sous une haie touffue, attend son gros gibier.

Souvent, ce sont des gros sangliers qui viennent à sa rencontre. Mais ce qui l'attirait le plus ce sont les perdrix, ou encore ces gros volatils qui se déplacent d'un arbre a un autre avec force cris et bruits d'ailes battant l'air et les feuillages.

Il lui arrivait de poursuivre ses gibiers sur plusieurs mètres avant de l'abandonner aux multiples refuges camoufles sous de hauts buissons impénétrables.

Mais mon mari était, devenu par la force de l'entrainement et de l'habitude un chasseur efficace. En effet il ne se passait pas un  soir sans qu'il revienne avec sa gibecière pleine de gibiers de toutes sortes d'ou débordent souvent des tètes de perdrix, des pattes de livres ou encore des  fuseaux de porc épique.

Un jour comme il s'en trouve d'autres dans l'année, Mon mari en revenait de sa partie de chasse, empruntant l'unique ruelle qui traverse en le coupant le village de part en part en son milieu, il devait comme a l'accoutumé pour rejoindre sa demeure, passer devant le seuil de la mosquée. Une mosquée vieille de plus de deux siècles, dont la construction n'obéit a aucune forme d'architecture mais qui disposait de toutes les commodités et infrastructures traditionnelles : une cour en forme de balcon qui surplombe quelques villages construits sur l'Adret, une vieux minaret en forme de parallélépipède, surmonté d'une coupole ronde avec des trous disposés au quatre points cardinaux pour permettre au son de l'appel du muezzin de se disperser sur un rayon de 360 degrés.

Arrivé devant la porte d'entrée de la mosquée, en cheminant sur la ruelle du village, des jets de pierres le ciblaient visiblement et donc certains l'atteignirent sans le blesser. De qui s'agit-il au juste, se posa la question, mon mari, devant ce fait insolite?! Y a t il vraiment quelqu'un, caché dans cette mosquée,  et très motivé pour lui tendre un guet apens? Cherche t il vraiment  l'atteindre, ou bien avait juste l'intention de l'effrayer, histoire de se distraire en observant sa réaction? S’agirait-il d'un plaisantin qui chercherait à créer la panique devant sa victime, pour se donner un motif de railler mon époux, secrètement, devant les gens du village?

Observant un moment de réflexion, retenant son souffle, figé sur place, l'œil vigilent, et les oreilles en alerte maximum pour voir d'ou venait les projectiles et s'il pouvait entendre un quelconque bruit de pas ou un souffle d'une respiration. Rien. Les jets de pierres continuaient de le viser. Il décida partir à la recherche de cet individu mystérieux. Braquant son fusil de chasse devant lui, le système de sécurité  déverrouillé, le chien en position de percuter la balle. Il entre a l'interieur de la mosquée, mais le noir de la nuit ne lui permettait de distinguer la présence éventuelle d’une personne, ni meme celle des objets. Le voila maintenant au centre de la salle de prière qu'il trouva vide de toute présence et de meubles. Dans la pièce attenante, très réduite en surface et en hauteur ou sont entreposes les deux corbillards, un bruit insolite en sortit  mais que mon mari n'arrivait pas à reconnaitre l'origine. S’agit-il de bruits de pas, ou bien un meuble que l'homme caché dans cette mosquée aurait bousculé sur son passage? Rien de tout cela. Mon mari, en s'approchant de plus en plus de la source du bruit, finit par pénétrer dans la petite salle ou se trouvent les deux corbillards. La, le spectacle qui s'offrait a lui le paralysa net. Les deux corbillards s'entrechoquaient dans un bruit lugubre, en dansant comme des fantômes mus par une main invisible dans un bruit effrayant. La danse des corbillards, et le bruit assourdissants des caissons en bois le plantèrent de stupeur. Il observa, presque inconscient, hypnotisé je dirais, le mouvement d'ensemble, rythmé de la bousculade que se livraient les corbillards sans que l'un ou l'autre ne semble en prendre le dessus. Un véritable combat que se livraient les corbillards d’ou fusaient le bruit de caisses en bois secs qui vibrent dans les nerfs de mon mari pour finir comme une sorte de big bang dans son cerveau.

Il n'eut aucun moment la présence d'esprit ou la lucidité nécessaire pour comprendre de quoi il s'agit, tant le phénomène était inédit, insolite et brutal. Il ne pouvait dire combien cela avait duré. Il avait perdu le contrôle de ses facultés, et ne pouvait meme plus penser a cet individu qui le harcelait a coup de pierres, il y avait juste quelques minutes. La scène qu’il vit maintenant le vida de ses souvenirs comme si son cerveau était formaté.

Reprenant, l'espace de quelques secondes ses esprits, il comprit qu’il était a l’interieur de la mosquée, et savait que sa maison n'était pas loin. La configuration des espaces étaient ancrées dans son cerveau depuis son enfant. Ne sachant pas s’il rêvait ou s’il vivait un moment de sa vie, dans un ultime effort de concentration et de mouvement, il sortit de la mosquée, longeant toujours l’unique ruelle du village qui le traverse de part en part, il tomba net devant l'entrée. Il pénétra presque en pas de charge, avec l'impression qu'il était poursuivi. Chez lui il trouva tous les membres de la famille assoupis. Sans prendre la peine de diner, ni de se changer, il s'allongea sur son lit, à coté de son épouse qu’il ne prit pas la peine de réveiller. La fièvre s'installa dans son corps, il continua son aventure en cauchemardant le reste de la nuit et une bonne partie de la matinée du suivit.

 

 

 


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