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LE VOYAGE DANS LA MORT

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Le voyage dans la mort                                                                                 

 

Le vieil homme n’affichait aucun signe de vieillesse. La retraite à 65 ans, sa longue carrière, ne sont pas venues à bout de son physique coriace et son esprit logique et tranquille. Il est même, à présent, encore, dans toute sa forme juvénile. Il a, depuis son recrutement par l’entreprise à l’âge de 20 ans, occupé le poste d’appariteur mais, souvent il est utilisé pour acheminer le courrier entre Directions, la Poste et le Ministère de tutelle. Un vaguemestre en quelque sorte dont les prérogatives sont toujours demeurées très limitées.

Un jour, ce faux vieillard comme je le considérais, avec qui j'ai fini, par la force du temps, par nouer des relations d'amitié, malgré le mur de la hierarchie qui nous séparait, me révélera le secret de la robustesse de sa constitution physique et de la parfaite conservation de sa jeunesse.

J’étais Chef de Département des Approvisionnements, alors qu’il était comme je l'avais dit, simple appariteur, planton comme on disait à l’époque.Un jour que nous étions dans la cour de l’entreprise, profitant d’une petite pause après le dejeuner de midi, il m’approcha comme pour m’annoncer une bonne nouvelle qui le concernait personnellement : il venait d’être admis officiellement à la retraire après des dizaines d’années de durs et loyaux services :

- je viens de faire mes 65 ans, cher ami. Je ne suis ni ancien Maquisard, ni cadre superieur. Je pars en retraite après m'être acquitté loyalement de ma mission. Sans aucune bonification ni privilège particulier.

- Mais tu es jeune cher ami pour nous quitter ainsi. Je te donnerais 40 ou 45 ans maximum, lui retorquai-je, avec étonnement.

-   Je viens d’avoir mes 65 ans, qu’est ce que tu crois alors? Répliqua-t-il avec une pointe de nostalgie.

- Vraiment?!

- Qu’est ce que tu crois alors?!

- Je ne te donnerais pas plus de 50 ans dans tous les cas, lui repondis-je, sans complaisance ni hypocrisie aucune.

- Et bien? Tu me donnes l’age que tu voudras, cela ne changera rien. Je pars en retraite c'est irréversible ! C’est la verité incontournable, inexorable…irrévocable.

- Pour ma part, je viens de faire mes 32. Je ne crois pas que tu puisses me dépasser du double de mon age quand même?! Tout de même !

- Ca me réconforte, mais ce n’est ce qui va changer les choses. Même si je donne l’apparence de tenir le coup. Et ce n’est pas le travail qui pourrait me mettre hors d’usage. J’ai survécu au Typhus et à la guerre, alors que j’étais comptabilisé parmi les morts.

- Vas y raconte cher ami. Ca m’intéresse ton histoire. D’autant plus que je suis moi-même un passionné de ces histoires paranormales. J’ai personnellement assisté à certains événements insolites qui m’ont poussé à les relater dans mes écrits dans l’espoir de susciter des explications de la part de mes amis et lecteurs.

Tiens ! à titre d’exemple je te citerai le cas d’une cousine qui avait échappé à une mort certaine à cause de cette épidémie qui avait sévi en Algérie, dans la région de Kabylie. C’était en 1945. Et au moment où je te parle, la victime est toujours encore en vie. Elle a été l’une des rares personnes atteintes à survivre à cette calamité. Elle était d’une robustesse incroyable et son immunité n’en est sortie que très renforcée. A cause de sa resistence au Typhus, les gens autour d’elle l’avaient surnommée « Ouiza N’Typhus », sobriquet  qui lui collera à ce jour, à cause de sa résistance naturelle à cette pathologie. Ce surnom ne l’avait, du reste, nullement contrariée. Elle continuait à déguster tranquillement sa douce et longue existence.

- Et bien, moi aussi je suis un rescapé de cette calamité de Typhus, me répliqua le retraité appariteur. Avec cette difference que moi, j’étais revenu de très loin. Autrement dit de l’aude-la. J’ai été atteint de cette maladie qui m’avait cloué au lit pendant de longues semaines. J’étais complètement mis hors de combat, pour te dire. Toutes mes fonctions de la vie étaient pour ainsi dire supprimées ou inhibées. Je ne sais trop comment te l’expliquer : la respiration, le pouls, la vue, l’odorat, la digestion, en un mot, je n’existais plus en tant qu’être humain vivant. Je dormais, dormais, dormais, inerte, comme dirait le poète. J'étais mort. Toutes ces gens qui m’entouraient étaient convaincues de ma mort. Je ne bougeais, ni ne respirais, ni ne mangeais, ni ne voyais pendant déjà depuis plus 24 heures. Ce qui donnait toutes les raisons à l'assistance de me déclarer irrémédiablement mort. J'étais déjà lavé et même enveloppé dans un linceul blanc. à travers lequel seul un visage exsangue, livide, apparaissait Il ne restait que le transfert de mon corps dans la tombe qui était déjà fin prête pour le recevoir.

 Et le vieil appariteur continua sa narration :

- Et vint le moment fatidique. Mais toute cette cérémonie, je la suivais du fond de mon esprit séparé de mon corps, à travers mon unique sens encore valide,  l'ouïe. En effet, seule fonction demeurée intacte en moi, l’ouïe, le reste de mon de mon système physiologique était cliniquement mort ou mis en état de blocage temporel.  Je ne pouvais donc réagir aux excitations et stimulations de mon environnement. En plus de mon système neurovégétatif c’est toute mon activité volontaire qui était inhibée.

Soudain j’entendis une voix haute et martiale qui ordonna à tous ceux qui entouraient mon corps inerte de me soulever pour me placer sur un corbillard, afin d’acheminer  ce qui devait être mon cadavre, au cimetière, accompagné de ce terrible chant funèbre, la Borda. A ce moment précis une mouche se posa sur ma lèvre supérieure qui se mit à remuer grâce à l’effet de l’excitation physique. Ce qui n’avait pas échappé à l'une des peronnes qui assistaient à la cérémonie mortuaire. Cette personne s’était mis dans la tète de m’observer minutieusement, sans doute n'avait-elle pas cru un seul instant que mon dernier jour n’était pas encore arrivé.

Il se mit à crier :

-Arrêtez ! Arrêtez! Ne l’enterrer pas! Patientons encore quelques heures. Faites-le pour moi, je vous en conjure !

- Non ! Nous n’avons rien à attendre. Nous devons l’enterrer, si l’on ne veut pas que le corps ne commence à se décomposer

- Non! Il n'est pas mort! Lui répondit la première voix. Je l'ai vu bouger sa lèvre superieure. Pour m’assurer qu’il ne s’agit pas d’une hallucination, je vous prie de lui accorder encore quelques heures d'observation, enchaina-t-il

 

Et le revenant continua son récit :

- Moi qui entendait tout ce manège, je priais Dieu pour que l’on ne m’ensevelisse pas vivant. J'appréhendais ce moment fatidique de mise en terre de mon corps. Mais cette voix déterminée, qui inistait pour que l’on gardât encore mon corps sous obeservation était ma seule lueur d'espoir, mon salut, triompha sur le brouhaha provoqué par cette meute  d'incrédules.

Puis, un silence lugubre envahit la scène. Tous attendaient que le miracle se produise. Pendant que mon esprit prisonnier dans mon cadavre s’efforcer de réintégrer sa place, je priais Dieu de rendre mon âme à mon  corps sans vie.

 

Soudain, mes yeux s'ouvrirent. C’est la surprise générale qui s'empara de l’assistance qui s’agita spontanément comme une houle. Des cris de panique s’échappèrent de la foule. Certaines voix se mirent à psalmodier des versets de coran a tue-tête. D’autres fusaient dans un accès de joie. Je fus remis à la vie par une force surnaturelle. Quelques amis se mirent à me narrer le processus de l'événement que j'avais vécu en passant de vie à trépas et de mort à la résurrection. Je leur expliquai que j'avais tout entendu de la cérémonie mortuaire, sauf que je ne pouvais réagir. Dieu  soit loué que je ne sois pas enterré vivant


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