Simone menaça son entourage immédiat de représailles si son mari ne lui était pas rendu, mort ou vif. « J’ai des introductions, dans les deux camps opposés par la guerre. Je suis en mesure de me défendre ! ». Allusion faite aussi bien aux maquisards, qu’aux forces militaires d’occupation qu’elle insinuait de faire intervenir, selon le cas, pour sauver son mari de la mort.
Elle ajoutera à qui veut l’entendre :
« Je vous mets en demeure de me dire ou est mon mari. Je veux le voir mort ou vif! Je suis jeune et j’ai des enfants. Je suis étrangère au pays ».
Pour calmer sa rage, ses proches lui répondaient que son mari est au djebel, et qu’il ne peut se rendre disponible pour le moment, parce que le FLN a besoin de lui. ».
En fait, pour éteindre ce volcan qu’est devenue Simone l’européenne et qui s'est subitement déclaré en pleine montagne, dans ce paysage pourtant féérique de la Kabylie antique, et empêcher que le problème ne prenne des proportions incontrôlables, il n y avait en définitive qu’une seule solution ou alternative à envisager, c’était de l’informer du sort que les fellaghas avaient réservé a son mari, a savoir qu’il avait été purement et simplement exécuté. Mais la vérité sur le décès d’Ourabah ne pouvait être cachée indéfiniment. Chaque jour qui passe, ne faisant qu’ajouter de l’eau au vase, finissant par le faire déborder, rendant Simone de plus en plus intransigeante. Elle se trouve maintenant dans un état d’excitation fiévreuse tant la dose journalière d’adrénaline ne faisait qu’augmenter dans son corps au point de lui donner l’allure d’une bête blessée en état de légitime défense. Sa patience et le secret qui avait entouré le devenir de son amour lui font perdre toutes ses inhibitions, pour la transformer en une véritable tigresse affamée qui sort de sa tanière en quête de subsistance de survie. Rien ne pouvait arrêter son assaut contre tous, pour forcer la main aux deux belligérants, mais personne ne devait, ni ne pouvait la rendre à sa raison. Son unique remède, revoir saint et sauf son « Ouraba » se trouve être l’objet d’un enjeu stratégique pour céder aussi facilement a la complainte d’une femelle Roumie pour les uns, et arabisée ou kabylisée pour les autres. Elle ne savait pas, la pauvre Simone, qu’elle ne pesait pas trop lourd sur une balance d’une guerre qui a déjà fait sauvagement de nombreuses victimes. Certaines de ces innocentes proies ne connaitront jamais de sépulture.
Des arguments pour apaiser la ferveur de Simone étaient pourtant disponibles a profusion chez les maquisards même si ceux-ci ne pouvaient être qu’un expiant palliatif au désarroi et la déprime de la dame, en attendant des jours meilleurs.
La vérité à dire était sans nul doute : ton mari a été tué, car coupable de collaboration avec l’ennemi. Quant a toi, tu seras intouchable, tu pourras rester avec tes enfants, et tu seras considéré citoyenne entière. Tu bénéficieras de toute la protection nécessaire de la part de l’organisation FLN et de la population.
Simone refusa d’entendre raison. Ali s'est senti l’obligation et le devoir de rendre compte aux maquisards en ces termes : « il est de mon devoir de vous rendre compte su le cas de Simone et de dire toute la vérité. La femme en question ne veut plus entendre mes conseils et mes appels au calme. Si par malheur elle devait réagir au décès de son mari par une initiative hostile au FLN, j’en dégage toute ma responsabilité ».
L'épreuve de la séparation du couple imposée par la guerre au couple, révélera l’intensité de l’amour qui lie Simone la française, a son époux kabyle : « je connais Dieu, je connais Ourabah! » elle ajoutera : « J’exige que vous me rendiez mon Ourabah ou qu’il peut se trouver! S’il est au ciel, il doit descendre! S’Il est sous terre, il doit être déterré! »
L’intransigeance de l'européenne devant une organisation dont la remise en cause des principes idéologiques et militaires ne pouvait être tolérée encore moins défiées même en privé, va sonner son heure sans que la Roumie ne se rende compte de la gravité du moment.
Suite disponible dans le livre : l’exécution par le FLN de Simone
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Quelques jours après la mort de Simone ………
Si Moh Arezki est venu ordonner à la famille de protéger les enfants. Il menaça quiconque s’en prendra- à eux pour quelque motif que ce soit. Ils sont nos enfants, nous leur devons affection et protection. La responsabilité incombera a Zahra et Ali, pour ces désormais enfants orphelins de père et de mère. Je ne souhaiterais pas entendre plus tard que ces enfants Aissa, Salem et Nadia soient abandonnés, ou qu’ils aient manqué de quoi que ce soit. »
Si Moh Arezki, le sergent chef militaire FLN de la région vint aussitôt apres la mort du couple, ordonner à la famille de protéger les enfants. Il menaça quiconque s'en prendra- à eux pour quelque motif que ce soit. « Ils sont nos enfants, nous leur devons affection et protection ».dira-t-il a l’assistance venue l’écouter dans son discours qu’il avait prononcé un soir, au village iferhounene dans la maison commune, en kabyle Thakhamt Ath Ali.
Apres ce discours circonstanciel, les maquisards se retirèrent comme ils étaient venus; discrètement à prés s'être assurés qu'ils n'étaient épiés ou poursuivis. La tache de les mettre en sécurité incombait aux moussebelines. Ces hommes qui ont valu cette réflexion du lieutenant François D'Orléans : ces mouzeblines, je ne les aime pas. Ce sont eux qui agissent en traitrise et causent beaucoup de dégâts a nos forces, car, le jour ils s'exposent comme de tranquilles chibanis a la Djemaa, et la nuit, ils servent de soutien logistique aux bandes de hors-la-loi"
Apres que le village s'est vidé de ses visiteurs de nuit, les envahisseurs de jour, les chasseurs alpins envahissent la maison du couple Ourabah-Simone. Ils étaient très nombreux à se diriger directement dans leur chambre ou ils trouvèrent les enfants en train de prendre leur petit déjeuner. Ni Aissa, Ni Nadia, ni Salem ne se doutaient encore du sort qui avait été réservé à leurs parents, en dépit de leur multiple réclamations :" tante Zahra, dis-nous ou sont papa et maman ? Quand est ce qu'ils reviendront?".
Zahra se contentait alors de la sempiternelle réponse evasive, les larmes aux yeux :" je suis avec vous, ne craignez rien. ne cherchez pas a savoir pour l'instant, vous le saurez plutard. Allez ne vous en faites pas!"
Les soldats de la 2éme compagnie du 6éme BCA savait tout de l'affaire Ourabah-Simone, probablement mis au parfum par ses compagnons indicateurs.
Le lieutenant était également présent chez les Belkadi qui se mirent à interroger les enfants. Il leur lia les mains en signe de line indissoluble pour le restant de leur avenir, s'adressant à eux en ces termes :" vous êtes des français, nous vous devons protection et assistance. Si vous souhaitez partir en Métropole, je vous promets que ce sera fait immediatement, la France ne vous abandonnera pas"
Na Zahra qui suivait tout ce manège vint à leur rencontre pour les soustraire des mains des roumis en les attirant vers elle :" ce sont mes enfants! Du moins ils le seront jusqu'a ma mort. Je ne les abandonnerai jamais quelques soient les difficultés et s obstacles. Quittez vos mains de ces petits, ils portent le nom de Belkadi!, c'est a notre famille qu'échoit la responsabilité de la garde et la protection."
Pendant que Na Zahra serrait des ses bras les enfants affolés par les paroles qui venaient de s'échanger entre la maitresse de maison et le lieutenant des chasseurs alpins, les soldats de la compagnie s'affairaient à fouiller de fond en comble la maison du couple Ourabah-Simone. Il est vrai que la 2éme compagnie du BAC était connu par le passé pour ses chapardages et ses vols de betail.ils mirent la maison sens dessus dessous, et emportèrent tous les objets et personnels de Simone : livres, bijoux, correspondances, linges, papiers personnels. Pour quel objectif? Un factice enquête qui permettra aux soldats de s'approprier a l'œil des objets de valeur du couple que l'on savait très riche. Les pauvres enfants, ne reverront plus, ni Ourabah, ni Simone, ni les traces de leurs souvenirs personnels pour se réconforter dans le moment de solitude immense, dans ce douar cerné par l'énorme muraille de fer du Mons Ferratus.
Aissa, Nadia et Salem, trois charmants enfants ressemblant a d'innocents lionceaux a qui la guerre venait de happer leurs affectueux parents seront oubliés de tous ces chefs militaires qu’ils soient du Fln qui combat pour l'indépendance de l'Algérie ou de la douce France pour qui la colonisation n'avait qu'un seul et unique dessein : civiliser les enfants indigènes en pacifiant les adultes...quitte a envoyer a la mort les récalcitrants et les collaborateurs de la France connus sous l'insidieuse appellation de FSNA.