Quantcast
Channel: Iferhounene
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5634

Iferhounene-novembre 1960 : le maquisard AROUA Mohand Oussalem tombait au champ d'honneur.

$
0
0

 

Aroua Mohand Oussalem et son compagnon de lutte Ahcene Ait Baha, ont été interceptés par les troupes du 6 éme BCA au lieu dit, Vouhammou, un terrain escarpé situé a contre bas du village iferhounene.Bte2 - IF040.JPG

Ce sont les soldats de la 2éme compagnie du 6éme BCA, installée a iferhounene, a 100 mètres du village, en Octobre 1956, qui les avaient repérés au lieu dit Achelkhoun, non loin du champ dit Zagou a environ un kilomètre seulement de la sentinelle du camp, alors qu'ils étaient sur le point d’être approvisionnés par les femmes en victuailles. Ils ont été donnés a l’ennemi par des collaborateurs, des traitres de la révolution.

 Les chasseurs alpins en "chouffant" le déplacement sur un terrain très exposé a la vue des jumelles des sentinelles du camp francais, les femmes  qui devaient assurer l’approvisionnement en victuailles des deux maquisards, ont remarqué que les silhouettes de ces femmes s’étaient subitement évanouies dans la nature, derrière un touffu d’herbes a l’intérieur d’un grand ilot d’arbres, se sont résolus a lancer une opération de recherche, en ratissant toute la région. C’est la qu'ils soupconnérent la présence d'une casmate ou se réfugiaient des "fellaghas. AROUA Mohand Oussalem natif du village iferhounene et AIT Baha Ahcéne étaient la en effet,dissimulés dans leur abri. La troupe se lança  a leur poursuite, mais ne parvint pas  a les accrocher, car les deux soldats du FLN, s’étaient aperçus assez tôt qu’un important groupe de soldats français avaient quitté le camp pour se diriger dans leur direction, et avaient eu le temps de s'échapper.

L’alerte avait été donnée par ces soldats de la 2éme compagnie d'iferhounene par message radio, aux bérets verts stationnées a deux kilomètres environ en face, dans la camp du village Taourirt Boudles.6°BCA tikilsa.JPG

Pris en sandwich entre les deux troupes, les deux maquisards n’avaient pas eu la chance ou l'occasion d’affronter dans un corps a corps héroïque les soldats ennemis, en raison de l’écrasante supériorité matérielle et humaine des soldats coloniaux qui employèrent fusils mitrailleurs, et autres armes de longue portée, contrairement a nos deux djounouds qui n'étaient dotés que de mitraillettes dont la portée ne dépassait guère les 100 mètres avec comme stock de munitions quelques chargeurs. le nombre de soldats mis dans cette opération était sans commune mesure avec l'effectif opposé de l'autre coté de la bataille, a telle enseigne, le témoin vivant qui rapporta l'événement a eu cette phrase qui remplacerait le plus long reportage d'un journaliste de guerre : "les soldats français étaient , ce jour la , plus nombreux que les arbres".


 
Aroua fut atteint a l'épaule, alors que son compagnon put s'en échapper.

"je fus réquisitionné par l'armee, dira le témoin vivant,pour transporter le blessé. Arrivée sur les lieux de L'accrochage, je decouvris notre moudjahid, Aroua Mohand Oussalem assis, dans toute sa forme physique malgré le stress qui se dégageait de son visage. il perdait beaucoup de sang, mais il était comme muet comme un carpe, il était en état de choc, cela se lisait sur son minois.

 Comme on ne pouvait pas le transporter sur une mule, on m’ordonna de le charger sur mon dos" raconta Si Hadj Mohand F. qui n'arrivait pas, 60 ans aprés ce poignant épisode, a retenir ses larmes qu'il essayait d'étooufer pour se donner une contenance.

"Escortés par plusieurs soldats dont l'un d'eux transportait sur son dos un poste radio ER, nous parvînmes au lieu dit Annar( aire a battre) Imahrouren, il faisait déjà nuit. le blessé que je transportais sur mon dos ne cessait de me pincer a chaque question que me posait le capitaine qui se rapportait toujours a l'identification de ce "Fellagha", en l’occurrence Aroua Mohand Oussalem. C'était sa façon de me communiquer secretement un message : ne rien dire et m'en tenir a ma première déclaration, a savoir que je ne reconnais pas cet homme. D'autant plus, avais-je deja répondu au capitaine que le seul Aroua que je connaisse ne portait pas de moustache et n'avait pas cette corpulence sportive, même si au fond de moi, contre toute logique, c'était L'enfant terrible de mon village qui faisait parler de lui dans les combats et dont les interminables crapahutes dans le djebel avait forgé les muscles et lui donnaient l'allure d'un athlète.

Le capitaine me reposa la question si je connaissais cette personne, en ajouta : «  ce n’est pas Aroua Salem ? ». Je savais qu'il était notoirement connu de la population et des services de renseignements français. il était un combattant courageux, futé et très aguerri. Il appartient a une famille simple mais très estimée.

Je répondis que je ne le connaissais pas. Le capitaine  insista, énervé, puis, il me jeta a la figure cette phrase qui me paralysa un instant  « depuis hier, tu ne l'as pas vu, salaud ! ».

En effet, on s'était rencontré, lui et moi, il y a moins de deux jours pour la dernière fois. Mais, qui a bien pu renseigner les militaires français sur cette rencontre,  me suis-je dit au fond de moi.

 Nous n'avions pas encore quitté le Annar Imahrouren que je constatai que le corps que je transportais s'affaissa subitement de tout son poids sur mes épaules. Un énorme poids, du fait de l’inertie. je me suis mis a crier en français ; il est mort ! il est mort !

Une pluie de coups s'abattit sur moi. les soldats se reliaient pour me frapper, mais le porteur de radio ER intercéda pour moi.  Il avisa le  capitaine que  le "fell" que je transportais venait de rendre son âme.

 Le capitaine insista pour que l’on transporta jusqu’ au camp:"ça ne fait rien, continuer et faites vite !. on verra plus tard en arrivant au camp"

Le capitaine informa les chefs du camp du décès du maquisard.

 Arrivés à la baraque d’Ait Bouathmane, a l’intérieur du camp,des médecins, des infirmiers et des officiers français étaient déjà la, attendant notre arrivée.

 les médecins constatèrent le décès, en même temps qu'il est fait L’inventaire de ses effets. En tout et pour tout voila ce qu'Il avait par devers lui :

- une mitraillette chargée

- 3 chargeurs de cartouches intacts

- 1 boite de tabac a chiquer

- 3000 frs


 Après ce constat, Profitant d'un moment d'inattention, Le porteur de radio ER m'invita a quitter les lieux illico presto de peur d’être inquiété par quelques soldats zélés :" vas y ! qu'est ce que tu attends?! fout le camp avant que tu sois torturé "

Il m'accompagna a la sortie du camp que je quittai sans me retourner. A la maison,Je m'endors pour oublier les scènes que je venais de vivre, dans un état second.

 Le lendemain matin...

 Les militaires francais exposèrent sur la place de la djemaa du village le corps du defunt. Un hélicoptère attérit au centre du camp a son bord des officiers venus pour a circonstance.Ces officiers de l'armée français sont venus adresser le salut militaire au maquisard tué. la mere du defunt, a genou devant le corps inanimé de son enfant, le reconnut publiquement en en criant : Oui, c,est mon fils! Elle poussa un youyou strident qui fit frisonner l,assistance. les soldats présents étaient cloués au sol comme paralysés. On  pouvait aisément remarquer a la mine de ces soldats qu’ils étaient très émus devant cette scène  qui expose publiquement une mère qui pleure son enfant.

 Le capitaine autorisa qu'une cérémonie religieuse soit organisé a l'attention du soldat courageux, non sans avoir rappelé a un de se subalternes qui tentait de pratiquer une exaction sur lui, au moment il était encore envie, mais sa blessure grave qui l,emporta, l'avait littéralement paralysé :" ne le touche pas , salaud, celui-la , c'est un homme!".

Les militaires quittèrent la place, les villageois se recueillent sur la dépouille de l'enfant du village devenu grand maquisard. il est vrai que Aroua Mohand Oussalem est mort en emportant avec lui son grade d'officier.

Dieu ait son ame


Viewing all articles
Browse latest Browse all 5634

Trending Articles