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Dieu! que notre existence est violente!

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Et pourtant je me remémore toujours ces actes insensés de ce harki qui me reflétait toujours cette image repoussante,  a moi seul peut-être, d'une bête sauvage qui n'est animée que par ses réflexes neurovégétatifs, un écervelé, un forcené, une espèce de sanglier qui se rue sur ses victimes  qui ne sont pourtant pas ses bourreaux.sikorsky.jpg

Il jura de régler ses comptes à toute la famille dont pourtant, un seul membre, avait eu maille à partir avec lui du temps ou il était soupçonné de collaboration par l'organisation FLN de 1954.

En fait, il aurait été supplicié par des membres d'un commando FLN, en raison de ses fréquentes fréquentations de l'autre camp. Le camp de l'envahisseur, du colonisateur français.

Il travaillait même au camp des chasseurs alpins. Son père aurait été, dit-on, liquidé par les "frères" du FLN pour le même motif. C'était le début de la révolution, les liquidations de part et d'autre étaient, en cette année 1955 choses fréquentes.

Depuis, ce harki jurait à qui veut l'entendre qu'il allait se venger sur tous les membres de la famille du fellagha qui l'avait torturé, interrogé pour avoir souvent fourni aux soldats du commandement  des chasseurs alpins des renseignements sur les hommes de l'organisation de la résistance armée. Les soupçons qui pesaient sur le harki étaient trop lourds pour les prendre à la légère en cette phase préparatoire de la lutte armée dans cette région de la Haute Kabylie, la commune mixte du Djurdjura.Toutes_ces_choses_qu_Cover_for_Kindle(vieux).jpg

On lui aurait même ouvert la chair de son corps, pour pratiquer des poches qu'on remplissait de sel. Une technique certes élémentaire, mais une torture, il est vrai des plus barbares.

Mais le harki n'a du la vie sauve que grâce a l'intervention de soldats français qui étaient ce jour en ratissage dans la région. Il sera libérée en in extremis par le feu nourri de l'accrochage qui opposa maquisards du FLN et chasseurs alpins du 6 émet BCA.

Depuis, le harki sera transformé en une véritable machine à tuer. Il exécutera des plans de trahisons qui couteront la vie à plusieurs maquisards et civils. Il était très au fait, déjà, des secrets des hommes qui avaient organisé la résistance a l'occupant.

Il se fera remarquer par son attitude agressive  envers les femmes, et surtout les enfants qu'il torturait secrètement pour obtenir des renseignements sur les maquisards de la famille. Ces maquisards qui pourtant, n’étaient autres que ses anciens copains du village, du même âge, et avec qui d'antan, il jouait et riait tous souvent jusqu’à la tombée de la nuit.mosquee iferhounene.JPG

Un jour qui couta la vie au petit fils du roi Philippe, le lieutenant François d'Orléans, trois maquisards seront abattus dont un n'est autre justement que son "ancien tortionnaire" FLN. Un certain 11 octobre 1960, François d'Orléans, succomba à ses blessures dans le Sikorski qui le transféra vers l'hôpital Nagealen de Tizi Ouzou. Le Harki affable, Mohand Ouidir Ait Messaoud, dont nous avions déjà parlé dans nos premiers livres : Mémoires d'un enfant de la guerre (l’Harmattan) et les troupes du colonel Amirouche (Éditions Casbah) l'échappera belle ce jour en recevant lui aussi un projectile tiré de cette casemate, non loin du village Taourirt Ali Ouanacer, plus précisément  a contre bas d'Imezouagh, et qui le blessa au centre, fort heureusement, tres superficiellement. François d’Orléans, dont on raconte qu'Il fut atteint mortellement, serait allé porter secours à ce harki. Mais fort de sa réputation et du courage légendaire de ses ancêtres de la famille royale, il avait ordonné au harki et aux soldats qu'il commandait : "Aller, avancez ! Vous avez peur?"

Ce 11 octobre 1960, la France métropolitaine et "l'Algérie française" sur ordre du général De Gaulle pleuraient en même temps la mort du petit fils du roi Philippe, le lieutenant François d'Orléans, On décida alors 8 jours de deuil dans la France et dans ses possessions africaines. Le 11 octobre 1960,  trois maquisards tombèrent sous le feu  et les bidons de napalm dans un abri, a Imezouagh, les corps des deux ces trois maquisards seront exposées au cimetière d'iferhounene, au lieu dit Sidi Mhand El Hadj. Le troisième sera transporté vers le lieu de sa naissance.DSC04837.JPG

 Ces deux maquisards sont natifs, l'un d'iferhounene, l'autre de Ait Zellal. C’est ce "tortionnaire" qui sera brulé par les harkis, pour se venger post mortem. Mais qu'importe, comme disait  un de mes frères, que je sois dévoré par les chacals , jeté dans un fossé, ou encore livré aux flammes ici bas, que je ne suis qu'esprit, le corps inerte, sans vie, mort a jamais, pourvu que je ne sois pas déshonoré par mes actes. Le maquisard «tortionnaire" avait choisi son camp. Il était déterminé. Il aspirait à mourir pour la cause sacrée : la liberté du peuple algérien.

La vie reprend son cour, malgré les morts, la torture et les privations. Les chasseurs alpins quitteront a jamais ce beau pays, faits de montagnes, de mamelons, de cerisiers, d'oliviers, de figuiers, d'eau fraiche, minérale, de neige semi éternelle, de soleil phosphorescent, de ciel bleu azur, de nuits opaques, de nuages tantôt pourpres, tantôt gris chargées de la colère de Dieu.

 La vie reprend espoir, les jeunes gens et les jeunes filles apprennent à aimer, a sourire, a fleurter, a faire l'amour légal, sans peur et sans souci.

Ces enfants terribles débridés, libérés de la peur et de la faim explosent comme des bombes et des balles de fusils mitrailleurs. Sans dégât matériels. Mais les préjugés sont toujours la. Un harki reste un harki, il faut donc le tuer. L’assaut donné aux collabos, n'a pu être contenu ni par les accords d'Évian, ni par l'organisation embryonnaire de l'Algérie fraichement indépendante. Plusieurs vont périr dans des conditions lamentables.photo canon 75 mm iferhounene 1958.JPG

Certains harkis ont quitté le pays. Comment? Cela ne sert à rien de le savoir. ils ont continué a couler des jours , malheureux, jusqu’a ce que les démocrates outre mer, décident de les considérer comme des citoyens français  a part entière.Mais je reste sceptique  et continue de croire comme mon ami chasseur alpin, appelé, que jamais celui qui a trahi son pays d'origine ne peut devenir un citoyen modèle dans un pays d'accueil, de servitude, d'allégeance.

Certains harkis pour sauver leurs tètes, ont quitté l'Algérie, sans demander leurs restes, abandonnant frère, mère et pere,

 Alors commence une vie infernale, pour ces pauvres algériens. Je me souviens de cette dame qui allait et venait, traversant le seuil de ma boutique, en criant toute sa rage, contre ses bambins sauvages qui l’insultaient, lui disaient même des gros mots. Faut dire que les enfants issus de la guerre, libérés de cette contrainte, n'avaient eu aucune éducation, leurs papas vivaient eux comme des bêtes traquée, ne pouvaient donc s'occuper de leur éducation, que dis-je, de leur nourriture,

La bonne femme, avait perdu la raison, elle aussi était le fruit de cette guerre sans pitie, proferait des menaces, jurait, disait meme des gros mots. La pauvre, un moment j'ai cru voir ma mère devant moi. Je ne pouvais supporter cette scène, de voir une dame qui aurait pu être ma mère, être insultée, par des garçons et des filles, et être traitée de tous les noms d'oiseaux, ou de répondre a ces insultes par le meme langage vulgaire, grossier, obscène. La pauvre femme avait perdu la raison, elle courrait, et essayait, malgré son âge, son poids lourds, ta taille grande, de rattraper ces enfants sauvages, sans aucune éducation, grossiers, mais agiles.

Je fus saisi de stress, à l'idée que cette femme pouvait être ma mère. Elle n'est pas ma mère, elle est meme la mère de ce harki, qui pendant bien des années, de cette guerre, était le maitre abord dans la région. Le Shérif, le Rambo, le tueur, le tortionnaire.

Mon instinct de conservation, mes sentiments humains, ma religion, tout cela m'a poussé à intervenir pour défendre cette pauvre femme. Dieu m’avait dicté de la sauver de la lapidation de ces polissons, ces voyous, je dirais.

 Je mis fin a ce supplice. Le calme est revenu. La pauvre femme vint vers moi, mais n'osa pas dire un mot. Un peu comme une bête traquée, qui se refugie dans la protection d'un autre animal plus puissant, disposé à le protéger, a le délivrer des menaces qui pèsent sur lui.

Je crois ce jour, avoir rencontra. Dieu, qui me guida vers cette femme et lui dire ; "madame, ne craignez rien, je suis la pour vous défendre. Je n'accepterai plus que vous soyez agressée.  Et si quiconque dorénavant venait a importuner, vous savez ou me trouver. De votre protection, j'en ferai mon affaire!"

La pauvre femme n'avait plus, ni mari, ni fils, ni filles pour prendre son parti, encore moins la défendre ou la protéger. Tous l'ont quittée pour une vie tranquille, loin des représailles de la guerre.

 La pauvre femme elle, est toujours la. Elle avait fait partie du mouvement général de la population en temps de guerre et continue d'exister dans ce paysage souriant de l'après-guerre.  Elle mourut  en gardant son lien indissoluble avec la mère patrie. Cette terre qui l'avait vu naitre, souffrir et mourir, elle ne la quittera jamais. À l'instar des fils et filles de cette terre sublime. Elle eut droit, devant la mort juste, mais implacable, au meme titre que tout villageois rappelé a Dieu, a des funérailles traditionnelles, rites ancestrales, a la borda qui accompagne tous les morts dans leurs dernières demeures. Le Cheikh prononcera son oraison funèbre, et on ne pouvait la distinguer d'un autre mort. Les prieurs dans leur habits blancs n'avaient à faire ce jour qu'une prière pour un mort pour lequel on pria Dieu de lui pardonner pour ses péchés personnels, mais loin de la référence a sa position vis a vis la guerre, de l'occupant Roumi. Il est vrai que cette pauvre femme était restée citoyenne du village a part entière et vivait la peur, la faim, l'oppression comme tout un chacun. La terre qui l'avait vu naitre ne la rejeta pas, et elle même n'a jamais cessé de s'accrocher à elle comme on s'accroche à la vie.ecoliers iferhounene 1960.JPG

Dieu ait l'âme de cette vieille femme, elle venait de partir a jamais dans le royaume des morts, sans jamais songer à fuir vers le royaume des vivants que se miroitaient les esprits des hommes misérables en quête de travail. la bas en France, c'est la vraie vie, pensaient-ils avant de prendre le bateau pour revenir vieux, rongés par la nostalgie, la peau ravinée par le vin et autres liqueurs  roumis, l'esprit en proie aux rêves du bon vieux temps, le temps de leurs vingt ans, happé a jamais par l’oubli et le changement. Mais pour les harkis cela est une autre affaire de l’humanité entière.


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