Mardi 21 janvier 2014
- Pour combler le silence sidéral du Président, certains officiels et hauts responsables s’investissent d’une mission : remplir le vide total (Institutions paralysées, blocage et lenteur dans presque tous les domaines…) laissé par un Président en exercice, impotent du fait d’une maladie handicapante et circulant en chaise roulante. Ils se veulent plutôt bavards avec le peuple, et élogieux envers le Président qui se fait muet comme une carpe et qui joue à cache-cache avec ce même peuple.
Ainsi, le Premier Ministre, depuis plus d’une année, en marathonien infatigable (attention à l’infarctus du myocarde !) sillonne sans cesse le pays, de wilaya en wilaya, distribuant des milliards à la pelle, louant un bilan élogieux de son mentor, semant la bonne parole et l’espoir. Objectif : rassurer et faire germer dans les têtes du pays profond l’idée d’un quatrième mandat sous la conduite salvatrice de l’actuel Président, l’homme providentiel. Toute honte bue, il se défend de ne faire aucune campagne électorale, alors que depuis une année il ne cesse de la faire en amont, bien avant son déclenchement. On appelle cela la concurrence déloyale. Très déloyale. Et c’est le moins que l’on puisse dire.
Il n’est pas le seul. Il y a également d’autres. Tel le ministre de nos puits de pétrole et du gaz. Il fait des déclarations d’un optimisme euphorique. L’Algérie a encore des hydrocarbures pour cinquante années, nous dit-il. Cela peut paraitre normal, mais quand une telle déclaration est faite la veille des élections, cela a signification. Le message est clair : ne vous inquiétez pas, soyez rassurés ! Les milliards vont continuer à pleuvoir pendant longtemps, et nous serons toujours là à vous inonder du bonheur de la rente pétrolière.
Les déclarations des deux hommes se rejoignent. L’un, le Premier ministre parle d’un bilan élogieux, et l’autre, le ministre des mamelles nourricières du pays, nous gratifie d’un avenir radieux. Toujours sous la conduite éclairée du même timonier, dusse-t-il rouler en chaise roulante ! La séparation des tâches est parfaite, la jonction entre les membres de l’équipe du très fermé CCR (Club de la Chaise Roulante) est bien assurée. Leur cynisme est sans limites.
Leur sans-gêne aussi est sans limites. Ils se permettent de contredire sereinement les déclarations des autres responsables d’institutions étatiques (ministre des finances, directeur de la Banque d’Algérie et directeur général des douanes) qui ont avancés des chiffres qui donnent froid au dos quant à nos perspectives d’avenir, au demeurant pas très lointaines (peut-être que ces responsables ne sont pas membres du CCR). S’ils se permettent d’agir ainsi, de dire allègrement des choses puis leur contraire, c’est qu’en fait ils ont l’habitude de ne pas rendre des comptes, n’étant redevables qu’envers leur seul mentor. Ils jouent leur jeu.
Le peuple quant à lui, qui compte pour du beurre, gangréné par la corruption (sociale, économique et politique) pratiquée par le pouvoir, fait semblant de les écouter et d’avaler leurs bobards, demandant toujours plus sans travailler et exigeant gratuitement les milliards de la rente. Il est prêt à les poignarder le moment venu. Eux le savent, mais pour le moment (mais jusqu’à quand ?) ils mènent le bal et tirent encore leurs marrons du feu. A chacun son jeu. Cependant le pays s’en va à vau-l’eau.
L.Ramadane,professeur de management