elle s,appelle Saida la fille cadette d,une famille composée de plusieurs frères et sœurs. elle réside avec sa famille dans une maison nouvellement construite en brique rouge, couverte de tuile mécanique de même couleur. la porte d'entrée de la maisons ainsi que les fenêtres sont dirigées vers le Sud, et font face a la célèbre chaine du Djurdjura sur laquelle trône majestueusement depuis la nuit des temps, le rocher du Zenith, l'Azro NEt'Hor. Nous sommes au coeur de la kabylie des Ittourars, une des tribus des quinquégentiens du celebre Mons Ferratus.
La maison de cette modeste famille trône également a 1500 mètres a l’écart du groupe de de vieilles mechatas du village de Qalous.
les filles et les garçons de cette famille simple vivaient des jours tranquilles, malgré l,isolement du reste de la population durant le jour. Mais comme partout dans le monde rural, La nuit est souvent l,occasion pour les petits enfants et surtout des fillettes de vivre des moments d,aventures imaginaires, dans leurs rêves peuplés de cris et de formes cauchemardesques.
le danger de la guerre a certes quitté les parages. Celui des bombardements et des fusillades de l,armée, Des canons 105 mm qui survolaient le village pour aller exploser sur le flanc des montagnes ou tout au fond de la vallée profonde et escarpée de l'Oued Tirourda qui degringole le lit abrupt pour aller joindre son flot écumeux au long et large serpent de l,Oued Sebaou.
la peur de bandits ne s,est pas installée pour l,instant dans cette contree perdue,austere,inospitaliere ou le climat et le relief, la configuation geographique de la nature ne laissent aucune chance aux etrangers de surcroit quand ils sont etrangers aux villages. l ,indépendante a libéré les esprits des images effrayantes des soldats français et des redoutables harkis haineux, pour les remplacer par des bandits fictifs. Ces bandits qui n,existent pour le moment que dans les esprits des enfants et des adolescents. la guerre d,Algerie n,a pas permis de façonner l,image nette de ce que pouvait être un bandit dans la réalité. Autant dire qu'il n'en existait pas. il y avait plus que le banditisme, car le colonialisme a frappé tout le monde et aucun, enfant, femmes ou adultes ne se sentait en secrité. La mort planait et frappait a tout moment et a tout endroit n,importe qui sans distinction de sexe ni d,age. Pour l,heure, en tout cas, de banditisme nous n,en avons jamais rencontré jusqu'a présent , ni entendu par parler de ses méfaits.
Mais il y avait aussi une peur que les enfants trainent dans leur vie jusque a l,age adulte , celui des fantômes, des ogresses et autres créatures invisibles mais rendues terriblement effrayantes par l,imaginaire populaire et l,éducation sociale et familiale qui transmet perpétuellement ces idées, souvent pour neutralisant les enfants ou bien parfois pour les assagir, quelle éducation! que cette façon d,insérer dans les esprits des enfants des chimères inutiles et inhibantes, une forme de compromission de l,éducation qui va déterminer l avenir des enfants
et pourtant, moi qui vous parle, moi qui avait suivi régulièrement une formation scientifique et philosophique de l,école occidentale, depuis les écoles de la S.A.S(sections administratives specialisees) de l,armee francaise , et aussi quelques ingrédients de la religion musulmane éclairant quelques aspects de la vie outre-tombe et fournissant des réponses métaphysiques a des existences surréelles et les moyens de s,en prémunir contre l,envoutement et l,asservissement, moi donc qui rejette toute forme d,affabulation sur la prétendue existence d,êtres surnaturels, moi qui ne croit jusque a cet instant qu,aux êtres faits de chair et d,os, et de langage distinct, kabyle, arabe ou français, je me suis trouvé pris de cour par surprise par des faits accablants non moins mystérieux remettant du coup en cause toutes mes convictions et mes certitudes de jeune lycéen occidentalisé par la formation et la culture des grands auteurs français comme Rabelais, Ronsard, Montaigne, Pascal et Baudelaire. et c,est ni les poèmes de Si Mohand ou M,hand, ni ceux de Corneille, ni encore ceux de Victor Hugo, présents dans mon esprit, qui pouvaient me rassurer, me conforter dans mon certitude cette nuit la , ou les ogresses invisibles étaient au rendez-vous , dans cette maison solitaire, dans cette pièce mal éclairée au cœur de cette campagne isolée du reste du village
cette nuit noire comme l,encre de chine, il faisait pourtant frais, et les étoiles semaient copieusement la voie lactée, sans parcimonie je dirais. Ce qui ajoutait a l,atmosphère lugubre, sa dose de frayeur et d'odeur outre-tombe a l,atmosphère déjà macabre.
cette nuit, les esprits, les Djinns, les revenants ou les fantômes, les ogresses, tout ce monde paranormal, invisibles a l,œil du commun des mortels, ces gens d,outre-tombe étaient au rendez-vous. Saida , la jeune fille de 12 ans, les a vus. Elle vient d’être secouée dans son sommeil par une force étrange qui la fait bondir de son lit. Debout, les yeux fermes, elle avance dans la chambre qu,elle occupait avec ses sueurs. la lumière blafarde qui inondait la pièce permettait juste de distinguer la forme des visages des membres de la famille qui entouraient a cet instant même, la jeune saida. Elle parlait les yeux fermés, comme dans un rêve, tout en circulant dans pièce ou nous étions tous réunis pour la circonstance, donnant cette impression de dialoguer, plutôt de se chamailler avec les nombreux esprits qui l,accablaient et qui tournaient autour d,elle. le regard braqué vers la fenêtre qui donne sur le champ d,un relief abrupt qui va se perdre dans le fond du ravin a contre -bas des villages de Tifilkout, de Zoubga, Soumer. El Haad, Ait Aissa ouyahia. Sans ouvrir les yeux, elle semblait guetter quelque personnage invisible pour nous tous, sur le point de surgir pour s,accaparer d'elle. je fus a cet instant attiré par son attention concentrée et dirigée sur quelque choses de mobile a travers la fenêtre, en suivant du regard j,ai cru apercevoir au dehors , une ombre se dérober de derrière la fenêtre. Est ce une impression , ou l,effet de la peur qui commençait a agir sur moi. J,étais comme dans l,attente que cette créature invisible se mettre a découvert comme dans une sorte d,un tour de prestidigitation. Ma curiosité noyée dans la frousse que j,avais de voir subitement surgir une forme fantomatique, est restée cependant clouée a l,interprétation que mon esprit donnait aux paroles de Siada qui continuait de parlementer avec les fantômes. Un langage que seule Saida comprenait a entendre ses répliques, la discussion entre possédé et possesseurs qui parait des plus intelligibles.
a le regard ne rencontre que l,obscurite et la profondeur de la vallee, perturbé quelques fois par le cri plaintif des chacals.
Saida, semblait lutter contre un horde de fantômes ou de DJINNS, DES FEMMES qui dialoguaient avec le, a en croire les réponses qu,elle donnait a ces interlocuteurs nombreux. Mon grand frère qui n,est autre que le père de Saida, se saisit a cet instant d,un livre dont le papier est tellement vieux et l,écriture entourée d,arabesques ajoutait son grain de lugubrité, il ouvre le livre et la première Sorate du Coran qui se présenta a nos yeux, écarquillés fut celle de "Yacine" qu,il commença de lire a haute et fibrille voix, une voix chargée de frayeur et d'émotion. promenant son doigt sur les lignes du livre sacré qui défilent devant nos yeux a mesure que la voix récitait les versets, la jeune saida accompagnait le lecteur, son propre père en l,occurrence sans même ouvrir les yeux. Dieu! me suis je dis intérieurement, comment cette fille a te elle pu distinguer les lignes du verste avec les yeux fermés !?
Soudain, et comme pour ajouter au suspens, mon frère trébuchant sur un mot, puis sur toute la phrase de la ligne du verset qu,il lisait, perdit le fil, et baragouina un semblant de mots qui ne collaient plus au texte sacrée en question, que saida, sa propre fille, la possédée, sans coup férir, rectifia comme pour corriger l’élève récitant de Coran . Dieu! comment peut elle, non seulement lire le Coran les yeux fermé, et corriger de surcroit quelque texte dont elle n,avait pas connaissance auparavant. En d,autres termes , ma logique très occidentale, personnelle également, me font dire au fond de moi ce-ci : "comment puissions-nous etre en mesure de corriger un poème de Baudelaire , sans en avoir auparavant pris connaissance.? En prenant cet exemple je finis de liquider mon dernier scepticisme et me dit que la vie extra terrestre existe bel et bien. Mais toute la question est de savoir qui peut accéder a la communication avec ces êtres invisibles, inaudibles ici bas. faut il etre deja des leurs, un peu, pour comprendre et voir ce monde qui échappe au commun des mortels? le lien avec la prestidigitation peut il etre fait? les sorciers sont-ils de ce monde ou a mi chemin des deux. des lors une autre question lancinante, obsédante me taraude l,esprit : les morts ont ils la possibilité de revenir a la vie? le secret ne sera jamais perce, en tous les cas pas durant notre génération. que deviendra l,homme d,ici quelques milliers d,annees6
revenons a notre histoire car elle est loin de révéler tous es secrets. continuons ...
Saida qui maintenant était connectée avec l,ensemble du groupe outre tombe , est restée cependant en contact avec les vivants que nous sommes. en même temps que nous lui lisions des sourates de Coran , elle suivait la lecture sans l,usage de ses yeux, elle dialoguait avec les esprits et répondait en même aux sollicitations des vivant était-elle l,intermédiaire a cet instant précis entre les morts et les vivants? c.est du moins ce que j,ai cru détecté dans le rôle qu,elle tenait dans cette séance époustouflante. A un moment donne de sa communication , elle pose la question suivante ;
"Vous qui êtes dans la salle et qui refusez de parler, je sais qui etes vous. vous habitez alter. vous êtes recourez souvent aux injections pour nous chasser de votre corps. "
elle continue ;
" il y a quelqu un dans la salle qui ne veut pas parler."
j,ai pensé alors qu.il s,agissait de moi, car paralysé par ce qui se passait autour de moi, je n'ai pas placé un seul mot depuis quelque temps. A cette remarque de la possédée, et ayant réalisé qu,elle faisait allusion a moi , alors j'ai du coup commencé a mon tour de lire le Coran, suite a quoi la possédée eut cette remarque:
" Ah! voila, maintenant , cette personne est en train de parler." il ne subsistait aucun doute qu,il s,agissait de moi. j,attendais d,autres remarques avec une angoisse incontenable. mais elle ne vint pas. alors je continuais de lire le Coran a haute voix , la voix tremblante et le rythme saccadé. Pour me donner un peu de courage, j,élevais la voix, , et c,est a ce moment que Saida revint a elle. Elle se plaignait d,un mal de tête effrayant, et avoue n,avoir rien vu , ni senti, la mémoire n,a pas pu faire la transition entre ce qu,elle venait de vivre psychiquement et le retour a la vie normal ici bas.
Nour Ait OUguenni