AFFAIRE MERBAH : cinq cadavres et un pactole
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- 25Aoû2013
- Mis à jour le dimanche 25 août 2013 12:17
- Publié le dimanche 25 août 2013 12:17
- Écrit par Ali Graïchi
La famille Khalef exige la réouverture du dossier de l’assassinat du défunt Kasdi Merbah, de son fils, son frère, son chauffeur et de l’un de ses gardes du corps. Pourquoi maintenant et à quoi peut mener la procédure ? Retour sur la réémergence de l’une des affaires les plus obscures de la décennie noire.
En 1993, Mohamed Mgueddem, alors conseiller à la présidence, est cité par la presse algérienne comme personne impliquée dans ces assassinats. Quelques jours plus tard, se trouvant en France, il adresse, à partir d’un hôtel parisien, un fax à l’AFP revendiquant, au nom d’un groupe islamiste, l’opération qui a coûté la vie à l’ancien responsable de la sécurité militaire. La DST française remonte aussitôt le circuit de l’envoi et interpelle l’auteur du communiqué. Le général Smail Lamari, à l’époque responsable de la sécurité extérieure et qui a toujours entretenu de bonnes relations avec les services français, intervient et obtient la libération du trublion algérien.
Oscillant entre allégeance à la présidence et activisme au profit des services, Mguedem agace autant qu’il sert. La relance du dossier Merbah le remet en scène dans une conjoncture de tiraillements aigus au sommet du pouvoir, chaque clan essayant de reprendre la main. Désamorcée depuis le « réveil du chef de l’Etat, malgré les accablantes déclarations du procureur général, l’affaire Khellil a ébranlé le cercle présidentiel. La sollicitation de la justice pour rouvrir le dossier Merbah sonne comme une réponse du berger à la bergère ; ce qui n’enlève rien à la légitimité de la demande de la famille.
Officiellement, l’ancien premier ministre a été éliminé par le groupe de Hattab. Or ce dernier est désormais un repenti détenu par les autorités algériennes ; ce qui le rend accessible à la justice. Bouteflika peut qui s’attend à s’entendre répliquer que l’ex-chef du GSPC est absout par sa « réconciliation nationale » a préparé la riposte : la réconciliation ne couvre pas les crimes collectifs…
Le dossier Merbah n’est que l’une des séquences du combat sous-terrain opposant les deux clans qui se disputent le pouvoir. Jusqu’où iront ces escarmouches ? Bouteflika est un velléitaire. Il aime jouer sur les faiblesses ou les fragilités de ses adversaires mais il ne livre jamais des combats ouverts s’il n’a pas un sponsor. C’est ce qu’il avait fait en 1965 contre Ben Bella quand il avait pu s’abriter derrière Boumediène. Le DRS qui n’a plus les capacités dont disposaient naguère les services spéciaux algériens ne peut pas se permettre une opération chirurgicale pour faire place nette. Belayat vient de découvrir à ses dépens les effets de ces laborieux testings. La résultante probable de ces attaques risque de se conclure par une relaxe ou une condamnation symbolique pour Khellil et des concessions du chef de L’Etat sur la succession. Et ce sera reparti pour un tour.
Ali Graïchi