Jil Jadid lance son initiative pour une sortie de crise
Mots clés :Opposition, Pouvoir, Algerie, Présidentielle, Parti, Jil Jadid
Le parti Jil Jadid nous a fait parvenir le communiqué suivant.

1) La vacance de la Présidence de la République
Ce samedi 27 juillet 2013, cela fera exactement trois mois que le Président ne conduit plus les affaires du pays. Depuis le 27 avril, il est gravement malade. Après une longue absence du pays pour cause de soins, il est depuis le 16 juillet, de retour sur le territoire national, cependant, toujours en convalescence.
Les pouvoirs publics ont, dès le départ, menti sur la nature de l’affection de M. Bouteflika, évitant ainsi de révéler son véritable état de santé aux Algériens. Le communiqué de ses médecins, le 11 juin, avait révélé un AVC et des séquelles physiques, et les images retransmises lors de son retour au pays, ne laissent plus aucun doute quant à l’incapacité avérée du Président à continuer à assumer convenablement sa mission.
Au-delà de la dimension humaine du drame que vit M. Bouteflika, il reste tout de même qu’il est essentiel de mettre à l’abri le fonctionnement normal de l’Etat algérien. Il y va de la sauvegarde des fonctions vitales de la nation.
2) L’impossible article 88
Conscients des possibles défaillances humaines, les constitutions de tous les pays du monde prévoient des clauses permettant la continuité du fonctionnement de l’Etat en de telles circonstances. La Constitution algérienne, prévoit à cet effet, en son article 88, l’état d’empêchement temporaire pour 45 jours puis, en cas de non rémission, la vacance définitive et l’organisation d’élections dans les 60 jours.
Or, cela fait maintenant 90 jours que le Président est dans l’incapacité manifeste d’assumer ses fonctions, soit bien plus que la période d’empêchement temporaire légale mais le Conseil Constitutionnel ne semble pas s’en émouvoir. En réalité, "l’Etat de droit" est dans un tel délabrement, que les institutions de la République sont inaptes à assumer leurs missions.
Durant trois mandats, le Président Bouteflika a vidé de leurs substances toutes les institutions. Il a concentré l’ensemble des leviers de la décision politique. Aujourd’hui, comble du paradoxe, il n’y a plus que lui-même qui puisse se faire appliquer l’article 88, qui était prévu pour justement parer à l’indisponibilité du premier magistrat !
Ni l’armée, ni l’APN ni toute autre institution ne pourraient prendre l’initiative de l’application de l’article 88 tant que le Conseil Constitutionnel ne le veut pas ou ne le peut pas, ce qui revient au même. Plus grave encore, il faut avoir l’honnêteté d’admettre que le pays n’est pas préparé à affronter une élection présidentielle dans les 60 jours qui suivraient une éventuelle déclaration de vacance immédiate.
Le pays a été enfermé, depuis plusieurs années déjà, dans une logique de pouvoir personnel, empêchant ainsi le fonctionnement harmonieux de ses institutions et l’émergence d’une classe politique à la hauteur des enjeux actuels ; Bouteflika ayant pratiqué sciemment une désertification du champ politique, y compris au sein des partis du pouvoir qui le soutenaient.
Cette politique a un coût pour l’Algérie. Cela se traduit aujourd’hui par un appauvrissement du pays en hommes et femmes d’Etat, largement remplacés par une cour prédatrice plus prompte à soutenir aveuglément l’«homme fort» dans tous ses projets que de conduire une action politique saine et d’intérêt public.
Le résultat en est aujourd’hui cette paralysie du pays, ne pouvant mettre à exécution des dispositions constitutionnelles prévues pourtant à cet effet. L’article 88 devient inapplicable car l’institution qui en est responsable ne peut l’assumer mais également parce que le pays ne peut affronter immédiatement une élection aussi cruciale pour son avenir.
3) Attendre avril 2014 ? Une solution dangereuse
Le retour du Président de la République sur le territoire algérien a permis aux uns et aux autres, d’invoquer ou de se cacher derrière la pudeur, « les valeurs islamiques » ou l’incompétence en matière de médecine pour ne pas avoir à assumer une position claire et éviter de réclamer l’application de l’article 88. Pouvoir et opposition se retrouvent ainsi sur une même position d’intérêt. En fait, ils formulent tous, chacun pour ses propres raisons, l’espoir que l’élection se tienne à terme en avril 2014, de façon à leur permettre de se réorganiser ou de remettre de l’ordre dans leur parti avant d’affronter cette échéance capitale.
Se taire sur la réalité de l’incapacité effective du Président de la République à gérer le pays et fermer les yeux sur les risques d’une dégradation grave du fonctionnement de la République relèvent d’un égoïsme et d’une irresponsabilité inacceptables à tout point de vue. L’Algérie ne peut continuer ainsi sans un Président maître de lui-même et de ses décisions. Aucune personne sérieuse ne devrait accepter cette dérive qui peut s’avérer à tout moment très dangereuse pour la stabilité du pays.
4) La voie médiane
Une issue conforme à la Constitution et prenant en compte les contraintes objectives et les nécessités d’une mise en sécurité de l’Etat algérien doit être un objectif stratégique. Une élection présidentielle anticipée en décembre 2013 s’impose. Le délai imparti permettrait une préparation convenable tant des organisateurs que des futurs participants et par ailleurs, éviterait une trop longue vacance en gagnant 4 mois sur le terme du mandat. Cette solution est conforme à l’esprit et à la lettre de la Constitution, pour peu que le Président de la République se décide à annoncer et à convoquer le corps électoral de façon anticipée.
Abdelaziz Bouteflika ayant lui-même bénéficié de cette procédure pour arriver à la tête de l’Etat, il ne devrait pas logiquement et raisonnablement s’y opposer. S’évitant ainsi l’application de l’article 88, il permettrait également au pays de retrouver sa stabilité et sa sérénité et ouvrirait immédiatement l’initiative politique aux futurs candidats.
5) Conclusion
L’Algérie a fait de Monsieur Bouteflika un président de la République et l’a honoré. Elle attend de lui aujourd’hui qu’il soit à la hauteur de la confiance qu’elle a mise en lui et qu’il lui démontre sa gratitude en laissant le peuple s’exprimer souverainement et tranquillement sur la suite de son destin.
Par conséquent, Jil Jadid interpelle le Président de la république pour qu’il annonce de son propre chef, l’organisation d’élections anticipées dès la fin de cette année. Dès lors, il ouvrira le champ à une compétition électorale saine et régulière et préservera ainsi, la paix et la sécurité des Algériens.
Alger, le 27.07.2013
Soufiane Djilali
Président de Jil Jadid