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Sellal ne suit plus...médicalement le president, il n,est plus son medecin.

 

Un État informel : des institutions pour la forme

Par : Mustapha Hammouche

C’est sur le ton de la polémique que nos responsables sont en train de clôturer l’année politique. Ce qui, à ce niveau, exprime un grave déficit en arguments.
À des journalistes qui lui demandaient des nouvelles du Président, Sellal a rétorqué qu’il n’est pas son médecin. On s’en doutait. Mais c’est lui qui a commencé par nous rassurer. Enfin, juste après le professeur-sénateur Bougherbal, aujourd’hui drapé dans un curieux silence.
Ce qu’on ignorait, en revanche, c’est qu’un Premier ministre doit être médecin pour se préoccuper de l’état réel de la santé de son Président. En fait, c’est une obligation : c’est au premier de déclencher, le cas échéant, la mise en œuvre de l’article 88 de la Constitution, en informant le Conseil constitutionnel de l’éventuelle incapacité du Président. Mais cela, c’est la théorie !
L’on aura fait la preuve que le pays, tel qu’il fonctionne, peut fonctionner sans président.
Il a déjà fonctionné pendant de longs mois sans six ministres ; il a fonctionné sans directeur général des douanes, sans président-directeur général de Sonatrach, sans président-directeur général d’Air Algérie…
En un mot, nos dirigeants, pour faire marcher le pays, tel qu’il fonctionne, peuvent se passer de n’importe quelle institution. Ce qui revient au fait que son fonctionnement n’est pas de nature institutionnelle.
Même quand elles fonctionnent, ces institutions s’avèrent d’une improductivité affligeante. Avec un rythme d’une loi par session, l’APN illustre cette panne nationale. Son président, qui lui aussi a adopté le ton de la controverse en cette fin de saison, soutient que, contrairement à ce qui se dit d’eux, les députés ne sont pas des béni-oui-oui. Il faut dire qu’à l’allure où se fait le travail législatif, ils n’ont pas souvent l’occasion de dire oui ou non. Deux mois pour étudier la loi sur la profession d’avocat et Ould Khelifa s’en félicite comme d’un gage de sérieux.
“Ce n’est pas sérieux !” C’est Ould Kablia qui l’a déclaré à propos de certains dossiers d’agrément de partis qu’il a reçus ces derniers temps. Mais ils sont où les partis sérieux ?
À commencer par le parti unique, historique et ultra-majoritaire qui, outre qu’il se permet de dominer la vie politique nationale sans s’embarrasser d’un chef, d’un ordonnateur officiel, d’un signataire agréé, oblige l’Assemblée nationale à clôturer sa session et à partir en vacances sans bureau !
Les premières fournées de partis, livrées dans la précipitation, deux mois avant des élections législatives, c’était du sérieux ? Par quelles contributions à la vie et au développement politique du pays ont-ils démontré leur sérieux ? Bien sûr, il y a la fraude électorale. “Est-ce que ce monde est sérieux ?” chantait Francis Cabrel. Est-ce que ce monde (politique) est sérieux, en effet, quand on sait que c’est la fraude, institution informelle d’une redoutable efficacité, qui décide qu’un parti est sérieux ou badin ?
Mais le tout n’est-il pas que ça tourne quand même. Bien que l’on ne sache pas jusqu’à quand ça tournera. Et c’est peut-être pour cela que le régime n’arrive plus à cacher ses irritations quand il nous réprimande en croyant communiquer.


M. H.
musthammouche@yahoo.fr


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