
Cette séquence m’a bouleversé !
Je perçois le mal fou que se donne le président amaigri en peignoir pour donner le change ! Boire un café et même grignoter un biscuit devant la caméra. Ces gestes anodins censés démontrer que tout va bien, plombent un peu plus l’atmosphère factice et poignante de ce décor d’ailleurs.
Que le pouvoir est dur ! Avec ceux qui le subissent et avec ceux qui l’ont exercé et ne peuvent plus volontairement ou pas s’en défaire.
Montrer aux algériens et au monde entier, le spectacle d’un président malade qui tente de bouger les lèvres sans émettre le moindre son est à la fois dérisoire et humiliant pour tous.
Cette pitoyable et mauvaise scène jouée à l’étranger par les trois plus hautes personnalités de l’Etat algérien donne la mesure du danger dans lequel se trouvent la souveraineté et l’avenir du pays.
Tenter de convaincre que le président hospitalisé à l’étranger depuis plus de 47 jours est encore en mesure de suivre les affaires nationales et de donner des instructions est à la fois grotesque et significatif de l’impasse dans laquelle ce régime a abouti.
Ce président qui se voulait à part entière, qui centralise entre ses mains l’ensemble des pouvoirs, qui change les règles du jeu pour mieux verrouiller se retrouve aujourd’hui piégé pour n’avoir laissé aucune possibilité légale pour mettre fin, dans la dignité, à son mandat et permettre au pays d’être gouverné.
C’est dans un hôpital de France, face au monde entier, que le devenir de l’Algérie se déroule. C’est dans l’ancienne métropole que les représentants du pouvoir civil et militaire de l’ancienne colonie décident de ce qui sera imposé à un peuple indépendant depuis 1962.
Et c’est le but de cette mise en scène.
Exclus, non informés, les algériens deviennent les spectateurs à la télévision de leur avenir .Les décisions déjà prises ou à venir sont discutées ailleurs dans l’opacité la plus totale. Cette situation inédite, étrange et dangereuse n’est pas tenable.
Il ne reste plus qu’à souhaiter la fin de ce mauvais film et que près de quarante millions d’algériens cessent d’être considérés comme de simples figurants ! Faire que les aspirations légitimes d’ouverture et de vraie démocratie deviennent enfin réalité parce qu’il n’est nulle part écrit que les algériens ne deviennent un jour les acteurs de leur vie et que la démocratie en soit le scénario.
par Yasmina Fellagui
Docteur en Economie
professeur d,Universite