Par Hamid Grine![images.jpg]()
J'ai longtemps hésité avant d'écrire sur elle. Elle ou lui? Elle pour ses supérieurs; lui pour ses subalternes. Pourtant, je ne suis pas du troupeau de ses obligés à qui elle donne la carotte d'une main en caressant, de l'autre, avec son bâton, leur échine pour qu'ils n'oublient pas ce qu'ils lui doivent. J'hésitais à cause de sa nature de femme? Femme, elle? Femme, lui? Femme Oui, mais femme d'un style autre que celui qu'on connaît : elle appartient à la race des viriles endurcies de naissance sans les effets de la ménopause. Elle est née comme ça : virile comme certaines sont féminines, dure quand d'autres sont douces. Du temps de la pasionaria démocrate, c'était une qualité qu'on admirait. On disait qu'elle était de la trempe des moudjahidates. N'est-ce pas qu'Il fallait être de fer pour survivre aux terroristes et aux machos. Elle a survécu avec brio, devenant, un certain temps, la voix de l’Algérie démocrate à l'étranger. De l'Algerie debout. Et puis vint la paix. Vint l'heure des honneurs. Celle qui se disait en rébellion permanente s'est mise en rébellion mode veilleuse. Pour quel résultat? Pour finir dans le cimetière des illusions : le carré des ministres au lieu du carré des martyres. Je disais donc que j'hésitais à écrire sur elle. Je comprends maintenant pourquoi. J'étais dans un embarras de richesse. Oui, telle une anguille, Je ne savais par quel bout la prendre. Par le visage toujours en colère ? Même quand il se déride, les yeux restent ceux de Néron brulant Rome. Par les mots qu'elle malmène en les hachant, en les vociférant, en les cognant, en les crachant. Elle boxe ses interlocuteurs avec le verbe établissant toujours un rapport de force pour les faire plier. Et ils plient devant ce "roseau depensant". Même ses pairs, les ministres, n'échappent pas à cette forme de pugilat. Elle les méprise. Ils le lui rendent bien n'osant la critiquer qu'à voix basse. Dame, ils la connaissent sanguine la rouquine capable de les mettre bas avec son verbe d'artilleur. Mais tout cela ne serait que pipi de chat si au bout de 12 années de pouvoir sans partage elle aurait transfiguré le secteur de la culture. Faisons les comptes. Ils sont minces comme la Khalida d'avant la ministre : aucune salle de cinéma créée, aucun théâtre. Rien. Nada. Nechfa. Qu'a-t-elle fait alors? De grandes et belles choses : beaucoup de danses et beaucoup de chants dans des manifestations qui ont englouti l'équivalent de plus de 1000 salles de cinéma, de bibliothèque et de théâtre. C’est la culture olé ! Olé ! En fait, ce qu'elle a réussi de mieux, au bout de toutes ces années, c'est d’institutionnaliser la culture des paillettes et de la poudre aux yeux. C'est une belle réussite devant laquelle on s'incline. A défaut d'être un Jack Lang qu'elle admire tant, elle est arrivée à être Khalida Toumi au lieu de Messaoudi. Voilà ce que retiendra l’histoire : la ministre a changé de nom au lieu de changer la culture.
HG
hagrine@gmail.com
Liberté, 2 juin 2013
J'ai longtemps hésité avant d'écrire sur elle. Elle ou lui? Elle pour ses supérieurs; lui pour ses subalternes. Pourtant, je ne suis pas du troupeau de ses obligés à qui elle donne la carotte d'une main en caressant, de l'autre, avec son bâton, leur échine pour qu'ils n'oublient pas ce qu'ils lui doivent. J'hésitais à cause de sa nature de femme? Femme, elle? Femme, lui? Femme Oui, mais femme d'un style autre que celui qu'on connaît : elle appartient à la race des viriles endurcies de naissance sans les effets de la ménopause. Elle est née comme ça : virile comme certaines sont féminines, dure quand d'autres sont douces. Du temps de la pasionaria démocrate, c'était une qualité qu'on admirait. On disait qu'elle était de la trempe des moudjahidates. N'est-ce pas qu'Il fallait être de fer pour survivre aux terroristes et aux machos. Elle a survécu avec brio, devenant, un certain temps, la voix de l’Algérie démocrate à l'étranger. De l'Algerie debout. Et puis vint la paix. Vint l'heure des honneurs. Celle qui se disait en rébellion permanente s'est mise en rébellion mode veilleuse. Pour quel résultat? Pour finir dans le cimetière des illusions : le carré des ministres au lieu du carré des martyres. Je disais donc que j'hésitais à écrire sur elle. Je comprends maintenant pourquoi. J'étais dans un embarras de richesse. Oui, telle une anguille, Je ne savais par quel bout la prendre. Par le visage toujours en colère ? Même quand il se déride, les yeux restent ceux de Néron brulant Rome. Par les mots qu'elle malmène en les hachant, en les vociférant, en les cognant, en les crachant. Elle boxe ses interlocuteurs avec le verbe établissant toujours un rapport de force pour les faire plier. Et ils plient devant ce "roseau depensant". Même ses pairs, les ministres, n'échappent pas à cette forme de pugilat. Elle les méprise. Ils le lui rendent bien n'osant la critiquer qu'à voix basse. Dame, ils la connaissent sanguine la rouquine capable de les mettre bas avec son verbe d'artilleur. Mais tout cela ne serait que pipi de chat si au bout de 12 années de pouvoir sans partage elle aurait transfiguré le secteur de la culture. Faisons les comptes. Ils sont minces comme la Khalida d'avant la ministre : aucune salle de cinéma créée, aucun théâtre. Rien. Nada. Nechfa. Qu'a-t-elle fait alors? De grandes et belles choses : beaucoup de danses et beaucoup de chants dans des manifestations qui ont englouti l'équivalent de plus de 1000 salles de cinéma, de bibliothèque et de théâtre. C’est la culture olé ! Olé ! En fait, ce qu'elle a réussi de mieux, au bout de toutes ces années, c'est d’institutionnaliser la culture des paillettes et de la poudre aux yeux. C'est une belle réussite devant laquelle on s'incline. A défaut d'être un Jack Lang qu'elle admire tant, elle est arrivée à être Khalida Toumi au lieu de Messaoudi. Voilà ce que retiendra l’histoire : la ministre a changé de nom au lieu de changer la culture.
HG
hagrine@gmail.com
Liberté, 2 juin 2013